Les banques de l’Union européenne n’auront pas besoin des lignes de liquidité du G15 de lundi dernier si elles n’ont pas la possibilité de faire des crédits aux particuliers et aux entreprises… pour cause d’un taux directeur de la BCE trop élevé.
Aujourd’hui, il convient semble-t-il de ne plus s’arc-bouter sur le sacro-saint
article 105 des statuts de votre institution, Monsieur le président – institution qui est aussi la nôtre – et de permettre à l’économie de l’Europe de tourner à nouveau normalement. Même en ces temps de crises multiples, aux origines diverses. Surtout quand aucune n’est apparemment une crise de taux !
La baisse du taux de la BCE semblait tellement évidente après l’accord du G15, que l’ensemble des acteurs économiques a été surpris qu’elle ne soit pas annoncée dans la foulée, lundi soir, mardi matin, voire mercredi. Aujourd’hui, tous les marchés sont fébriles et baissent à nouveau. Qu’importe les raisons de leur baisse, de leur fébrilité. Les faits sont là, intangibles. Ils baissent, Monsieur le président ! Ils baissent et paraissent jouer sur la récession économique qui guette votre zone d’influence ! Vont-ils gagner ?
Les 1 700 milliards d’euros du plan de l’Eurogroupe, plan consolidé avant-hier mercredi 15 octobre par le G27, n’auront-ils été qu’un coup d’épée dans l’eau ?
Il est banal de dire que la monnaie est le sang de toute économie moderne de marché. Banal aussi de dire que les banques, établissements de crédit, sont le cœur de cette économie. Banal aussi de dire que la banque des banques centrales nationales, c’est-à-dire la BCE, en est le cerveau. Que, c’est ce même cerveau qui commande la quantité et la qualité du sang, toutes deux nécessaires au fonctionnement harmonieux de notre économie. Et cela, grâce au fabuleux instrument qu’est son taux directeur. Taux que la BCE règle, par votre main, Monsieur le président.
On sait aussi, qu’après toute opération du cœur il faut rétablir la circulation corporelle du sang, y mettre du sang nouveau et même un peu d’anticoagulant. Peut-être faut-il procéder au même traitement, sur notre monnaie, suite au plan du G15 ? Pourquoi en serait-il autrement pour nous et l’euro, après avoir remis en marche le cœur de nos banques ? Qu’est-ce qui pose vraiment problème ? Les statuts ? L’Allemagne, comme souvent en matière de contrôle de l’inflation, c’est-à-dire de stabilité des prix ?
Le temps n’est-il pas venu aujourd’hui de ne plus ressasser l’inflation de la grande dépression des années 30 ?
L’Allemagne a aussi une économie qui souffre. En tant que moteur de l’Europe, l’Allemagne a la responsabilité de ne pas être un frein pour l’Union. Elle a donc, semble-t-il, l’impérieuse nécessité de mettre au placard ses vieux démons et d’accepter une baisse sensible ou graduelle du taux directeur de la BCE !
On conviendra, aujourd’hui, que les problèmes s’accumulent. Mais, les bonnes personnes aux bons endroits – du moins nous l’espérons – sont payées pour cela. Notamment en temps de crise.
Il convient peut-être de se hâter si l’on veut que l’efficacité du plan de l’Eurogroupe soit entière et rapidement optimale.
Quel est le bon moment, si ce n’est pas celui-ci, pour baisser le taux de la BCE, M. Trichet ? N’y a-t-il pas un effet de synergie à saisir, pour que votre action, ajoutée à celle de lundi dernier, fasse que 1 + 1 ne soit plus égal à 2, mais à 3 ?
Déjà, la parité euro/dollar, change. La tendance semble persistante depuis le 15 juillet 2008 où 1 € valait 1,6038 $US. Aujourd’hui, on se rapproche des 1,30 $US. Idem pour la baisse tendancielle du baril qui frise les moins 50 %. Des marges de manœuvre sont là. D’autres apparaissent encore.
Si on laisse l’économie européenne perdre du terrain ; si d’autres laissent aussi l’économie américaine perdre du terrain… quel avenir pour notre tissu économique et, in fine, quel avenir pour les générations futures ?
Demain se joue peut-être aujourd’hui ? Et, personne ne le sait !
N’avez-vous pas actuellement tous les moyens, techniques et institutionnels notamment, vous permettant de ne plus craindre une résurgence inflationniste telle celle des années 30 ? Rassurez-nous M. Trichet ?
Baisser le taux directeur, ce serait montrer que la BCE croit en elle et a confiance dans la solidité de l’euro. Ne pas baisser, c’est sans doute renforcer la volatilité des marchés en recherche désespérée de repères techniques.
En matière de monnaie, ne rien faire, c’est des fois faire trop !