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Accueil du site > Actualités > Economie > C’est la crise finale !

C’est la crise finale !

L’apport théorique de John Maynard Keynes avait rejeté le spectre de la crise systémique du capitalisme aux oubliettes de l’Histoire. La crise financière que le monde connaît redonne-t-elle du sens à la théorie marxiste de l’accumulation, de la surproduction, de la baisse du taux de profit et de la révolution salvatrice ?

Ce sont les crédits qui font la monnaie. Autrement dit, comme le système bancaire mondial est presque complètement privatisé, ce sont les banques qui font la monnaie sans aucun contrôle. Avant que notre système bancaire ne connaisse la dérégulation, le crédit était strictement encadré : les banques de dépôts françaises devaient respecter des critères stricts entre le montant de leurs encours et leurs fonds propres. Cette règle, même si la Banque de France veille encore à son application, est aujourd’hui détournée par les banques françaises. Par la création de nombreuses filiales, elles ont diversifié leurs activités mélangeant produits d’assurance et d’épargne et activités de banques d’affaires.

L’invraisemblable est arrivé !

La crise actuelle vient du fait que les banques de dépôts ont “titritisé” leurs crédits en actions. De plus, pour vendre leurs actions, elles ont accordé des crédits à leurs acheteurs. Mon professeur de , il y a vingt-deux ans, alors que je frottais mes jeans troués sur les bancs de la faculté de Sciences Eco de Rouen, nous avait expliqué l’invraisemblance de ce scénario, c’est-à-dire, la transformation de la masse monétaire M2 en actions. L’invraisemblable, à l’heure où Wall Street invente un nouveau produit financier toutes les 24 heures, vient de se produire. Deux millions d’Américains se trouvent aujourd’hui sans logement.

Que faire ?

Si nous voulons d’urgence colmater la brèche, le législateur doit prendre des mesures drastiques visant à la séparation de l’ensemble de ces activités. Les assureurs doivent s’occuper de l’assurance ; les banques de dépôts doivent se limiter aux crédits et aux dépôts de leurs clients ; les banques d’affaires aux actions et au risque. L’émergence de fonds souverains publics dans le secteur traditionnellement dévolu aux banques d’affaires permettrait à la fois de développer les TPE et les PME, notamment sur les marchés à l’exportation. Ces fonds, par des exigences moindres en termes de rendement financier, favoriseraient par conséquent les investissements productifs et l’économie réelle. Seules 2 % des transactions bancaires concernent l’économie réelle. A quand la mise en place de la taxe Tobin ?

A qui la faute ?

L’idée phare des conservateurs est de croire à la spontanéité de l’équilibre. C’est la raison pour laquelle ces idéologues qui en sont toujours restés au XIXe siècle n’ont même pas pris la peine de se nourrir des enseignements de l’analyse systémique. Ils aiment les idées simples. Ils aiment aussi les faire partager au bon peuple en s’appuyant sur leurs amis qui contrôlent les médias. Or, que nous dit l’analyse systémique ? Que l’équilibre naît de l’interaction des systèmes et de l’existence de systèmes de pilotage au sein de chacun de ces systèmes. Or, la finance mondiale, complètement déconnectée de l’économie réelle, a aujourd’hui l’allure d’un canard sans tête. Tous les ingrédients sont donc rassemblés pour que le monde connaisse une crise systémique de grande ampleur. On ne peut réinventer l’Etat en quelques années alors que nous l’avons tué durant près de trente ans. Si nous revenons au pouvoir, nous serions bien inspirés de réarmer l’Etat en lui donnant les outils pour affronter la chienlit financière. Les socialistes français ne pourront toutefois rien faire s’ils sont seuls.

A chaque fois que l’État se désengage, dans les transports, dans l’énergie, dans les communications, dans la santé, dans l’éducation, dans la culture, c’est au mieux une baisse de la qualité des services rendus assortie d’une augmentation des prix pour les consommateurs. Il suffit de se souvenir de l’exemple britannique dans les transports ferroviaires et de la gestion de l’électricité en Californie où les entreprises privées ont sciemment organisé la pénurie. Dans certains secteurs, la concurrence n’a de sens que si l’État y reste présent. L’exigence d’actionnaires de plus en plus gourmands est difficilement conciliable avec une baisse “spontanée” des prix pour les consommateurs. Après tout, nous pouvons aussi croire au Père Noël.

Nous pourrissons de l’absence de compétences réelles d’un monde devenu la marionnette servile d’acteurs économiques dont le seul moteur est devenu l’argent. Avec 700 milliards de dollars, le plan Bush-Paulson n’est qu’un cautère sur une jambe de bois. N’avait-on pas rien de mieux à faire de cet argent ?


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29 réactions à cet article    


  • Le péripate Le péripate 3 octobre 2008 14:19

     Pas trop envie de réagir au bla-bla habituel anti-libéral. Mais, juste quelques mots sur "l’apport théorique" de Keynes. Keynes, libéral ? Que penser alors de ses déclarations, en 1933, qui appuie, avec quelques réserves certes, les "expériences sociales" qui ont cour alors en Italie, Allemagne et Russie ? Que penser de son introduction à l’édition allemande de sa "Théorie générale", où il précise que ses propositions de politique économique cadraient mieux avec un état totalitaire comme celui que dirigeait alors les nazis qu’en Angleterre ? Que penser de son intervention dans une émission radiophonique de la BBC (1936, texte disponible dans le tome 28 de ses oeuvres complètes), émission où il est question d’un livre "Soviet Communism", livre bien sûr traduit et apprécié sous Staline. Il déclare lors de cette émission :
    Jusqu’il y a peu, les évènements en Russie se succédaient à une telle rapidité et la brèche entre la théorie et les gains effectifs était si large qu’il était impossible de faire une valorisation. Toutefois le nouveau régime est, maintenant, suffisamment cristallisé pour être examiné. Le résultat est impressionnant. Les innovateurs russes ont dépassé non seulement l’étape révolutionnaire, mais également la période doctrinaire. Il ne reste que peu ou pratiquement rien qui maintienne une relation spéciale avec Marx ou le marxisme et qui le distingue des autres systèmes de socialisme. Les soviétiques sont occupés à la vaste tentative administrative de faire fonctionner de forme tranquille et avec succès, sur un territoire si grand qu’il occupe la sixième partie de la superficie terrestre, toute une nouvelle série d’institutions sociales et économiques. Les procédures varient rapidement pour s’ajuster aux nouvelles expériences. Nous sommes en train d’assister au plus grand degré d’expérimentalisme et d’empirisme jamais tenté par des administrateurs désintéressés. En ce sens, les Webb, avec leur livre nous ont permis de contempler la direction vers laquelle semblent se diriger les choses et jusqu’où elles sont arrivées pour l’instant.



    • thirqual 3 octobre 2008 15:22

      Allons le péripate, il est quand même difficile de nier que la transformation de la Russie et de ses satellites est hallucinante entre les années 20 et 50 ! Comme disait un pote (américain, aha) en parlant des transitions rapides, il est possible de passer d’un état quasi féodal peuplé très majoritairement d’illêtrés à une puissance économique moderne (par rapport au reste du monde au même moment) en une paire de générations. Ya même pas besoin que les dirigeants soient sains d’esprit, c’est dire ! (sans parler de l’horreur soviétique dans ses grandes largeurs)

      Que penser de son intervention en 1936 ? bah qu’il avait certainement raison, ça devait être hallucinant. Et aussi qu’il était très capable de se mettre des oeillères vu ce qu’il n’évoque pas.


    • Le péripate Le péripate 3 octobre 2008 15:41

       Bon, c’était un peu hors sujet, de toute façon. Un aspect notable de la louange de Keynes au communisme est son absence totale d’une quelconque analyse économique. Keynes semble avoir allègrement oublié qu’il pouvait exister un problème de calcul économique rationnel sous un régime socialiste, comme cela fut mis en évidence un an plus tôt dans un volume édité par F.A. Hayek Collectivist Economic Planning, qui reprenait l’essai séminal de Ludwig von Mises, Le calcul économique dans une société socialiste. Alors que les économistes avaient passé des années à discuter de ce problème, tout ce qui préoccupait Keynes était l’excitation de la grande expérience des bouleversements sociaux menée en Russie sous la direction de ses « administrateurs désintéressés ». Ceci nous ramène au commentaire de Karl Brunner sur les notions de Keynes sur la réforme sociale : « Difficilement on pourrait déduire du matériel contenu dans ses essais que ceux-ci on été écrits par un scientifique social, même par un économiste. N’importe quel utopiste social de l’intelligentsia aurait pu la produire. Dans ceux-ci, on ne fait front ou ne sont examinés une multitude d’aspects cruciaux. »
      Alors, les "apports théoriques " de Keynes, ça a du mal à passer.
      C’est comme cette histoire d’équilibre, spontané ou dirigé. Que les marxistes et les néo-classiques bidouillent des modèles pour montrer qu’un équilibre est possible, ou pensable, intéressent peut-être quelques chercheurs en laboratoire. Mais un philosophe sait que l’équilibre, c’est la mort, c’est l’entropie. Il n’y a pas d’équilibre dans le vivant, et nous sommes vivants.


    • jam_james92 3 octobre 2008 19:45

      Je ne vois pas où tu pioche cette idée de Keynes libéral dans l’article... Avons-nous lu le même article ?
      Mais en même temps, Keynes communiste ou marxiste, je n’y crois pas une seconde... Tes citations sont certes interressantes mais il faut remettre les choses dans leur contexte. Il est assez fréquent, lorsque l’on manque d’arguments, d’invoquer le nazisme ou le stalinisme comme spectre ultime : Si tu penses comme si, alors tu es un nazi, si tu penses comme ça alors tu es un communiste. Ce raccourci mental est notre meilleure protection contre l’ouverture d’esprit et l’écoute réelle.
      Donc pour faire court, en contextualisant, il n’est pas choquant que Keynes ait lorgné du côté du régime Stalinien, tout comme Marx dans le Capital analyse le système productif capitaliste : parler du capitalisme ne fait pas de lui un capitaliste...
      Je prends un autre exemple : John Stewart Mill, autre économiste, taxé plutôt de ’libéral’ : il est quand même assez surprenant de constater que non seulement Marx et Mill se rejoignent dans la critique du capital, mais aussi que l’auteur de l’article auquel tu réagis, et des milliers d’autres économistes sérieux partagent également ce constat. On ne pourra jamais dire que nous n’avons pas été prévenu... C’est absurde, l’auteur a entièrement raison... C’était enseigné sur les bancs de la fac il y a 20 ans, cétait dénoncé il y bientôt deux siècles par ceux là même qui ont contribué à l’élaboration du système économique ! 
      Je voudrais juste ajouter une petite précision sur la pensée libérale : la loi de l’offre et de la demande n’est valable que si la demande est solvable. Or sur la planète (l’économie est mondialisée désormais, il nous faut bien raisonner en termes mondiaux) la demande solvable représente moins d’un quart de la population mondiale. Continuer à fonctionner tel que, en pensant que la planète supportera que la totalté de la population mondiale puisse vivre à la mode occidentale est une hérésie. Le marché ne va pas s’équilibrer tout seul, la preuve en a été faite ces dernières semaines, ou alors le coût social et humain de l’auto-régulation du marché doit être précisé à toutes et à tous... La crise financière aux états-unis à un réel coût social qu’il serait bien interressant de chiffrer : faillite personnelle, endettement personnel, maladies, paupérisation, marginalisation, toutes ces conséquences directes sont bel et bien chiffrables mais ce chiffre là, c’est celui que l’on ne montre pas, que l’on ose à peine calculer tant il est effroyable, tant il est beaucoup plus confortable et sécurisant de penser : cela n’arrive qu’aux autres...


    • Le péripate Le péripate 3 octobre 2008 20:45

       Oui, c’est vrai, il y a du hors sujet dans mon intervention. C’était juste "l’apport théorique" de Keynes qui m’a fait réagir. J’ai juste tenté de montré que cet apport... était nul. De mon point de vue, c’est important, car il est la figure autour de laquelle se rassemble ceux qui bien que n’assumant pas (plus) le marxiste orthodoxe, prêchent malgré tout pour une intervention accrue de l’Etat. Et ce n’est pas pour dénigrer Keynes, mais pour montrer qu’il était plus intéressé par de l’ingénierie sociale que par vraiment comprendre le monde. 


    • Le péripate Le péripate 3 octobre 2008 20:57

       Une remarque : loi de l"offtre et de la demande, équilibre général, etc, n’ont rien à voir avec le libéralisme. Non pas que ces notions n’offrent aucun intérêt, mais elle ne sont que des tentatives de modélisation pour économistes. Le libéralisme a certes des conséquences en économie, les libéraux sont souvent des économistes, mais les vraies questions sont éthiques.


    • Le péripate Le péripate 4 octobre 2008 00:35

       Premièrement, non, je n’ai pas peur du ridicule, mais de l’erreur. Deuxièmement, vous confondez influence, envergure et apport théorique. Troisièmement, ce que vous citez comme preuve de son influence est justement ce que je considère comme des erreurs majeures. Et le retour de Keynes, c’est comme le retour de Marx, si on y revient, ce sera pour se diriger direct vers l’implosion. Et là dessus, j’ai un sentiment ambivalent : je serai ravi de voir la fin du capitalisme de connivence, de l’étatisme, mais je préfèrerais une transition en douceur, sans causer encore plus de dégâts. Alors, oui, ça me gêne.


    • Le péripate Le péripate 4 octobre 2008 12:20

       Si vous dîtes que c’est pas contestable, je ne vois pas pourquoi dialoguer. Et j’aime toujours quand on affirme "vos idées sont puériles" ... Areuh, Areuh... Cela vous plaît-il que je m’exprime ainsi ?
      Vous, par contre, vous déformez mes propos. Dire que l’on craint l’erreur, n’est pas opposer la "vérité et l’erreur". Faites vous une petite lecture de Popper, vous comprendrez ce que je veux dire.
      Quand à un apport théorique qui aurait permis de dépasser la crise des années 30, c’est tout le contraire. Cette "crise" a été analysé, entre autre grâce à Keynes, comme une crise du capitalisme, alors qu’il s’agissait déjà d’une crise de l’Etat. Et cette pseudo-analyse a justement permis un renforcement de l’erreur, dont nous continuons à payer le prix. D’ailleurs, un papier sur la vraie histoire de la crise de 29 s’impose, tellement on a dit d’âneries à ce sujet.
      Discréditer Keynes ? Non, pas plus que les anti-libéraux insistent toujours lourdement sur la visite de Friedman au Chili de Pinochet. C’est de bonne guerre, et, pardonnez, à l’époque où Keynes s’extasiait sur les "immenses possibilitées" offertes par la politique soviétique, tout ceux qui voulaient savoir à propos des grandes famines organisées par Staline le pouvaient.
      Quand à Parway, qui, croyant être narquois, fait remarquer que nous allons dans le mur sans Marx, nous y allons bien, avec Keynes, et que justement, le but de ma digression sur Keynes avait pour but de montrer la parenté entre les deux. 
      Comment appellerait-on quelqu’un, qui ayant trop chaud, se rajouterait un pull ? Un....


    • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 4 octobre 2008 14:36

       Le probleme des théories keynesiennes est celui des bicyclettes. Ca roule en mouvement, mais si par bêtise ou méchanceté quelqu’un applique les freins sans réfléchir... l’économie part dans le décor et avec elle la société qu’elle sous-tend. 

      http://nouvellesociete.org/H38.html

      Pierre JC Allard


    • Céphale Céphale 3 octobre 2008 15:13

      Maurice Allais, prix Nobel d’économie, qui n’est pas considéré comme un socialiste, avait dit la même chose en 1986 déjà. Et les banques d’investissement n’avaient pas encore inventé les Junk Bonds !

      Merci à l’auteur.


      • Marc Bruxman 3 octobre 2008 20:30

        Le probléme c’est que ces produits titrisés n’étaient pas du tout classés "Junk". Ils auraient eu ce classement dés le début, on n’en serait pas la ! La dette de Fannie et Freddy a eu pendant longtemps son "triple A". 

        Même si la cause réel du problème reste les taux d’intérêts initiaux de 1% (Merci Bush) qui quel que soit le systéme économique en place auraient causés une bulle spéculative sur l’immobillier suivi d’une récéssion sévére.



        • Marc Bruxman 3 octobre 2008 20:22

          La crise actuelle vient du fait que les banques de dépôts ont “titritisé” leurs crédits en actions.

          Non le problème ne vient pas de la titrisation mais des agences de notation. 

          Titriser ca veut dire, on transfert un risque vers des gens qui sont prêts à prendre ce risque. Un exemple classique : L’investissement dans les start ups. L’investisseur prend un risque que l’entrepreneur initial ne pouvait ou ne voulait pas assumer. En soit, c’est utile. 

          Ce qui est mauvais c’est quand il y a mauvaise information sur le risque. A savoir quand un investissement à haut risques est labellisé "triple A" par une agence de notation peu scrupuleuse. 

          C’est ce qui s’est passé dans le cas présent :

          • La banque Dufion émet des crédits immobilliers "subprime". 
          • La banque Dufion qui sait se placement risqué titrise ce risque. Pour améliorer le produit, on fait un peu d’ingénierie financiére afin de packager du bon avec le pourri et diminuer le risque. Et ce afin d’obtenir le sésame : Le triple A. Bien sur, on promet un rendement important. 
          • L’agence de notation Delarnak reçoit le placement de Dufion. Comme Dufion est aussi client de Delarnak, Delarnak se retrouve face à un conflit d’intérêt et ne peut pas effectuer sereinement son travail. La complexité du produit maintenant ingénierisé fait le reste. On fout un triple A sans comprendre. Le problème est LA. 
          • Plein de banques et fonds d’investissement achétent ces titres à priori sans risque. Comme ca vient de Dufion, banque respectée, ils se disent qu’ils ne l’auront pas dans le fion. Ca du moins c’est ce que ce dit le jeune diplomé fraichement sorti d’école. 
          • Quand le krach survient, on s’apperçoit que le placement ne méritait pas un triple A. 
          Maintenant concernant l’ingénierie financiére :
          • Repackager du bon avec du mauvais pour limiter un risque ce n’est pas mal en soit. C’est d’ailleurs ce que fait parfois un bon pére de famille qui investit en bourse : Prendre 10% de placement à haut rendement mais risqué et 90% de placement sur. Chacun adaptera le pourcentage à ses besoins. C’est aussi de base le principe d’un assureur qui sait très bien que certains de ses clients malgrés la surprime qu’il leur fait payer sont mauvais. Par exemple, un appartement en rez de chaussée est plus exposé aux cambriolages qu’un appartement au dernier étage d’un immeuble gardienné. 
          • On emploie le terme "ingénierie" quand on comprend ce que l’on fait. Et la le bat blesse. Certains produits financiers étaient absolument imbittables et il était très dur de prouver qu’ils offraient effectivement une protection en cas de pépin. Une agence de notation sérieuse aurait du classer ceci au rang de "junk" (hautement spéculatif). Et ce classement correct aurait stoppé la bulle. 
          Maintenant comment régler ce merdier pour ne pas que cela se reproduise ? 
          • Virer les effets de seuil dans la notation ! Perdre son triple A pour un produit financier c’est son arrêt de mort ! Pourquoi ? Parce que par la régulation certains fonds sont alors légalement obligés de s’en débarasser ! Il vaudrait donc mieux donner une note entre 0 et 100 afin que l’on ne passe pas du jour au lendemain de triple A à pas triple A mais que si le seuil est par exemple à 80, on voit le produit passer de 90 à 89 puis 85, ... Ce qui permet de réguler plus finement le système. 
          • Ne pas donner un "triple A" à un produit dont le fonctionnement ne peut pas être prouvé dans toutes les situations. Si un produit est risqué, il doit avoir le droit d’exister mais son acheteur doit l’acheter en connaissance de cause. 
          • Laisser les actionnaires boire le calice jusqu’à la lie, de façon à ce que le client comprenne que son intérêt est que l’agence de notation soit prudente. On ne donne pas une sucette à un gosse qui vient de faire une connerie. 
          Et surtout, nous ne le répéterons jamais assez, ne JAMAIS plus baisser les taux d’intérêts en dessous du niveau de l’inflation, connerie que le gouvernement Bush a fait et qui quelque soit le système financier en place derriére conduit à un désastre. Evidemment plus le système financier est sophistiqué plus les dégats causés par ce grain de sable sont importants. Mais autant Bush que Alan Greenspan devraient être tenus pour personellement responsables de ce désastre. Car même sans titrisation, il y aurait eu bulle immobilliére et implosion de cette bulle. Cela aurait fait moins de dégats mais on serait quand même en train de pleurer. 

          • karg se 3 octobre 2008 21:24

            Je remonte la piste de l’origine de la crise : la croyance dans le sacro-saint immobilier. Si les agences de notation ont noté AA les titres immobiliers c’est parce que même en cas de défaillance la saisi des biens devaient permettre de gagner de l’argent. Chose impossible quand le taux de défaillance atteint 15%.


          • frédéric lyon 3 octobre 2008 20:23

            Les amis, il est temps d’abandonner le socialisme.

            Oui, je sais, cela vous fait mal de devoir abandonner une idéologie que vous avez décidé d’embrasser alors que vous étiez des adolescents, pour la plupart d’entre vous. Mais que voulez-vous l’adolescence ne peut pas durer toute la vie, et pour devenir un adulte il faut être capable de reconnaitre ses propres erreurs de jeunesse.

            Allez, ne restez pas dans le déni, rejoignez vos camarades Chinois et vos camarades Soviétiques, qui vous ont précédés sur la voie de la sagesse. Vous n’allez tout de même pas rester à bouder dans votre coin, si ?

            Alors, prenez votre respiration, concentrez vous et jetez-vous à l’eau. Vous verrez ce sera libérateur, vous serez fiers de vous lorsque vous aurez sauté le pas.


            Et soyez les bienvenus dans le monde réel !


            • frédéric lyon 3 octobre 2008 20:37

              Max Bruman, je suis d’accord avec tout ce que vous dites, sauf avec ceci :

              "Et surtout, nous ne le répéterons jamais assez, ne JAMAIS plus baisser les taux d’intérêts en dessous du niveau de l’inflation, connerie que le gouvernement Bush a fait et qui quelque soit le système financier en place derriére conduit à un désastre"

              C’est le mot JAMAIS qui me rend perplexe. A mon avis on ne peut sans doute pas maintenir des taux inférieurs à l’inflation pendant très longtemps, mais se l’interdire complètement, pourquoi ?

              Une remarque : La crise n’est pas une crise financière au départ, mais une banale crise du marché de l’immobilier. C’est la baisse de la valeur des biens immobiliers qui met les mauvais débiteurs dans la panade, et cette crise devient donc une crise des crédits immobiliers à "subprimes".

              Puis enfin, on s’aperçoit que ces crédits à "subprimes" ont été mélangés à d’autres actifs par la titrisation et tous les titres, même ceux qui ont un triple A, deviennent suspects.

              Après tout s’enchaine, jusqu’au "credit crunch", car tout le monde suspecte tout le monde !

              Le problème de la notation est central comme vous le soulignez.


            • karg se 3 octobre 2008 21:28

              Sur les taux d’intérêts : si ils sont en dessous de l’inflation, les prendre des crédits devient un placement d’argent. On te paye pour investir, tu a donc tous intérêt à le faire, sans réfléchir à ta solvabilité futur. Notamment en achetant des biens non dépréciable, comme de l’immobilier, du foncier ou des métaux et pierres précieuses. Les actions ce n’est plus possible depuis la crise de 1929. C’est une formidable incitation à la spéculation de toute sorte, une machine à bulle diabolique.


            • frédéric lyon 3 octobre 2008 21:36

              Je suis d’accord, mais il faut parfois un remède de cheval, je me souviens qu’à une époques les Japonais avaient des taux d’intérêts proche de 0% et la Banque Centrale du Japon les a maintenu pendant quelques temps pour relancer la machine.


            • Le péripate Le péripate 3 octobre 2008 21:45

               Et si cette question des taux d’intérêts fixés par une banque centrale n’était pas une question en fait... centrale. Car il y a de l’artificiel dans ce procédé. Quels sont les arbitrages en jeu dans la définition d’un taux d’intérêt ? Est-ce que ce rôle de "prêteur en dernier ressort" (comme analysé par Aglietta)n’est pas en lui-même une source d’irresponsabilité ? Pourquoi, après tout, avoir une monnaie unique sur un territoire ? N’est-ce pas là une violence ? 


            • Marc Bruxman 3 octobre 2008 22:45

              Je suis d’accord, mais il faut parfois un remède de cheval, je me souviens qu’à une époques les Japonais avaient des taux d’intérêts proche de 0% et la Banque Centrale du Japon les a maintenu pendant quelques temps pour relancer la machine.

              Au moment ou les taux Japonais étaient proche de 0%, le Japon connaissait une déflation ! ! ! Ce qui veut dire qu’au lieu de monter les prix baissaient. Une véritable catastrophe car à ce moment la, l’investissement n’a plus de sens : Pourquoi acheter aujourd’hui ce que l’on peut acheter moins cher demain ? Si par exemple vous voyez un bel appartement à 130 000 € mais que vous savez que dans deux ans il vaudra 110 000 € allez vous l’acheter dès maintenant ? 

              Et dans ce cas, même un taux d’intérêt proche de zéro reste donc supérieur à l’inflation négative. Ce taux est donc acceptable. Mais cela ne sert à rien et cela n’a pas empéché au Japon une crise économique de dix ans :( La déflation c’est un peu comme l’hyperinflation, une fois que la machine est lancée, elle est très très dure à arréter. 

              Pire, cela a failli avoir des conséquences désastreuses sur l’économie mondiale à cause des "carry trades". En 2007 (derniers chiffres à ma disposition) on estimait que plus de 1000 milliards de dollars étaient investis dans des carry trades avec le Yen. C’est quoi une carry trade ? Tout simplement, vu que les taux d’intérêts au Japon sont bas, vous empruntez au Japon du Yen (pas cher) que vous repretez aux USA. La différence de taux d’intérêt vous fait un bénéfice confortable. Jusqu’au jour ou le taux de change varie brusquement et la si c’est dans le mauvais sens SuperTrader se retrouve super dans la merde. 

              Pour plus d’informations :
              http://en.wikipedia.org/wiki/Carry_trade#Currency

              (Ou l’on apprend que beaucoup de ces carry trades ont servis à financer le marché subprime). 

              Je ne suis pas sur que ce genre de spéculation ait beaucoup bénéficié au Japon. Et de toute façon pourquoi emprunter du fric en période de déflation ? Même à zéro pourcent ca n’a pas de sens. Au contraire vous avez intérêt à faire votre oncle gripsou et garder votre argent en cash. 



            • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 4 octobre 2008 14:18

               La lutte entre travallieurs et capitalistes n’est que le cas d’espece propre à une société industrielle d’un lutte plus profonde ente la conservation et le changement. Il faut passer à une "théorie générale", sans quoi, dans une économie tertiaire, on pose les mauvais gestes. http://nouvellesociete.org/5183.html

              Pierre JC Allard


            • raslebol 3 octobre 2008 22:53


               Je partage complétement votre conclusion.

              " Nous pourrissons de l’absence de compétences réelles d’un monde politique devenu la marionnette servile d’acteurs économiques dont le seul moteur est devenu l’argent....".

              Je citerai encore, cette phrase reprise d’un article sur la finance internationale

              " ....les banquiers, ces personnages sans vergogne, au cœur vide et à l’esprit rongé par l’appât du gain et la spéculation, ces zombies de la mondialisation, véritables prédateurs des honnêtes gens et corrupteurs de la société."


              Nos politiques ont les pieds et les mains liées, le vrai pouvoir apparteint au prédateur de la finance.

              V
              oici le lien vers une vidéo choc, mais pédagogique, de 50 minutes, à voir absolument (traduite en français).
              Attention !! Vos yeux s’ouvriront, et vous atteindrez le fond de l’écoeurement !!!


              http://www.bankster.tv/


              • antitall antitall 4 octobre 2008 00:08

                là c’est mieux ! édifiant ! le talon d’achille des banques ! smiley



              • sisyphe sisyphe 4 octobre 2008 01:01

                par raslebol (IP:xxx.x96.167.99) le 3 octobre 2008 à 22H53 				
                				

                								
                				
                					
                Voici le lien vers une vidéo choc, mais pédagogique, de 50 minutes, à voir absolument (traduite en français).
                Attention !! Vos yeux s’ouvriront, et vous atteindrez le fond de l’écoeurement !!!



                http://www.bankster.tv/
                				

                Merci pour ce lien : tout est dit !!

                Le reste, sous des dehors techniques ou/et théoriques, c’est de l’énorme noyage de poisson ; en ce moment, les néocons, libertariens, et autres ultraliberaux rivalisent de masques et de tubas....
                 smiley

              • Echo Echo 4 octobre 2008 10:44

                En effet, cette video, c’est de la dynamite.

                Une parfaite radiographie de l’indecence fondamentale du systeme financier.

                Allez, je remets encore le lien :

                www.bankster.tv/


              • Dudule 4 octobre 2008 02:55

                Pour nier l’apport théorique de Keynes et prétendre donner des leçons au monde ébahie, et ce par les temps qui courent, en ayant lu les faits aisément vérifiables énoncés dans l’article, il faut quand même... je sais pas !

                Tu sais, Péripate, quand tu regardes une mapemonde, il y a ligne qui part d’un pôle pour arriver au pôle opposé, et qui passe par Greenwich. C’est le méridien d’origine.

                Et bien je vais te décevoir, mais contrairement à ce que tu semble croire, il se trouve que cette méridienne ne coïncide pas du tout avec la raie de ton c...

                Dingue, hein ?



                • Djihesse 4 octobre 2008 12:08

                  confondre equity et dette... j’ai abandonné au 2e paragraphe

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