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Grosse fatigue médiatico-politique

Il y a quelques jours de cela, j’envoyais un courriel à une amie. Le titre : « Grosse Fatigue ». Non pas tant en raison de cette fichue grippe ayant perturbé quelques jours durant la mise à jour d’Europeus mais bien d’un trop-plein d’attendus. Oui, d’ « attendus ». Entre autres exemples, l’annonce du divorce du couple Sarkozy un jour de grève nationale et d’ouverture des négociations sur le traité de Lisbonne. Résultat sans surprise : le couple tient la corde médiatique, passe en une. Le mouvement de grève se résume à un rassemblement d’emmerdeurs dont on ne sait d’ailleurs trop de quoi ils se plaignent. Opération politique réussie. Reste à trouver autre chose pour la mi-novembre : Nicolas en compagnie d’une jeune et belle tchadienne... ? A voir... Quant au traité européen, ce fameux simili constitutionnel bis, une fois encore, sans doute, « trop compliqué, pas assez vendeur ». Bref tout au plus une brève télévisée, quand l’information ne passe pas purement et simplement à la trappe. Faites l’expérience autour de vous : demandez à vos proches, à vos collègues ce que contient le texte...

Autre exemple d’attendu, le silence désespérant de nos élus sur le mode de ratification du traité : pensez-vous qu’une majorité, sinon un grand nombre d’entre eux, se serait levée non pas juste pour demander un référendum national (et encore, qui le demande vraiment...) mais transnational ? Et puis quoi encore : manquerait plus que l’Europe ait vocation à devenir... européenne ! Ou que nos élus ne révisent pas uniquement les régimes spéciaux de retraite des autres mais aussi le leur... Qu’ils s’appliquent à eux-mêmes ce qu’ils imposent aux autres. Français, soit européen mais ne demande pas à l’Etat de l’être ! Ne souriez pas, ça en devient désespérant, surtout quand vous lisez ici ou là que le grand vainqueur du texte est le citoyen ! Parlez-moi d’avancées, je peux comprendre. Mais de victoire, non : le ridicule ou le militantisme aveugle a ses limites.

Bien sûr, on pourra toujours dire comme certains que convoquer le même jour l’ensemble des électeurs européens, les impliquer autant qu’ils sont dans la définition de leur avenir n’est que « diversion », que « grandes déclarations irréalisables à court terme ». Mais une question, juste comme ça : sommes-nous tombés si bas dans l’échelle du nihilisme politique que l’on trouve tout à fait normal et réalisable de partir à la conquête de Mars, de cloner des cellules souches ou je ne sais quoi encore mais absolument inenvisageable d’organiser un référendum duquel sortiraient « vainqueurs » 50% + 1 des électeurs européens ?

Là encore, je veux bien comprendre que lutter contre le cancer, percer le secret de la téléportation ou du succès des Teletubbies puisse prendre du temps, ne soit pas aisé à réaliser ; mais que nos chefs d’Etat et de gouvernement (de tous bords) se refusent à jouer la carte européenne alors même qu’ils vantent à tout va les charmes de l’Union et de sa citoyenneté, non, désolé, je n’y arrive pas. Quelque chose bloque, m’échappe. A moins que l’on nous prenne pour des buses, hypothèse, à bien y réfléchir, à ne peut-être pas négliger...

Le jour où les médias français pousseront en ce sens (celui d’une consultation pleinement européenne), les choses changeront peut-être. En même temps, on peut en douter tant les rédactions ont - sauf quelques exceptions de plus en plus rares - pris le pli de se laisser dompter par les départements marketing et commercial. De ne se concevoir que comme une dépense à inscrire au bilan et non comme une contribution aux recettes. Que ceux qui ne connaissent pas encore cette tristement célèbre petite phrase l’enregistrent pour les années à venir : dans la plupart des médias, « le journaliste a (et aura de plus en plus) pour rôle de remplir les blancs entre les pubs » ! Vous êtes-vous d’ailleurs déjà demandés pourquoi tant de journalistes professionnels avaient ouvert un blog... ?

Autre truc attendu, le mépris (ou ce qui y ressemble fortement) assumé de certains représentants de l’Etat français envers ceux qui les ont portés au pouvoir : hausse de 140% du salaire du président de la République, réévaluation du budget de l’Elysée à 100 millions d’euros annuels, dépénalisation du droit des affaires, défense du régime spécial des élus pendant que ceux-ci demandent aux salariés d’autres branches bénéficiaires de mettre fin aux leurs. Le tout sur fond de continuelle morosité économique et sociale, que ne saurait rassurer la tendance inflationniste du moment. Autant dire que la caricature présidentielle actuellement proposée par le syndicat étudiant Unef (voir vidéo) n’est peut-être pas qu’affaire de mauvais goût...

Autres élus, ou aspirants, ceux de l’opposition, pour peu que celle-ci ne se résume pas - au moins le temps d’une promotion littéraire - à la seule personne de Dominique de Villepin, ne sont guère perchés moins haut dans la hiérarchie du non-sens. Au PS, le navire semble ne plus en finir de prendre l’eau. La situation en est à ce point devenue risible que certains membres préfèrent encore rejoindre un MoDem dont on se demande pourtant déjà si sa capacité à décevoir ne sera pas au moins égale à celle qu’il a eu d’enthousiasmer. Quant aux Verts, si vous les croisez...

Dernier point, les tests ADN : tout va bien... L’amendement Mariani, nous explique l’UMP, a été vidé de son contenu. De quoi se plaint-on ? Non mais ! Et puis, pour reprendre les termes d’un journaliste/blogueur oeuvrant sur une chaîne d’information internationale : « Il est évident qu’un Australien ou un Américain n’aura pas à passer par le test ADN, la plupart du temps pour la simple raison que l’état civil de ces pays n’éveille pas autant de soupçons que, disons, celui de la RCA ou du Mali. Est-ce pour autant du racisme ? Vous le pensez ? Moi pas. » Là encore, je ne m’étonne même plus de lire cela... Enfin si, un peu, quand même, mais pour combien de temps encore... ?

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4 réactions à cet article    


  • Karibou 6 novembre 2007 15:04

    Bonjour, effectivement a moi aussi l’article résume bien ma pensée du moment, j’ajouterais un point pessimiste : je vois pas trop comment sortir d’une telle situation, et j’ai de plus en plus l’impression que toute possibilité de donner son opinion est vérouillée (ou pire, ignorée tout simplement).

    dure réalité.


    • anny paule 6 novembre 2007 16:38

      Nous avons banni la TV... La radio, quelle que soit la « chaîne » est aussi la « voix de son maître »...

      Cela fait du bien de trouver des gens qui réfléchissent dans le même sens que nous...

      Mais la conscience des choses et la réflexion ne suffiront pas à sortir de l’impasse dans laquelle nous sommes...

      Il faudra autre chose ! Il faudra construire une résistance véritable... la question reste : comment ?

      Or, l’urgence devient chaque jour plus grande.


      • Europeus Europeus 6 novembre 2007 18:31

        @ AB

        Tout simplement merci, même si j’aurais aimé faire un constat un plus plus joyeux smiley

        @ Karibou

        « verrouillé », pas sûr. Mais sciemment ignoré, oui, malheureusement. Là encore, on en revient à une auto-censure ambiante des journalistes, qui a commencé avant Sarkozy. La raison n’est d’ailleurs à mon sens pas que politique, loin de là. Chose encourageante, une partie de la profession (étrangement pour la plupart aussi des journalistes/blogueurs) commence à mettre le sujet sur la place publique. Le côté rassurant à tout cela, l’émergence de nouveaux médias un peu moins décérébrés que la moyenne : Rue89, Agoravox, etc.. Reste à trouver le modèle économique pour consolider le tout.

        Autre chose qu’il importera de faire : re-séparer rédactions et départements marketing et commercial. Les deux doivent réussir à travailler ensemble. Par contre que les commerciaux se mettent une bonne fois dans le crâne que si un journal attire des annonceurs c’est peut-être aussi parce qu’il est lu, et que passer son temps à taper l’incruste dans la ligne éditorial d’un journal (papier ou en ligne) revient à terme à détruire l’ensemble de l’édifice (service commercial compris...).

        @ Anny Paule

        Je ne suis pas convaincu que bannir télé, radio & cie soit forcément un bien. Apprendre à les décrypter me paraît plus intéressant. Qui plus est, tout n’est pas mauvais dans la télévision smiley Petite parenthèse à ce propos et vrai coup de coeur pour Arte +7 : innovant, intelligent, pratique (au moins pour ceux qui comme moi n’avaient pas forcément le réflexe Arte en rentrant le soir).

        Quant à la résistance, la chose n’est pas gagnée, loin de là, d’autant plus qu’il s’agirait en ce cas de se bagarrer contre quelque chose d’immatériel, contre un constant nivellement par le bas, accentué d’année en année. On a commencé avec Tf1 qui nous expliquait que, de retour du boulot, les gens étaient trop épuisés pour regarder autre chose que des jeux télévisés plus idiots les uns que les autres / ensuite est venu le temps du plus toujours court en presse papier au point de ne plus rien expliquer / celui du refus de traiter certains thèmes comme l’Europe au motif que la chose était trop compliquée pour les pauvres âmes que nous sommes / celui de la politique slogan (2007 aura été un grand cru en la matière, entre « bravitude » et « travailler plus pour gagner plus » - Chirac et Mitterrand devaient d’ailleurs ne vraiment rien faire de leurs journées pour ne mériter qu’un salaire de 140% à celui de Nicolas Sarkozy...) / etc, etc..

        Autre parenthèse, mais incroyablement explicite quant au fonctionnement de notre société : on nous parle à longueur de journée de développement durable, d’écologie, de hausse du prix de l’énergie, de notre désespérante dépendance à celle-ci : soit, très bien : mais combien savent qu’il est par exemple impossible d’équiper le toit d’un immeuble de panneaux solaires dans une ville comme Strasbourg (au moins en son centre), les Bâtiments de France l’interdisant au motif que cela dénaturerait le patrimoine architectural et historique de la ville (que l’immeuble soit neuf ou ancien...). Le décalage entre le discours et les actes en devient parfois grotesque... Mais bon, comme dit, grosse fatigue (a priori... durable) smiley

        Christophe


      • brieli67 8 novembre 2007 00:02

        dix ans déjà http://www.espaces-transfrontaliers.eu/ et l’Eurodistrikt Strasbourg-Ortenau encore dans les langes. Oseront ils aborder le paradoxe belge ?

        Les héros sont un peu fatigués de Greenpeace on sert sa militance à l’escargot du Slowfood

        on regrette presque un peu son implication http://www.utopia-terre.org/ autour de Dominique Méda quoique un peu de ripoline celà repartirait

        ou

        http://terresacree.org/index.htm assoce plumée sous Chirac et plus d’accès gratuit à l’ AFP au départ que des coupures de presse scientifique sorties des poubelles.

        Les articles comme le tien sont trop rares. Par contre on dirait que Daudet son fils pardon fait plein d’émules de nos jours.

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