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Accueil du site > Actualités > Economie > Aux origines de la crise des subprimes

Aux origines de la crise des subprimes

Pour la première fois en 58 mois, les statistiques indiquent une contraction de l’économie américaine aux mois de janvier et février 2008. En fait, l’effondrement des marchés du crédit américain sont accompagnés d’une baisse sensible de la confiance des consommateurs, d’un chômage en progression et d’une dette américaine totale en pourcentage du PIB supérieure à 300 % du pays alors qu’elle se montait à 125 % en 1980 ! La crise immobilière allant crescendo, de plus en plus de banques risquent la faillite pure et simple eu égard aux nouvelles pertes subprimes qu’ils doivent continuellement porter à leurs bilans.

Le marché des obligations municipales américaines riche de 2,6 trillions de dollars semble être la prochaine victime et celui des dérivés, gigantesque car brassant des centaines de trillions de dollars, pourrait imploser à tout moment - du fait même de la substance de ces transactions sur dérivés se déroulant entre banques - si certaines institutions financières se trouvaient en cessation de paiement...

Ce cataclysme financier puise sa source au début des années 80 à partir de l’époque où la Réserve fédérale et l’organe de surveillance des marchés financiers (SEC) décrétant que, le marché ne pouvant se tromper, initièrent une dérégulation et une libéralisation à outrance des marchés et des intervenants. Quant à la problématique des subprimes à proprement parler, elle remonte à l’année 2000, soit dès lors que la célèbre agence de notation Standard & Poors émis une recommandation selon laquelle un prêt immobilier contracté en vue de payer la partie fonds propres du prêt immobilier principal ne présentait pas plus de risque de défaut de paiement que le prêt principal.

Cette position d’un institut dont la responsabilité est de confirmer ou de mettre en garde vis-à-vis de la bonne ou mauvaise tenue d’une entreprise encouragea dès lors les banques à assouplir les conditions de leurs prêts, les conduisant jusqu’à prêter sans aucun fonds propres ou à geler pendant quelques années l’amortissement du capital et le paiement des intérêts... Cette politique de prêts à outrance, combinée au laxisme du régulateur, pouvait dès ce moment laisser présager du pire. Alors que l’activité traditionnelle des banques consiste à emprunter à court terme pour prêter sur le long terme, elles transformèrent les prêts long terme (prêts immobiliers, prêts étudiants, prêts automobiles) en prêts à court terme. Ainsi, ces établissements se lancèrent-ils dans une alchimie subtile consistant à fusionner des prêts sur le long terme avant de les hacher en de plus petits instruments de crédit qui avaient toutes les caractéristiques d’obligations à court terme hormis leur rendement élevé... Ces instruments furent donc vendus à toute sorte d’investisseurs en mal de rendement dûment labellisés de la notation maximum AAA car les agences de rating ne tenaient compte que de la notation de la banque émettrice... Parmi ces investisseurs attirés par des titres AAA offrant, qui plus est, un rendement au-dessus de la moyenne figuraient fonds de pension et compagnies d’assurance, persuadés de l’aspect à la fois liquide et sécuritaire de l’instrument.

Cependant, quelle ne fut pas leur surprise dès lors que, l’implosion de la bulle immobilière aidant, ce nouveau genre de titres devint illiquide, voire sans valeur ! En fait, comme nul ne connaissait la vraie valeur de ces titres, nul n’était plus enclin à les acheter et, de proche en proche, la crise de confiance contamina l’ensemble des marchés du crédit. Quelles furent les mesures prises par la Réserve fédérale afin d’éviter une crise majeure ? Difficile de comprendre en effet Alan Greenspan, alors président de la Fed et inquiet de l’éclatement potentiel des bulles immobilières et boursières, encourager en 2003 et 2004 les emprunteurs à opter pour des prêts à taux variable dans un contexte où les taux d’intérêt, au plus bas depuis trente ans, ne pouvaient que monter...

Par ailleurs, comment comprendre le nouveau président Bernanke qui professait vers fin 2006 que les prix immobiliers élevés n’étaient que le reflet d’une économie solide ? L’Histoire se souviendra que les autorités financières américaines n’ont rien entrepris pour décourager une pyramide de l’endettement qui s’effondre depuis l’été dernier. En fait, il est intéressant de considérer l’endettement global de la nation américaine, c’est-à-dire en cumulant l’endettement des sociétés, des institutions financières, de l’Etat et des privés, afin de le comparer à la richesse de l’économie du pays.

Ce ratio de l’endettement total, s’étant maintenu autour de 1,2 fois le PIB pendant des décennies, a subitement commencé à grimper au début des années 80, pour faire une pause vers le milieu des années 90, avant de s’établir à 3,1 fois le PIB aujourd’hui. Ainsi, constate-t-on une envolée de près de 200 % de l’endettement global américain comparé à leur PIB en un peu plus de vingt ans ! En fait, ce sont tout simplement les réductions d’impôts massives combinées à des dépenses publiques toujours plus élevées et à une politique de dérégulation excessive sous l’ère Reagan et des administrations républicaines lui ayant succédé qui ont engendré cette bulle du crédit sans précédent.

En effet, l’origine de la crise des subprimes remonte aux années Reagan, considéré par Wall Street en son temps comme le sauveur du capitalisme américain. Pourtant, l’administration Clinton avait réussi, à l’issu de huit ans de présidence, à transformer le déficit budgétaire de 135 milliards de dollars laissé par Bush père en un excédent budgétaire de 526 milliards... Prenant acte de cette réduction de la dette nationale, les marchés boursiers avaient réagi avec euphorie en s’appréciant de 240 %. De plus, la discipline fiscale du gouvernement avait encouragé un afflux de capitaux vers les Etats-Unis aboutissant à un raffermissement de plus de 20 % du dollar... jusqu’à George W. Bush qui franchit alors un nouveau degré d’irresponsabilité fiscale et budgétaire dont l’ampleur dépassait celle des années Reagan. La crise des subprimes a été projetée sur le devant de la scène et les autorités monétaires américaines font mine de maîtriser la situation grâce à la baguette magique des baisses de taux d’intérêt !

C’est pourtant une erreur que de ne considérer que le problème des subprimes quand on se rend compte que la croissance de l’économie américaine s’est en grande partie construite sur un socle de dérivés spéculatifs du crédit estimés à 35 milliards de dollars, soit le double de la valorisation de toute l’économie du pays. La crise subprime pourrait bien n’être que la partie émergée de l’iceberg.


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42 réactions à cet article    


  • monteno 11 mars 2008 10:29

    35 Milliards de Dollars c’est une toute petite somme ! Tu dois te tromper de qq ordres de grandeur, ce qui ds ce genre d’affaire nuit terriblement à ta crédibilité....Dommage !

     


    • Michel Santi Michel Santi 11 mars 2008 12:35

      Mea culpa, le montant total est à lire en Trillions et non en Milliards. Désolé pour l’erreur.


    • Alpo47 Alpo47 11 mars 2008 10:35

      L’économie américaine est au bord du gouffre, notamment donc au travers des "errements" de son système bancaire.

      Voici une analyse inquiétante : http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1806

      Un effondrement, aurait certainement des conséquences notables sur les autres économies. Dans quelle proportion, "That is the question".


      • Forest Ent Forest Ent 11 mars 2008 12:27

        Comme d’habitude pour cet excellent auteur, c’est bien vu.

        Quelques erreurs. L’administration Clinton a redressé les finances publiques ... en multipliant la création monétaire, il ne faut pas croire tout ce que dit Stiglitz qui a bien péché à l’époque. Et les dérivés ne sont bien sûr pas de 35 B$ aux US, mais de 50 000 T$ sur la planète. Une coquille...

        Cela dit, l’auteur ne signale pas un point majeur que je m’acharne en vain à mettre ici en évidence depuis un an, mais qui commence à se manifester ces derniers jours chez Blackstone, Carlyle et d’autres : la bulle de crédit concerne massivement les entreprises, et en particulier les LBO.

        Les hedge funds sont leveragés à plus de 30. De plus, les LBO réduisent au maximum la trésorerie des entreprises et les exposent massivement à des chocs de trésorerie et au risque de taux.

        Ce n’est à mon avis pas pour une simple question de "succession" que Blackstone s’est vendue aux chinois en 2007 et Carlyle au Golfe Persique : c’était la préparation du sauve-qui-peut.

        Nous constatons progressivement l’engrenage qui à partir du symptôme immobilier va conduire à l’effondremement du système financier international. Je n’écris pas cela par goût du catastrophisme, car ça va être très très mauvais pour tout le monde. Et je suis effaré de relire tous les "experts" qui nous assuraient ici il y a un an que tout allait bien.


        • FrihD FrihD 12 mars 2008 00:01

          Toujours un plaisir de lire tes interventions. Je pense également que les capitaux qui se cassent/cachent sont une grande cause du problème, que les LBO parasitent et sucent à la moelle les entreprises, passe encore, mais l’argent devrait revenir quelque part, et, avec un peu de chance, retransiter.

          Je me posais la question sur comment remettre un peu "d’entropie", et j’ai deux scénarios extrêmes :

          - une déclaration de guerre contre un ou des paradis fiscaux (peu probables vu qu’il doit y avoir pas mal de copinages chez les décideurs), avec un risque d’embrasement mondial, ça pourrait faire un bouquin qui vend bien.

          - une révolution monétaire, c’est à dire que plus personne ne faisant confiance aux monnaies officielles, on adopte une nouvelle monnaie, avec les risques de retour à l’âge de pierre (tout du moins dans nos contrées "civilisées" ça y ressemblerait), de scissions et désaccords majeurs ent re les peuples. Si le système financier ce casse la gueule, ça ne semble pas si improbable.

          Enfin j’ai un dernier scénario, plus plausible vu notre société

          - peut-être qu’on essaye d’enfumer au maximum les gens pour que le second scenario ne se produise pas, rien ne ce sera passé, la vie sera juste plus dure, sans raison apparente. Il faudra juste un guide (dernier carré de convoitise) qui nous dise de ne pas s’inquiéter, que tout est prévu pour l’avenir.

          Le plus dérangeant dans mon questionnement, c’est que mes appréhensions m’indiquent qu’on se dirige vers la dernière solution (que ce soit par défaut ou par préférence) : on se voile la face, on se dit que c’est un mauvais moment et tout repartira mieux. Je me méfie toujours de ce que la peur peu me dicter. J’sais que t’es une plus vieille "branche" que moi, qu’en penses-tu ? Allez, pour nous remonter le moral, j’ai qu’à me dire que c’est l’heure et la fatigue qui font ça.


        • Michel Santi Michel Santi 12 mars 2008 09:12

          D’accord avec ton dernier scénario, la majorité fera des sacrifices, courbera l’échine, une minorité deviendra encore plus riche et...l’on passera à autre chose !


        • Forest Ent Forest Ent 12 mars 2008 12:46

          Oui, c’est un classique : tout le monde sera mis à contribution pour éponger les fuites. Nationaliser les pertes. La seule question est de savoir comment en pratique.


        • gnarf 11 mars 2008 15:00

          Cet article est absolument partial, et donc mensonger.

          Vous passez volontairement sous silence les lois anti-discriminations passees aux USA. Les politiques ont demande des etudes, qui ont demontre que les differentes communautes (noire,hispanique) etaient inegales devant l’acces aux prets.

          Suite a cela, des lois ont ete passees INTERDISANT aux banques de refuser un pret aux personnes defavorisees. C’est a cause de ces lois qu’une veritable course s’est deroulee entre banques, pour donner des credits sans aucune verification. Les banques ont reconnu par la suite que pour rendre l’acces aux prets plus facile conformement aux directives du gouvernement, elles ont du assouplir leur propre reglementation interne.

          Cette crise n’a rien a voir avec un probleme de dereglementation. C’est un exemple typique d’intervention nefaste de l’Etat, qui a demande aux banques de cesser de respecter leur propre reglementation interne.

          Sans reglementation, une banque n’accorde un pret que si le risque est tolerable, et a un taux interessant pour elle. Pour la simple raison que si elle ne fait autrement, elle met sa survie en jeu.

          Quand des banques donnent des prets sans verification a des personnes non-solvables et des taux tres bas, c’est a cause d’une intervention de l’Etat, d’une reglementation delirante.

          La crise des subprimes est un exemple type de reglementation nefaste, entrainant un effet boule de neige. Mettre ca sur le dos du liberalisme ou de la dereglementation est un mensonge. Le Luxembourg est un pays bien plus liberal que les USA...et pourtant les banques ne donnent pas des prets delirants comme aux USA.


          • Forest Ent Forest Ent 11 mars 2008 16:34

            Totalement faux.

            D’abord, cette loi a 20 ans et n’a jamais eu d’effet significatif avant 2004. La plupart des subprimes et alt-A toxiques datent de 2005 et 2006.

            Ensuite cette loi n’a obligé personne à prêter, bien au contraire.

            Enfin, ça n’expliquerait pas que l’on constate aussi une bulle de crédit dans les dettes municipales et celles des entreprises.


          • gnarf 12 mars 2008 09:39

            Ca n’est pas vrai. Vous traitez votre sujet avec enormement de legerete.

            En 1989, des membres du Congrès firent adopter le Home Mortgage Disclosure Act, amendé pour obliger les banques à collecter des données raciales concernant les emprunteurs potentiels.

            Une étude de la Réserve Fédérale de Boston qui fait date a conclu en 1992 que les discriminations concernant les prêts hypothécaires étaient systématiques.

            En 1995, un renforcement du Community Reinvestment Act (CRA) a imposé aux banques de trouver des moyens de fournir des prêts hypothécaires aux membres des communautés les plus pauvres. Cela a aussi permis aux membres de ces communautés d’intervenir lors de l’examen annuel des banques. Donc la loi date de 1995, pas du tout d’il y a 20 ans...

            Un rapport enthousiaste de la Fannie Mae Foundation a choisi de distinguer un cas de prêteur non-discriminant, qui travaillait avec les communautés et appliquait « les critères d’attribution de crédit les plus flexibles ». L’engagement de ce prêteur envers les bas revenus était de 1 milliard de dollars en 1992, et avait crû à 80 milliards en 1999 et à 600 milliards en 2003.

            Ce preteur non-discriminant celebre par l’intelligensia etait Countrywide, l’acteur le plus implique dans les subprime.

            Scandaleuse partialite. Passer sous silence complet le role des politiques dans cette histoire, c’est garder un seul oeil ouvert. Mais bon vous avez certainement, comme nombre d’intervenants sur agoravox, des theories anti-liberales a pousser a tout prix.

             

            Ceci vient d’un article paru dans le new york post qui recapitule les liens entre crise du subprime et politique anti-discrimination :

            http://www.nypost.com/seven/02052008/postopinion/opedcolumnists/the_real_sc andal_243911.htm

            L’auteur de cet article a averti en 1998 que ces politiques etaient dangereuses :

            "Quand l’idéal réconfortant et flou des ’critères flexibles d’attribution de crédit’ disparaîtra, nous découvrirons peut-être qu’il ne sont ni plus ni moins que des critères conduisant à de mauvais prêts. [...] De telles politiques n’auront pas rendu service à leurs bénéficiaires supposés, si ceux-ci se trouvent dépossédés de leurs logements ». J’ai écrit cela avec Ted Day en 1998, dans un article académique."


          • Forest Ent Forest Ent 12 mars 2008 12:28

            La CRA n’a jamais dit qu’il fallait baisser les ratios de solvabilité, mais prêter aux noirs dans les mêmes conditions de prix et solvabilité qu’aux blancs.

            Il est vrai que l’enfer est pavé de bonnes intentions, mais en l’occurrence les banques ne se sont pas fait violer, parce que la CRA n’était pas contraignante.

            Et ce n’est pas par hasard que les prêts subprimes se sont envolés en 2004.


          • Roland Verhille Roland Verhille 11 mars 2008 15:06

            Encore merci à l’auteur.

            Dans toutes ces publications et discussions, il semblerait que ces montagnes de "pertes", d’argent perdu, soient sans contrepartie, sans argent gagné d’autre part. Pourtant, ce qui est perdu par les uns est gagné par d’autres.

            Dans toutes ces analyse, il manque la recherche du sort final de ces gains et pertes, et de leur effet sur l’économie dans son ensemble.

            Quel auteur s’y aventurera ?

             


            • Forest Ent Forest Ent 11 mars 2008 16:37

              Bonne remarque.

              C’est effectivement ardu à chiffrer sérieusement pour en faire une démonstration imparable, mais c’est sur le fond assez simple : le mécanisme de base de toute cette histoire est une augmentation des inégalités.


            • Tzecoatl Tzecoatl 11 mars 2008 19:37

              @Roland Verhille :

              "Dans toutes ces publications et discussions, il semblerait que ces montagnes de "pertes", d’argent perdu, soient sans contrepartie, sans argent gagné d’autre part. Pourtant, ce qui est perdu par les uns est gagné par d’autres."

              C’est une bonne remarque dans un premier temps, mais limité.

              Les bénéficiaires à première vue de l’accroissement de l’endettement américain (de 125% en 1980 à 300% aujourd’hui selon l’auteur) sontt ceux qui ont exporté vers les US. Mais aujourd’hui, ils subissent de plein fouet la dévalorisation du dollar. Une monnaie qui régente 87% des transactions mondiales et perd 30% de sa valeur en 1 an n’est pas anodin.

              Les marchés financiers (et l’état US) sont sanctionnés car ils ont créés trop de monnaie, trop de dettes qui ne correspondaient pas à une réelle création de valeur : ses partenaires économiques se trouvent également lésés.

              Il est possible cependant qu’il y est de réels bénéficiaires de la crise actuelle, les investisseurs se réfugiant sur les matières premières.

               


            • Forest Ent Forest Ent 11 mars 2008 22:24

              Les dollars fabriqués en grand nombre n’ont pas servi aux banques US qu’à prêter aux consommateurs US pour qu’ils achètent des produits chinois.

              Ils ont servi à prêter à des hedge funds pour qu’ils rachètent des entreprises européennes à prix relativement bas (vus aujourd’hui).

              Ils ont permis aux banques de prendre le contrôle des entreprises et d’y agir pour leurs seuls intérêts, d’y augmenter les revenus du capital (en diminuant ceux du travail).

              Ils ont servi à l’état US à faire de grandes dépenses, en particulier militaires, qui n’ont pas été perdues pour tout le monde aux US (et en Irak).

              Les facilités de crédit ont maintenu la valeur d’actifs, que ceux qui avaient compris la combine ont ainsi pu solder à bon prix. L’Europe par exemple a ainsi beaucoup investi dans les actions et la pierre US. La pierre US a été surcotée d’environ 100%, comme la pierre parisienne aujourd’hui. Ca n’a pas été perdu pour tout le monde.

              Elles ont aussi permis pendant un certain temps une superbe rentabilité des placements financiers, dont a profité la corporation toute entière.

              Le jeu n’est pas à somme nulle : à chaque transaction, un établisement financier gagne quelque chose. Plus vous vous trouvez bas dans l’écosystème financier, moins vous pouvez en profiter. Seuls les plébéiens dont le seul rôle dans le système était de s’endetter pour acheter ont perdu sur tous les tableaux : biens sans valeur achetés cher, crédits à taux usuraire et revenus en berne.


            • Roland Verhille Roland Verhille 12 mars 2008 09:13

              Ce qui est certain, c’est que les liquidités perdues par les uns sont gagnées par les autres. Tous les commentateurs, même professionnels, centrent leurs analyses sur les liquidités perdues. Il y aurait de ce fait "crise de liquidités". Il y aurait à cause de cela risque de récession, faute d’alimentation en liquidités des entreprises qui investissent et des particuliers qui consomment.

              Notre information sur ces politiques monétaires et sur les agissements des banques commerciales comme des banques centrales est brimée, car personne ne nous explique ni démontre où sont passées les liquidité gagnées en conséquence de celles perdues. Au cas où ce serait le marché interbancaire qui se serait enrayé par perte de confiance des banques les unes envers les autres, alors, il y a logées dans certaines de ces banques les liquidités gagnées. Si elles ne sont pas utilisées par ces banques, elles se trouvent logées à la banque centrale. Pour l’intant, j’arrête là mon jeu de piste, pour laisser place aux autres.

              Il me semble que toutes ces opérations sont à somme nulle abstraction faite des actions des banques centrales. J’aimerais que l’on éclaire ma lanterne !


            • Michel Santi Michel Santi 12 mars 2008 09:28

              Non hélas ces opérations ne sont pas à somme nulle, c’est réellement de l’argent qui part "en fumée".

              D’abord, la crise du crédit implique que les banques rechignent même à se prêter entre elles" ! D’où l’intervention de la Fed pour les motiver à reprendre le crédit entre banques dont la diminution paralysait l’économie...

               

              Mais celà n’a rien à voir avec l’argent qui se volatilise. Pour comprendre ce phénomène, je prends un exemple : Admettons que Mr. X ait acheté des titres en bourse a 100 Euros et qu’après 6 mois, ces actions valent 300 Euros. Sans vendre ces titres, il sollicite un prêt auprès de sa banque en garantissant ses titres, un prêt de 200 Euros. Or, en cas de crack, ces actions ne valant plus que 70 Euros, il s’ensuivra que Mr. X aura contracté un crédit sur base de titres ne couvrant à peine le tiers de son crédit ! OU : sans contracter de crédit, Mr. X dépensera plus de son épargne car son "sentiment de richesse " lui aura permis d’être dépensier vu la hausse de ses titres... 


            • Tzecoatl Tzecoatl 12 mars 2008 10:23

              @Roland Verhille :

              L’éclatement d’une bulle est marquée par le fait que tout ce qui est lié à cette bulle perd de sa valeur. Ceux qui s’enrichissent relativement à ces dépréciations sont ceux qui n’étaient pas impliqués dans cette bulle.

              L’impression de richesse dont se pamaient les acteurs de la bulle n’était qu’une illusion. Comme le dit Forest Ent, les gagnants sont ceux qui ont tirés leurs marrons du feu avant le retour à plus de réalisme . Cependant, l’éclatement d’une bulle a des répercussions sur tout le monde, le retour à la normale étant un phénomène encore relativement mal géré (mais certainement mieux qu’en 29). Les actifs et les monnaies perdant globalement de la valeur, rares sont les gagnants.

              Pose toi la question : qui a été le gagnant en 29 ? A peu près personne (sauf ceux qui avaient les moyens d’acheter des entreprises à bas coût et de relancer l’activité, ce qui n’était pas évident à l’époque).

              Il n’y a pas de complot et d’après moi, il n’y a pas une classe d’acteurs économiques qui est le grand gagnant.

              Disons qu’il y a un secteur gagnant, c’est celui des matières premières, mais c’est aussi pour d’autres raisons (rareté) que de servir de valeur refuge à tout ceux qui fuient l’immobilier ou la bourse.

               


            • Roland Verhille Roland Verhille 12 mars 2008 11:40

              Un grand merci à l’auteur pour son soucis de bien et complètement informer. Ah, s’il voulait bien mettre en œuvre son expertise pour aller au bout de l’analyse !

              Car il me semble avoir répondu avec précipitation, sans avoir bien analysé les tenants et aboutissants de ces jongleries monétaires.

              Première chose : vu pour les banques ayant perdu leur confiance réciproque, celles « liquides » ne voulant plus prêter leurs liquidités à celles qui en manquent. Mais ces liquidités (de la monnaie leur appartenant logée en banque centrale) ne sont pas perdues, elles existent matériellement inscrites dans les comptes des banques centrales au nom des banques les y ayant logées. Tant que la Banque centrale se limite à mettre de l’huile dans les rouages bancaires en prenant elle-même le risque que les banques refusent de prendre, mais seulement dans les limites des liquidités déposées chez elles, il n’y a pas création de liquidités ex nihilo, il n’y a pas d’effet sur le fonctionnement de l’économie autre que le maintien de son cours.

              Deuxième chose, la monnaie qui se volatilise. Vous commettez me semble-t-il une erreur, la monnaie ne se volatilise pas à l’occasion des opérations examinées. Dans l’exemple, Mr. X  a bien reçu de sa banque qui les lui a prêtés 200 €, qu’il a dépensés et qui sont donc entrés dans le circuit de l’économie. Que ses titres en bourse achetés pour 100 € et conservés soient cotés à l’instant en bourse 70 € ne lui occasionne aucune perte de monnaie à cet instant là. Il en perdra s’il les vend 70 € et rembourse son crédit, mais ces 30 € perdus sont dans les caisses de celui qui a encaissé les 100 € lui ayant vendu son « papier ».

              Merci donc de bien vouloir compléter l’analyse, et relever au besoin là où je me trompe.


            • Roland Verhille Roland Verhille 12 mars 2008 11:48

              à Tzecoati :

              Vous prenez en compte ce qui se passe dans le fonctionnement de l’économie après les opérations dont on discute.

              Là, même en cas de récession, et d’effondrement de la cotation des actifs, il faut se demander s’il y a des liquidités perdues, "volatilisées", ou non. Des liquidités sont perdues en ce sens que des actifs vendus procurent moins de monnaie qu’auparavant. Mais je ne vois pas qu’il y ait de la monnaie volatilisée, à moins que les gens ne se mettent à mettre le feu à leurs billets de banque.

              Je me trompe ?


            • Michel Santi Michel Santi 12 mars 2008 12:14

              Merci de votre contribution.

              Réponse à votre 1ère remarque : les banques ne disposent plus que de très peu de liquidités puisqu’une partie importante a été prêtée à des débiteurs subprimes en cessation de paiement ET puisqu’elles ont dû faire appel aux fonds étrangers ( souverains ) pour les renflouer. Il y a donc vraiment une crise de liquidités.

              Réponse à votre 2ème remarque : Certes, le produit de son crédit aura été injecté sur l’économie réelle, mais il y a de celà quelesques mois ou années...,En attendant, la banque exercera sa garantie car les titres baissent et le débiteur sera en cessation de paiement, devra brader son auto pour rembourser une partie du crédit...Je pense qu’il faut considérer les choses ainsi : Lorsqu’il y a "bulle", les actions montent sans justification aucune. Si aucune exploitation n’est faite par leur titulaire ( crédit, dépenses de l’épargne ) et qu’elles rebaissent : Pas de dégâts ! MAIS si le titulaire pompe d’une façon ou d’une autre sur cette valorisation et que ces titres chutent, ce sera de l’argent qui sera parti en fumée...Le concept peut sembler nébuleux mais toujours avoir à l’esprit ce fameux "sentiment de richesse " qui provoque le comportement du consommateur.

              Cordialement. 


            • Forest Ent Forest Ent 12 mars 2008 12:42

              Qui a profité de 1929 ? Ce sont ceux qui ont bénéficié de la bulle technologique entre 1914 et 1928 et ceux qui ont recyclé leur capital dans les utilities au bon moment. Dans les années 1930, la dépression a provoqué une concentration qui n’a pas été néfaste pour les cartels d’utilities.

              Une bulle monétaire peut sembler en premier abord la disparition d’une richesse virtuelle, mais elle a permis au passage le prélèvement d’une dîme réelle non négligeable en "frais de gestion". Regardez par exemple l’histoire de Vivendi Universal autour de 2000 : cette boîte a payé dans un premier temps plus de 100 M€ de frais pour acheter des milliards d’actifs, puis ensuite autant pour les revendre. Dans la bulle de 2001, les banques ont gagné sur tous les tableaux : en capitalisant des boîtes vides, en les revendant aussitôt, et en touchant leur com à toutes les étapes.


            • Roland Verhille Roland Verhille 12 mars 2008 14:37

              Encore merci.

              Oui, je comprends bien le sentiment de richesse.

              Mais ce qui est trop généralement obscur ou mal compris, c’est cette question de la monnaie, sa création, sa circulation, sa destruction. D’où mon insistance pour aller au bout de l’analyse.

              En ce moment, il est beaucoup question de liquidités, de monnaie, de crédit, le tout un peu trop allègrement mélangé. Dans mon intervention sous cet article, je distingue monnaie et liquidités.

              La monnaie, c’est celle étatique, euros, dollars etc. Cette monnaie irrigue l’économie d’échange dont elle est l’instrument, comme le sang irrigue le corps des vivants. Elle est créée par les banques centrales qui en ont le monopole. En est-il créé de trop, ou pas assez, ou juste ce qu’il faut ? Avec quelles conséquences pour le fonctionnement de l’économie. En réduit-on la quantité ? Tout cela me semble très nébuleux dans l’esprit des gens, y compris les journalistes. Pour ce qui est de la réduction des quantités de monnaie, mon intervention présente consiste à soutenir, jusqu’à preuve de mon erreur, que les opérations spéculatives s’opèrent à somme nulle, qu’il n’y a pas à cette occasion de monnaie qui s’évapore. Je soutiens, provisoirement, que seules les banques centrales qui créent cette monnaie ont les moyens d’en détruire, sauf cas des gens brûlant leurs billets de banque.

              Les liquidités, celles qui le sont vraiment et aussi longtemps quelles le sont, sont un équivalent de la monnaie étatique. Elles sont instruments privés d’échange. Mais la quantité de ces liquidités là est fonction d’éléments subjectifs, de leur valeur à laquelle les gens croient. Ces liquidités là, oui, sont une création privée et sont sujettes à destruction (évaporation) privée. C’est là qu’intervient l’effet de richesse dans les comportements individuels. Avec quelles conséquences au regard de la masse de monnaie étatique ?

              Je crains que dans votre réplique bien venue, vous ne distinguiez pas suffisamment clairement ces deux choses.

              Merci de me dire si je suis dans l’erreur.

               

               


            • Michel Santi Michel Santi 12 mars 2008 14:44

              Permettez-moi de vous répondre le week end prochain...Surcharge de travail.

              Merci ! 


            • SciFi SciFi 12 mars 2008 16:21

              @Rolland Verhille

              Vous avez raison d’insister sur ce problème de monnaie, le sujet restant souvent flou.

              Je partage votre point de vue : l’argent n’est pas parti en fumée. Je vais prendre un exemple simple sans recours au subprime pour étayer ce que je dis.

              Un particulier P1 achète un bien immobilier à P2 pour une somme X. P1 emprunte la somme à une banque B à un taux t et P2 reçoit X.

              Supposons que P1 soit en cessation de paiement et que, le marché immobilier baissant, le bien ne vaille plus que X/2 pour simplifier. Dans ce cas, B met en vente le bien à X/2 au maximum.

              Au final, on a : P1 qui doit toujours de l’argent (X/2 plus les intérêts sur cette somme) et B qui n’est pas rentré dans ses fonds et qui a un problème de liquidité. En revanche, la somme X existe toujours dans l’économie : elle est détenue par P2.

              Je ne vois pas en quoi la titrisation des créances changerait la donne concernant la somme globalement présente. La crise de liquidité provient de l’immobilisation des fonds d’une part et du questionnement sur la solvabilité des organismes. L’an dernier, on nous disait qu’en février 2008 l’exposition des banques aux subprimes serait connue. On nous dit aujourd’hui que ces mêmes établissements pourraient annoncer dans les mois à venir d’autres dépréciations. La crise s’est amplifiée aussi en jetant le doute sur toutes les formes de titrisation de créances, celles des entreprises par exemple.

              La titrisation a permis d’effectuer ce genre d’opérations à grande échelle, les acheteurs des titres pensant que le risque était suffisamment réparti. Il faut aussi dire qu’il existait une demande d’investissement rentables de la part des fonds en raison de l’excédent de liquidités provenant par exemple de la hausse du pétrole.

              Les acheteurs P1 en l’occurrence étaient des gens habituellement mal notés (clientèle subprime par rapport à la clientèle prime) et donc à risque. Les financements proposés étaient ainsi mieux rémunérés pour les investisseurs que des financements sur la clientèle prime. De plus, il y a eu deux types de comportements qui on aggravé la crise : d’une part, le maquillage de la situation réelle de certains emprunteurs risqués et d’autre part des propositions de prêts attrayantes dans les premières années, mais assorties d’une forte hausse des taux ensuite.

               


            • Tzecoatl Tzecoatl 13 mars 2008 00:11

              @Roland Verhille :

              Il existe deux monnaies :

              la monnaie centrale, émise par les banques centrales (ce que les medias appellent liquidités), sert à alimenter le marché interbancaire. La banque centrale a le droit d’émission et de destruction dessus.

              Un lien :

              http://www.chomage-et-monnaie.org/Cadre_Liste_fiches.html

              La détention de cette monnaie permet aux banques secondaires d’émettre et de prêter la monnaie scripturale (celle que vous avez sur votre compte). Le jeu n’est pas exactement à somme nulle, du fait du rôle des banques secondaires (ou commerciales) dans la création/destruction de monnaie. Cependant, un prêt non honoré vaut destruction monétaire, et est passé en pertes par la banque.

              Rendez-vous en 2009 pour constater que la masse monétaire (M3, émis trimestriellement par la BCE) euro ou dollar n’aura pas baissé, mais aura augmenté de 5-10% environ.

              Il n’existe plus de monnaie étatique (banque de France prêtant à l’état à taux zéro, du fait de l’art 104 du traité de Maastricht).

               

               


            • Michel Santi Michel Santi 14 mars 2008 16:13

              Pour répondre à votre remarque suivante :

              "mon intervention présente consiste à soutenir, jusqu’à preuve de mon erreur, que les opérations spéculatives s’opèrent à somme nulle, qu’il n’y a pas à cette occasion de monnaie qui s’évapore. Je soutiens, provisoirement, que seules les banques centrales qui créent cette monnaie ont les moyens d’en détruire, sauf cas des gens brûlant leurs billets de banque."

              je persiste à penser qu’il y a bel et bien destruction de richesse par le marché dès lors qu’une action s’effondre par exemple de 1’000 à 200 si Monsieur X s’est par exemple endetté lorsqu’elle était à 1’000 pour voyager ou pour s’acheter des biens de consommation...certes je comprends votre position mais mon point de vue "intuitif" est que Monsieur X s’est de toute façon appauvri du fait de ce crack. Certes, l’argent a été injecté dans l’économie mais, dès lors que Monsieur X devra rembourser un crédit supérieur à ses avoirs, pour solde - y compris la somme injectée dans l’économie, la résultante sera négative...

               

              C’est moi qui me semble nébuleux y compris à moi-même mais je vais encore y réfléchir !

               

              Cordialement. 


            • Roland Verhille Roland Verhille 15 mars 2008 16:34

              Oui, il vous faut encore réfléchir.

              Dans cette discussion, il n’est pas question de la richesse d’un individu déterminé qui diminue lorsque son investissement dans des actions se révèle être perdant. Il est question de la quantité de monnaie dans laquelle l’économie baigne. A supposer que les actions de cet individu soient tombées à valeur nulle, il a certes perdu la monnaie sortie de son compte en banque pour être remise à celui auquel il les a achetées. Mais ce vendeur n’a pas perdu cette monnaie, elle existe toujours dans les circuits de l’économie.

              Il semble certain que tout ce qui est pertes et gains encourus dans des activités spéculatives est à somme nulle.

              L’intérêt de cette question n’est pas de savoir qui a tort ou raison. Il est de remarquer la déficience de l’information fournie par la plupart de ceux qui commentent la crise des subprime. Ils nous expliquent l’effet catastrophique sur les activités économiques de ces pertes monétaires, ils nous disent que les banques sont asséchées, sans nous dire ce qu’est devenue cette monnaie perdue certes par les uns, mais seulement passée dans la poche des autres.

               



            • SciFi SciFi 11 mars 2008 16:55

              Merci à l’auteur pour cet article sur cette crise que je ne connaissais finalement que sur ses derniers effets et pas sur ses causes profondes. Je pensais que les banques étaient les principales responsables, mais votre article met en évidence que les responsabilités sont plus graves, puisqu’elles impliquent les organismes de régulation de l’économie américaine.

              On en revient toujours à la même source de problème : lorsque l’on abandonne les fondamentaux, les règles de bon sens qui servent de base au système, on se prend toujours le revers de la médaille dans la figure.

              Comme le dit le commentaire de Forest plus haut, beaucoup "d’experts" économiques disaient que tout allait bien l’an dernier, jusqu’à récemment. Certains continuent d’ailleurs, tel Marc Touati interviewé sur Boursorama le 29/02/2008 : "Mon scénario global est simple : cette crise ne dégénèrera pas en récession mondiale ni en risque systémique.[...]je confirme ma prévision d’une croissance américaine qui, après un premier trimestre 2008 difficile, connaîtra une reprise."

               


              • Roland Verhille Roland Verhille 13 mars 2008 11:32

                 

                À SciFi

                Merci, vous avez dit plus clairement que moi ce que je voulais expliquer.

                À Tzecoati

                « Il n’existe plus de monnaie étatique » dites vous. Mais l’euro en est une, puisqu’il est dit par chacun des états de la zone euro être le moyen de se libérer d’une dette d’une somme d’argent, sans possibilité légale pour le créancier d’exiger autre chose du débiteur pour s’en libérer (pouvoir libératoire). Mais fuyons les querelles de mots.

                Masse monétaire (M3) : Mais oui, elle augmente, et au-delà des besoins de l’économie ; elle alimente les spéculations. C’est le pourquoi de ma protestation.

                Oui, la banque centrale a pouvoir de la création et de la destruction de la monnaie étatique.

                Vous me répliquez que les banques secondaires l’ont aussi, et que là, il n’y a pas somme nulle. Ce n’est vrai qui si on confond monnaie étatique et les autres « monnaies », elles privées, constituées de divers biens utilisés comme moyens d’échange (or dans le passé et encore aujourd’hui, devises étrangères, « papiers » de reconnaissance de dette, actions, etc., chacun utilisé seulement comme moyen d’échange contre d’autres monnaies « privées » ou contre de la monnaie étatique ou contre des biens et services à consommer). Ces monnaies « privées » n’ont pas une valeur faciale garantie par l’état. Leur « pouvoir d’échange » varie en plus ou en moins, et c’est dans ces échanges là que la somme des plus et des moins n’est peut-être pas nulle (peut-être, car je n’en suis pas sûr).

                 


                • SciFi SciFi 13 mars 2008 16:31

                  @Rolland Verhille

                  Le lien fourni par Tezcoatl (à ce dernier, ce nom a-t-il une signification en Nahuatl ?) est très intéressant. L’exemple que j’avais utilisé précédemment ne s’intéressait pas assez à ce qui se passe au sein de la banque prêteuse. Je ne parviens cependant pas aux mêmes conclusions que Tezcoatl.

                  Les renseignements fournis par le lien sont :

                  • Qu’il y a deux types de monnaies, la monnaie permanente émise par la banque centrale et la monnaie d’endettement créée par les banques secondaires. Cette dernière monnaie est créée ex-nihilo à l’occasion d’un prêt et est auto-évanescente au fur et à mesure des remboursements des prêts. La banque peut aussi se financer auprès d’autres banques re rang 2 pour limiter la création de monnaie d’endettement. La monnaie permanente ne peut être détruite.
                  • La banque centrale réglemente la création de monnaie scripturale d’endettement en imposant entre autres de disposer d’un volume de monnaie centrale qui devra augmenter à mesure de la création. La banque centrale intervient également comme acteur dans la compensation des créances interbancaires.
                  • Lorsque le solde des compensations interbancaires est négatif pour une banque, elle a la possibilité de se refinancer auprès de la banque centrale au taux refi en vigueur (augmentation de la masse monétaire).

                  Revenons à notre exemple : L’acheteur P1 a emprunté une somme X à la banque B pour payer son bien à P2. On admettra que B a créé entièrement la somme X, qui apparaîtra dans l’actif de son bilan comme une créance compensée par le remboursement du prêt (ou à défaut le bien lui-même).

                  Maintenant, P1 est devenu insolvable, le bien est vendu pour X/2 par B, lui permettant de détruire la même somme. Il reste toujours une somme X/2 excédentaire dans le bilan de B. Cette somme est désormais immobilisée, et peut empêcher la banque de faire face à ses obligations, l’impossibilité de faire des prêts étant dans ce cas un moindre mal. Le problème se poserait si les clients de la banques se mettaient massivement à retirer de l’argent de leur compte (à l’occasion d’une méfiance type Northern Rock ou même d’un regain de confiance et d’une relance globale de la consommation par exemple).

                  Je ne vois toujours pas de destruction monétaire, mais au contraire une augmentation de la masse monétaire créée et bloquée. Maintenant, quel est le devenir de la somme X/2 qui n’est plus compensée par un actif , toujours en admettant que P1 est définitivement insolvable ?

                  • Soit B détruit la somme X/2 en retirant cette somme de ses profits, s’il y en a.
                  • Soit B est en cessation de paiement.

                  Conclusion : si mon raisonnement est correct, on aboutit au mieux à une masse monétaire nulle, au pire à une création de monnaie fictive immobilisée. Il y a destruction de valeur mais pas de monnaie réelle. La somme de départ X est toujours dans le circuit économique via P2.

                   


                  • Tzecoatl Tzecoatl 13 mars 2008 19:50

                    @Scifi :

                    Non, le pseudo Tzecoatl est bien inspiré du nahuatl, mais c’est une pure invention dont l’objectif est l’unicité afin de ne pas avoir à gérer différents pseudos au fil des pérégrinations webs.

                    Vous expliquez bien la création monétaire.

                    @Roland Verhille :

                    "Vous me répliquez que les banques secondaires l’ont aussi, et que là, il n’y a pas somme nulle"

                    Non, les banques secondaires n’ont pas de pouvoir de créer/détruire la monnaie centrale, uniquement la monnaie qu’elles émettent (monnaie scripturale).

                    Si l’on est d’accord pour définir que ce que vous appelez "somme nulle" signifie que tout argent perdu par quelqu’un est gagné par un autre, je dis que c’est presque vrai (sauf que la masse monétaire fluctue tout le temps).

                    Si l’on est d’accord pour définir que ce que vous appelez "somme nulle" signifie que tout argent émis doit être détruit, c’est aussi presque vrai (2-5% de monnaie permanente -monnaie fiduciaire sous forme de billets et pièces- en Europe et 50% de monnaie permanente scripturale en zone dollar).

                    Les monnaies privés (fer de lance des libéraux) ne sont quasiment jamais décrites comme des monnaies d’endettement (création/destruction, dites temporaires). Ceux sont des monnaies basées sur des étalons (or, métaux, matières premières, etc) ou monnaies-marchandises. Ceux sont des monnaies permanentes à priori, à réserve fractionnaire ou intégrale. Mais une monnaie privée peut prendre n’importe quelle forme.

                     

                     

                    .


                  • Roland Verhille Roland Verhille 14 mars 2008 14:42

                    À SciFi et Tzecoati,

                    Oui SciFi, le lien fourni par Tzecoati mène à des explications très utiles sur les mécanismes monétaires, même si certaines appréciations de l’auteur sont contestables.

                    Oui SciFi, il me semble qu’on aboutisse à une somme nulle, la monnaie perdue par la banque B étant compensée par celle gagnée par P2 toujours dans le circuit de l’économie. Naturellement, entre le moment du gain et celui de la perte, il y a eu le relais imprudent de la Banque B, ce qui ne modifie pas l’analyse.

                    À Tzecoati : oui, une monnaie « privée » peut prendre n’importe quelle forme ; par opposition au troc, on parle d’un instrument des échanges à contrepartie différée (Échange d’un bien actuel contre un bien dit « monnaie privée » espéré conserver le pouvoir d’achat du bien actuel liquidé, en vue de l’échanger ultérieurement contre un autre bien).

                    Sur la destruction de monnaie centrale, il ne me semble pas avoir expliqué qu’elle pouvait être le fait des banques secondaires, mais de seulement des gens mettant le feu aux billets de banque.

                    Ce que j’ai appelé monnaie privée ne serait pas générée par du crédit ? Il faut y réfléchir, c’est une question de manière de s’exprimer, de sens donné à « monnaie d’endettement ». Les bons du Trésor sont constitutifs d’un crédit consenti par leurs souscripteurs à l’état. Ces bons, monnaie privée à mes yeux par opposition à monnaie de Banque centrale, peuvent ne pas être conservés jusqu’à leur échéance par leurs souscripteurs qui les échangent contre de la monnaie de Banque centrale, et continuer à circuler dans l’économie jusqu’à leur échéance. Ils ont bien leur source dans une opération de crédit. Cette monnaie est détruite au moment où les bons sont remboursés par l’état. Mais je n’attache pas à tous ces distinguos subtils d’autre importance que d’aider à comprendre les réalités, qui seules comptent.

                     


                    • alexandre 15 mars 2008 10:53

                      Le papier est de bonne qualité et à mon sens sa plus grande vertu est d’expliciter que la maladie date d’il y a longtemps, aujourd’hui il est beaucoup trop tard.

                      Le crédit crée la monnaie. Autrement dit c’est en signant une reconnaissance de dette que l’on crée une dette que la banque passe et créance, titrise (c’était le boulot de Bear Stern) et finalement échange contre des collatéraux acceptables par la banque centrale en échange de la liquidité qui nous sera délivrée.

                      La FED va émettre autant de dollars qu’il est nécessaire pour permettre aux banques de faire face à leurs obligations, cette émission viendra alimenter la spirale baissière du dollar. Si l’on se fie aux apparences la monnaie américaine est entrée dans un cercle vicieux qui risque de déclencher une vague d’hyper-inflation qui viendra apurer les comptes privés et publics au prix d’un appauvrissement de toute la population. C’est le scénario de sortie de crise le plus courant dans ce genre de situation.

                      Les pires journées sont donc devant nous, vive l’Euro !


                      • Roland Verhille Roland Verhille 15 mars 2008 12:27

                        Bien vu, enfin une vue saine de la situation et des pratiques des banques centrales et des banques secondaires, provoquées par qui ou par quoi ?


                      • Radix Radix 15 mars 2008 20:06

                        Bonjour

                        Message à tous les "économistes" de salon ici présent :

                        Ce qu’il ne faudrait quand même pas perdre de vue ce sont les pauvres bougres qui ont perdu leur maison, victime d’une escroquerie "légale’ montée par les banques à leurs profit !

                        Un prêt est destiné à aider l’emprunteur, pas à l’enfoncer ! Le système économique est devenu tellement avide qu’il en a perdu la raison. La cause en est l’irresponsabilité dont ils bénéficient, quand il y a des bénéfices ils les empochent et pour les pertes l’état est là pour les sauver.

                        Ceux qu’il fallait sauver c’était les victimes, pas les coupables !

                        Radix


                        • millesime 16 mars 2008 00:19

                          les Etats-Unis ont crée un... "produit dette" ...qu’ils ont vendu au monde entier, (comme un "produit" fiable)

                          pour masquer la réalité la FED a cessé de publier M3 en 2006... !

                          il ne serait pas étonnant qu’ils cessent de publier les différents indices mensuels pour masquer l’ampleur de la crise en cours... ! 


                          • Roland Verhille Roland Verhille 16 mars 2008 09:47

                            À Bigre, sa référence fournie le 15 mars,

                            Vu cet article. Il y a du vrai et du faux, le tout en vue de fonder une conception dogmatique d’un système monétaire. Il y a des textes plus respectueux des réalités pour expliquer le mystère de la monnaie.

                            Je suis d’avis que la production de monnaie est une affaire purement technique, comme l’est par exemple la création et la mise en fonctionnement des trains destinés à satisfaire des besoins solvables de déplacement des gens. Pour la monnaie, le système reste sain aussi longtemps que la quantité de monnaie créée correspond d’abord aux nécessités générées par les échanges de biens et services où il y a décalage dans le temps entre leur cession et l’acquisition de ceux qui les remplacent ; ensuite, aussi longtemps que cette création monétaire correspond aux besoins de financement des investissements productifs de biens et services, ceux qui rembourseront cette monnaie artificiellement créée au moyen de la monnaie fournie par ceux qui l’échangeront contre ces biens et services produits.

                            Un tel système monétaire ne peut pas être soumis aux décisions politiques. Depuis l’invention de la monnaie par Crésus, il y a plus de deux millénaires et demi, les États l’ont toujours viciée et détruite plus ou moins vite. Aux États-unis, ce système est de fait sous influence du gouvernement. Là, il est dit à la Fed que la monnaie doit avoir une valeur stable (pas d’inflation), mais il est dit en même temps qu’elle doit assurer la croissance de l’économie. Là est l’erreur, car la croissance, ce n’est pas la monnaie qui l’assure, ce sont les gens qui travaillent à produire des biens et services qui sont échangés contre la monnaie obtenue en rémunération du travail fourni. Le résultat concret du système américain commence à apparaître aujourd’hui : un désastre.

                            Sous cet aspect, le système européen avec la monnaie commune à un assez grand nombre d’états ayant décidé qu’elle était gérée par une banque centrale indépendante des gouvernements (la BCE) et que cette monnaie devait prioritairement écarter toute inflation est bien plus satisfaisant. Que les politiques qui ne cessent de vouloir la manipuler protestent est tout à fait conforme à leurs pratiques dévoyées, et est rassurant quant à la manière dont la BCE assume sa fonction.


                            • S2ndreal 17 mars 2008 09:59

                              http://www.nytimes.com/2008/03/17/opinion/17krugman.html?_r=1&ref=opinion&oref=slogin

                               

                              Je vous renvoie au lien ci - dessus. Il annonce que les contribuables étatsuniens vont payer les pots cassés. La partie qui me plaît le plus est quand Krugman parle de fausses croyances. Son énoncé de ces fausses croyances, traduites assez librement, donne :

                              - le prix des maisons ne peut que monter

                              - l’innovation financière a éliminé le risque

                              - la notation AAA pour un titre signifie qu’il est sûr.

                              - le marché a toujours raison et la régulation est toujours mauvaise

                              Il attribue la crise à ces fausses croyances en incitant tout les acteurs du marché à se ruer sur les subprimes. Comme le marché ne peut pas se tromper, quand des doutes ont été émis, ils ont été négligés ou méprisés, i.e. les autorités de régulation ont laissé faire le marché.

                               Ce truc des subprimes rapportait des milliards aux banques privées pendant que la confiance régnait. Aujourd’hui, elle a sauté. Chaque banque veut refiler ses prêts pourris aux autres sans se faire refiler des prêts du même acabit. C’est le blocage de crédit.

                              Le Marché s’est planté en beauté. Cela va faire très mal. Les pouvoirs publics vont payer les acteurs de ce marché pour qu’ils survivent avec l’argent des contribuables. Les responsables de cette histoire vont partir très riches et en sécurité. C’est une injustice.


                              • Roland Verhille Roland Verhille 17 mars 2008 14:53

                                "Le marché s’est planté". ???? Est-ce le marché qui a créée cet océan de liquidités dont ni les producteurs de biens et services ni les particuliers solvables n’avaient besoin ? Il s’est ainsi créé à côté ou au dessus des marchés une sphère spéculative alimentée par ces injections de liquidités par les Etats (les politiques les ayant captés) voulant doper la croissance de l’économie.


                              • SciFi SciFi 17 mars 2008 18:21

                                Il me semble bien que le "marché" soit également responsable. Le marché, c’est aussi les sociétés de capitaux, pas seulement les producteurs de biens et de services, qui eux, n’ont effectivement rien à voir.

                                Les gros pourvoyeurs de titres de ces dernières années sont quand même des sociétés privées : Lehman Brothers, Wells Fargo, Bear Stearns, JP Morgan, Golman Sachs, Bank of America, Indymac, Countrywide, etc. Ces sociétés ont permis à des fonds d’investissement de placer leur $ avec un rendement d’autant plus attrayant que le risque était élevé. Il est possible que des liquidités FED aient été utilisées, mais je ne suis pas certain que c’était le but.

                                Le marché, c’est aussi les autorités de régulation. Comme par hasard, les créances titrisées réunies dans des CDO ne se négocient pas sur les places boursières, mais de gré à gré : les prix et les volumes ne sont pas diffusés. Les fonds se sont rendus compte du problème d’illiquidité lors des appels de marge.

                                Il est effrayant de voir un patron de FED comme Greenspan affirmer que "market flexibility and competition are the most reliable safegards against cumulative economic failure". Je tiens le pari que si la paye de ces gens était directement liée à la valeur de cet aphorisme, on l’entendrait moins souvent.

                                Si cet adage avait un fond de vérité, pourquoi n’en serait-il pas de même pour l’auto-organisation des sociétés et des personnes dans la société ?

                                 

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