Quand le Conseil Régional de Lorraine et la SNCF obligent à emprunter le TGV ...
Le 10 juin 07, lors de l’arrivée du TGV Est en Lorraine, une nouvelle offre TER Métrolor se mettra en place. Elle obligera les étudiants nancéiens de la ligne Epinal-Saint-Dié à emprunter inutilement le TGV entre Epinal et Nancy, avec une augmentation de tarif de plus de 40%. A l’heure où le développement durable doit être promu, le Conseil Régional de Lorraine et la SNCF désavantage l’utilisation du train et mettent en place une discrimination financière. Etat des lieux ....
Cette année voit l’arrivée du TGV Est Européen en Lorraine et, notamment, dans les Vosges. Le TGV associe l’innovation, la rapidité, l’accessibilité et une politique d’ouverture et de désenclavement.
A l’opposée, la ligne TER Métrolor Epinal-Saint-Dié souffre d’être laissée à la marge de toute amélioration, de tout intérêt porté par la SNCF et le Conseil Régional de Lorraine, Autorité Organisatrice du TER.
La refonte mise en place en juin 2007 avec l’arrivée du TGV ne présage rien de bon. Celle-ci met en danger la ligne. En effet, la praticité de la ligne, son attrait et son développement ne pourront pas être au rendez-vous. Des exemples relatent les paradoxes qui rendent l’accès au TER financièrement discriminatif, et la population de la vallée de la Vologne en dehors de la
politique de développement du TER.
Présentation de la ligne Epinal-Saint-Dié
La ligne Épinal-Saint-Dié, par son prolongement vers Strasbourg, a la particularité de lier la préfecture vosgienne à Strasbourg, lieu stratégique européen, mais aussi gare principale pour atteindre l’Allemagne et, dans un premier temps, l’ensemble des destinations régionales (Rennes, Nantes, Lille, Bordeaux, ...) offertes par le TGV Est. Cette ligne dessert également Saint-Dié, sous-préfecture qui possède un fort potentiel éducatif et professionnel, tout comme Epinal, Arches et Bruyères.
De plus la ligne Epinal-Saint-Dié, qui contient deux gares qui recevrons le TGV : Epinal et Saint-Dié, permet de désenclaver la vallée de la Vologne et de franchir le montagnes vosgiennes. Elle offre aussi, grâce aux correspondances à Epinal et Saint-Dié, un accès à Nancy.
Le document « BILAN ET ENJEUX DU CONVENTIONNEMENT TER METROLOR » publié par le Conseil Régional de Lorraine en 2006, affiche des progressions notables de trafic sur la ligne Épinal-Saint-Dié (+
8,7% entre 2005 et 2001, et + 4,3% entre 2006 et 2005).
Inadaptation des futurs horaires
L’offre actuelle, qui est valable jusqu’au 9 juin 2007, est celle mise en place depuis plusieurs années. En effet la ligne n’a pas connu de modification ni d’amélioration depuis longtemps, à l’opposé d’autres lignes du réseau Métrolor, qui bénéficient de soins importants de la part du Conseil Régional (CR) et de la SNCF.
Le temps de parcours de la ligne Épinal-Strasbourg est très long, plus de 2h30 pour joindre Épinal à Strasbourg, et plus d’une heure pour aller de Saint-Dié à Épinal, alors que le temps par voiture est respectivement de 2h10 et 55 minutes.
Cela est encore plus flagrant pour rejoindre Nancy depuis n’importe quelle gare de la ligne Épinal-Saint-Dié. Ainsi, pour joindre Docelles à Nancy, il faut au minimum 1h10 en train (une fois par semaine, le dimanche soir, sinon la durée varie de 1h16 à 1h29), et seulement 55 minutes en voiture.
Ces différences sont dues :
- premièrement, à une vitesse commerciale faible, du fait d’arrêts nombreux, mais qui donnent toute la définition et l’intérêt de cette ligne permettant de désenclaver la vallée de la Vologne, d’une vitesse limitée à 90km/h et d’un matériel automoteur poussif, dont les performances d’accélération ne répondent pas au service demandé ;
- deuxièmement, à des correspondances longues en gares d’Épinal et Saint-Dié, qui pourraient être ramenées à 8 minutes maximum, au lieu des 20 minutes parfois constatées ;
- troisièmement, à des correspondances réalisées sur des trains en direction ou en provenance de Nancy qui sont omnibus et donc à temps de parcours longs.
On peut aussi reprocher à la situation actuelle de ne pas permettre un nombre de correspondances suffisant vers ou depuis Nancy, alors qu’une telle correspondance pourrait avoir lieu à chaque arrivée ou départ des gares d’Épinal ou de Saint-Dié. La ligne est gérée comme une ligne isolée, alors qu’elle est partie intégrante d’un réseau. L’offre actuelle sur la ligne répond
donc de la manière la plus simpliste et plus faible possible aux demandes des employés, lycéens et étudiants qui peuvent emprunter la ligne. Il n’y a pas de relations qui permettent de répondre à une demande de transport pour des activités de plaisir, ou à une flexibilité dans l’activité journalière.
L’accès au TGV est possible chaque jour (sauf le samedi). Du lundi au vendredi : Aller à Paris par Saint-Dié (arrivée à Paris à 9h45), le retour par Épinal (départ de Paris à 18h12). Le dimanche : retour de Paris par Saint-Dié, départ 14h12, aller à Paris, utile pour les Vosgiens rentrant sur Paris,
arrivée à 20h45.
Néanmoins, l’accès au TGV via une correspondance à Nancy n’est pas aussi aisé qu’espéré. Ainsi la durée des correspondances cumulées (Épinal+Nancy ou Saint-Dié+Nancy) dépasse les 50 minutes. De plus les correspondances du dimanche à Épinal et Saint-Dié sont longues (26 et 20 min).
Concernant les correspondances pour Nancy via Saint-Dié et Épinal, on note la création d’une correspondance assurée à Épinal pour le train arrivant de Saint-DIé à 20h49, avec départ pour Nancy à 21h02. A l’inverse, la correspondance à 13h56 pour rejoindre Nancy par Épinal (arrivée du
train Saint-Dié-Épinal à 13h49) est supprimée.
Au total le nombre de correspondances reste identique, et n’est pas augmenté. De plus la durée moyenne des correspondances reste aux alentours de 15 minutes.
Pire encore, le Conseil Régional et la SNCF obligent à l’emprunt du TGV. En effet, les étudiants ou autres voyageurs, désirant rentrer dans les Vosges depuis Nancy vers 18h le vendredi, et devant passer par Épinal, n’ont plus la possibilité de prendre le train qui partait à 18h11. Reste alors la possibilité de passer par Saint-Dié (mais cela allonge la durée (et parfois le coût) du
parcours : par exemple, pour la gare de Bruyères, la durée du trajet sera allongée de 24 minutes (2h16 via Saint-Dié, contre 1h52 actuellement via Épinal), pour la gare de Docelles-Cheniménil, on arrive à plus de 50 minutes), ou d’attendre 19h42, avec correspondance à 20h40 à Epinal, mais là, l’emprunt du TGV est obligatoire. Comme les tarifs régionaux (Métrolor, Métrolor Réduit, Abonnements...) ne sont a priori pas applicables dans les TGV, les usagers devront payer davantage : ainsi le trajet Nancy-Docelles reviendra à 7€ de TGV entre Nancy et Épinal et 1,5€ de tarif Métrolor Réduit entre Épinal et Docelles, soit 8€50 au lieu des 6€ actuels, soit une
augmentation de 42%, et ceci va crescendo plus on s’éloigne d’Épinal.
Mais le plus incroyable vient de l’offre proposée le dimanche soir. Il est certain que les trains empruntés à cette période le sont par les étudiants. Ainsi le train Saint-Dié (18h12) Épinal (19h18) qui continue actuellement jusque Nancy (arrivée 20h10) en étant sans arrêt d’Épinal à Nancy, fait partie de ceux-là, car il était pratique et rapide.
Néanmoins il est supprimé et remplacé par un TER (Saint-Dié 16h56 - Épinal 18h05) obligeant l’emprunt du TGV pour se rendre à Nancy le dimanche soir (départ d’Épinal 18h31, temps de correspondance : 26 minutes). Ceci entraîne une augmentation des tarifs de plus de 40%, et une augmentation du temps de parcours de 18 minutes. La solution alternative proposée par le CR est, soit un départ plus tôt dans l’après-midi via Saint-Dié (durée du long trajet Bruyères-Nancy via Saint-Dié : 2h17 avec départ à 15h46), soit de partir le lundi matin pour une arrivée aux alentours de 8h30 à Nancy, ce qui ne permet pas pour beaucoup d’étudiants d’être à l’heure à leurs cours. Finalement, le service proposé est plus cher, moins
rapide, oblige à partir plus tôt des Vosges, et ne répond pas à une grande partie de la demande actuelle, qui est étudiante. Le CR et la SNCF privilégient la clientèle qui souhaite revenir ou partir vers Paris, en oubliant la clientèle estudiantine et/ou locale.
Des solutions existent, comme la remise en route du TER roulant jusqu’au 9 juin qui part de Saint-Dié à 18h12 pour arriver à Nancy à 20h10. Cela permettra de répondre à la forte demande étudiante, et de faire profiter à la population vosgienne de l’arrivée du TGV le dimanche.
Pour conclure, on peut voir que l’offre proposée sur la ligne Épinal-Saint-Dié sera de mauvaise qualité pour les voyageurs locaux, pire que l’actuelle, alors que celle-ci n’est déjà pas bonne.
La ligne Épinal-Saint-Dié n’a pas eu de renouvellement d’offre depuis longtemps. Elle mérite une refonte complète. En effet, même après l’électrification des lignes jusque Remiremont et Saint-Dié, avec l’avènement du TGV et les modifications des offres TER sur les ligne Nancy-Remiremont
ou Nancy-Saint-Dié, la ligne Épinal-Saint-Dié a été laissée à l’écart.
Inadaptation du matériel
Par ailleurs, le déploiement des nouveaux engins n’est pas en notre faveur. Ils sont préférentiellement utilisés sur les lignes à plus fort potentiel. Nous n’avons droit qu’à des autorails EAD rénovés dont les performances dynamiques ne sont pas meilleures que les non-rénovés. Alors
qu’un AGC avec une accélération plus importante donnerait une durée de parcours plus courte, les EAD poussifs mettront encore plus d’1h04 à faire la soixantaine de kilomètres séparant Épinal de Saint-Dié.
Les EAD ont aussi comme inconvénient un accès difficile à cause de leur haute marche aux portes, contrairement aux AGC, qui sont de plein pied. Le temps de montée et descente aux arrêts est donc plus grand avec un EAD qu’avec un AGC.
Inadaptation de l’information
De plus, les retards sur la ligne sont nombreux. Les informations de la SNCF sont inexistantes. Peu de choses sont donc faites pour rendre le train de la ligne Épinal-Saint-Dié attirant, pratique et concurrentiel par rapport à la voiture.
Alors que la région Lorraine et la SNCF augmentent les fréquences de trains sur les lignes Metz-Saarbrücken, Nancy-Metz-Luxembourg, Nancy-Épinal, Nancy-Saint-Dié et ceci depuis plusieurs années, aucune amélioration n’a lieu sur la ligne Épinal-Saint-Dié. Il est quand même
étonnant, que même grâce aux travaux faits par RFF afin d’améliorer la vitesse de circulation des trains entre Bruyères et Arches, la région y réponde par une diminution de la qualité de l’offre, et ce sans raison ni concertation. Alors que les seules attentes des passagers pour cette ligne, et ce du fait de la faiblesse de l’offre en service jusqu’au 9 juin, ne peuvent être qu’une augmentation du nombre de circulations, la région Lorraine et la SNCF font l’inverse.
La région Lorraine ne semble pas comprendre que si les passages de trains sont incompatibles avec la demande des passagers potentiels, ceux-ci ne les prendront plus.
Il ne faudrait pas que la région et la SNCF favorisent le transport personnel alors qu’elles n’ont de cesse de nous dire qu’elles veulent diminuer la dépendance des Lorrains vis-à-vis de la voiture.
Il ne serait pas non plus correct que la région Lorraine mette en place une discrimination entre les différentes populations de Lorraine, celle-ci étant basée sur sa position par rapport à une ligne ferroviaire.
L’accès aux pôles d’enseignement et de travail n’est plus assuré dans des conditions normales. L’obligation d’emprunt du TGV et de paiement d’un billet plus de 40% plus cher qu’actuellement revient à discriminer la population vis-à-vis des actions régionales mises en place par la SNCF et la Région Lorraine. La population de la Vallée de la Vologne ne peut et ne veut ni être l’oubliée des transports ferroviaires, ni subir financièrement, quotidiennement et moralement les discriminations mises en place par la Région et la SNCF.
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