Encore un journaliste tué en République démocratique du Congo ! Didace Namujimbo, journaliste à
Radio Okapi (radio de l’Onu), âgé d’une trentaine d’année a été froidement abattu le 21 novembre à Bukavu, chef lieu de la province du Sud Kivu, dans l’est de ce pays. Après le meurtre toujours dans la même ville de Serge Maheshe, son collègue et ami, ce crime abject plonge l’ensemble des journalistes congolais dans l’insécurité totale. J’irai même plus loin en affirmant que le journaliste congolais sait d’office que la mort l’attend à chaque fois qu’il a fini son travail.
Cette mort ne concerne pas les journalistes « d’Etat » qui tiennent des propos et des informations confortant carrément le pouvoir en place. Des journalistes qui se laissent corrompre, qui se font la caisse de résonance des hommes politiques puissants, des journalistes qui ont induit la population en erreur pendant les élections de 2006.
Cette mort concerne plutôt ceux qui, au moyen de leurs images, leurs stylos ou leurs micros, osent dénoncer un régime autocratique d’apparence démocratique.
En novembre 2005, Frank Ngyke, journaliste dans le quotidien "La Référence" a été assassiné à quelques mètres de chez lui .
Louis BAPUWA MUAMBA, ancien journaliste à l’Agence France Presse (AFP), au magazine "Jeune Afrique Economie " et enfin indépendant publiant dans les journaux dits de l’"opposition politique" a été abattu, lui en 2006 dans sa chambre.
Le fiasco des procès des assassins présumés de tous ces journalistes a rendu possible d’autres éventuels crimes. Les récidivistes sont encouragés, les auteurs de crimes courent toujours les rues.
Si ces grands journalistes expérimentés ont été assassinés pour avoir dit tout haut ce que les autres disent tout bas, d’autres sont arrêtés sans procès puis torturés. A peine quelques jours, Mbuyi Bwebwe, Directeur de programme de la chaîne Raga TV a été ecroué avec deux autres journalistes dans les cachots de l’Agence nationale de renseignement du Congo( ANR), pour avoir diffusé une interview d’un opposant, Roger Lumbala. Celui-ci critiquait le président joseph Kabila qui avait décidé de déplacer ses bureaux pour l’Assemblée nationale. En sus de ces cas très connus, beaucoup d’autres chevaliers de la plume croupissent en prison sans procès et pendant plusieurs années.
Inversant l’échelle des valeurs, au Congo ce sont les journalistes qui sont terrifiés et intimidés en lieu et place des malfaiteurs et assassins.
Conséquence : ils sont muselés, ils voient et entendent des choses mais ils n’osent le dire craignant de perdre leur vie.
Le journaliste congolais fait donc partie de la génération des sacrifiés dans un pays pourtant démocratique comme l’indique son nom.
Qui va les protéger ?