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Sommet des pays émergents

Le second sommet Inde, Brésil, Afrique du Sud (pays IBSA) s’est tenu le 18 octobre dernier à Pretoria. Le Premier ministre indien, Manmohan Singh, le président brésilien Lula da Silva et le président sud-africain Tabo Mbeki ont participé à ce sommet.

Ces dirigeants se sont engagés à poursuivre en commun les réformes aux Nations unies et à relancer les discussions suites à la conclusion décevante du cycle de Doha à l’OMC. Ils ont affirmé que ces réformes étaient nécessaires. Ce sommet était destiné à développer des stratégies et propositions communes qui rassemblent les trois démocraties leaders des pays émergents. Cette déclaration, dite de Tshwane, insiste sur la volonté des trois pays à mettre tout leur poids dans ces réformes : la principale serait l’augmentation du nombre de sièges au Conseil de Sécurité des Nations unies ; "les négociations intergouvernementales sur les réformes du Conseil de Sécurité doivent commencer immédiatement".

Sur le cycle OMC de Doha, les dirigeants réunis ont noté que les négociations entraient dans une phase critique et que les pays développés "devaient s’accorder" sur des diminutions substantielles des subventions "altérant le commerce". Les trois leaders ont souligné le besoin pour un traitement différencié sur ce sujet pour les pays en développement. Manmohan Singh a déclaré que leurs pays étaient engagés à travailler pour un résultat positif, équilibré et équitable dans le cadre de ces négociations. Il a également déclaré : "nous essayons de bâtir un consensus pour que les pays pauvres gagnent quelque chose ; les pays riches doivent faire des concessions après avoir été favorisés pendant des décennies". En ce qui concerne leurs relations commerciales, les trois leaders considèrent que leur "alliance" est prête à "faire des progrès substantiels pour améliorer les échanges trilatéraux".

Une part importante de la déclaration commune était destinée à identifier les points à améliorer dans les domaines socio-économiques et à définir des approches communes pour pallier les déficiences actuelles. En notant que le terrorisme est une des principales menaces pour la paix et la sécurité mondiale, les trois leaders ont demandé à la communauté internationale de parvenir à éliminer la menace terroriste sous toutes ses formes. Les neuf pages de la déclaration de Tshwane indiquaient que la communauté internationale devait se concerter et coopérer pour éliminer cette menace ayant des conséquences sur le commerce et le développement des pays. S’adressant à la presse à la fin du sommet, Manmohan Singh a proposé une meilleure coopération entre les trois pays, mais il a noté dans le même temps que la mise en œuvre pratique de cette coopération ne serait pas "commercialement faisable dans un premier temps".

En cherchant à créer cette coopération entre les pays IBSA, Manmohan Singh a dit qu’ils souhaitaient atteindre un objectif de 30 milliards de dollars d’échanges en 2012. Le président brésilien Lula a souligné que les pays IBSA n’avaient exploité que 10 % du potentiel de leurs échanges commerciaux. Il a dit que les pays IBSA devaient se connaître et se tenir informés de leurs évolutions. Leurs communautés des affaires doivent également mieux se connaître pour créer des opportunités nouvelles.
Les trois pays ont également signé sept accords destinés à améliorer le commerce et le développement social. Ces pactes, espère le président sud-africain, devraient aider les pays IBSA à répondre aux défis de l’inégalité sociale et économique touchant une partie importante de leurs populations. Parlant pendant le sommet, le Premier ministre indien a appelé les pays IBSA à partager leurs expériences en tant que "démocraties pluralistes, économies en développement et aspirant à une croissance économique rapide". Il a révélé que son gouvernement développait des programmes à l’intention de l’"aam adami" (homme commun).

Ces programmes sont pertinents pour le Brésil et l’Afrique du Sud, ces pays connaissant, les mêmes défis dans une économie mondialisée. Dans un article publié par The Hindu, le président brésilien a déclaré que l’axe Inde-Brésil-Afrique du Sud permettait de donner une "poussée importante à une coopération Sud-Sud". Il a précisé qu’il s’agissait de la réponse de ces pays à un "ordre mondial" inégalitaire et clairement "incapable de traiter avec les enjeux urgents du développement et de la sécurité collective". "En face de la menace combinée du terrorisme, d’une pauvreté persistante et de problèmes environnementaux ou sanitaires, nous proposons plus de coopération et de solidarité". Il a déclaré que les dirigeants réunis étaient d’accord pour que la première étape soit une coopération plus étroite entre les économies émergentes d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie.

"Ensemble, nous pouvons donner aux pays du Sud une voix plus forte pour s’exprimer au sujet des enjeux critiques dominant l’agenda international". Le président Lula a précisé que les ambitions des pays IBSA dépassaient le cadre de leurs seuls pays. Il s’agit aussi de rassembler de plus vastes régions : Afrique australe, Amérique du Sud et tout le sous-continent indien. D’après lui, "le Brésil travaille sur un accord de libre échange entre le Mercosur, l’Afrique australe et l’Inde". Le Premier ministre indien est également revenu sur le récent contretemps concernant l’accord Inde-Etats-Unis pour le nucléaire civil. L’Inde a dû suspendre ses négociations avec les Etats-Unis et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) suite à une forte opposition politique intérieure.

En effet, avant de finaliser son accord avec les Etats-Unis, l’Inde doit d’abord signer un accord avec l’AIEA et le Nuclear Supplier Group (NSG) concernant la sécurité du transfert de technologies nucléaires civiles. Au niveau de l’axe IBSA, des pays comme le Brésil et l’Afrique du Sud ont apporté leur soutien à l’Inde pour les négociations avec le NSG. Certains pays du NSG sont opposés à cet accord historique dans le nucléaire civil. Mais le soutien du Brésil et de l’Afrique du Sud a permis de faire évoluer les positions. D’autres pays comme la France et la Russie sont intéressés par l’issue des négociations avec les opposants indiens à ce projet. Un accord avec le NSG et l’AIEA signifiera en effet l’ouverture du marché indien aux industriels nucléaires du monde entier.


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