• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Actualités > Politique > En Asie, les crises s’aiguisent !

En Asie, les crises s’aiguisent !

L’Asie est le plus peuplé des continents de la planète. C’est aussi celui où sont apparues récemment des économies occupant des places « significatives » dans le monde. C’est aussi celui où les crises en cours ou en gestation sont les plus dangereuses pour l’avenir de la planète. Petit coup d’oeil en forme de synthèse... Et une invitation à ne plus ignorer ou minorer ce qui est la réalité.

En termes économiques et démographiques, l’Asie est le continent qui, et de loin, pèse aujourd’hui le plus lourd. Chacun connaît ses géants qui s’inscrivent dans le marché mondial : Japon, Chine, Inde, et, derrière et plus modestement, la Corée du Sud, Taïwan, Singapour, la Malaisie.

Dans les actualités quotidiennes, les événements graves et sanglants qui s’y déroulent sont souvent relégués dans les pages intérieures des journaux ou dans les "sujets" secondaires de l’audiovisuel. Et pourtant, une vérité se fait jour pour les plus perspicaces : si l’avenir du monde se discute "apparemment" à Washington, voire à Bruxelles, c’est à l’Est que le destin de l’humanité est en train de se forger, donc de se dessiner.

D’où la nécessité de se pencher, sous forme d’un tableau de synthèse des réalités, sur les processus en cours dans ce continent gigantesque, considéré à tort comme "secondaire" par certains, encore trop nombreux à ce jour.

L’Asie occidentale s’embrase lentement

Il importe de commencer notre étude par les régions asiatiques les plus proches de l’Europe. Tout de suite, on comprendra que la situation qui y apparaît est non seulement agitée, mais potentiellement fort inquiétante.

Tout d’abord, nous avons les tensions en Turquie même, au sein du pays, tensions qui s’expriment sous des formes politico-religieuses de plus en plus violentes. En dehors, nous trouvons le conflit interne poursuivi avec les séparatistes kurdes. Ce dernier problème nous amène directement à la situation catastrophique des populations en Irak, conséquence directe de l’invasion américaine en 2003, qui se poursuit aujourd’hui par une occupation sanglante du pays, générant des conflits politiques s’exprimant là aussi sous des couverts religieux et/ou ethniques.

Au bord de la Méditerranée, le Liban souffre et sombre dans une nouvelle guerre qui n’a pas encore trouvé son nom officiel pour l’Histoire, mais qui est bien une guerre avec son lot de morts et de destructions. Au sud, le conflit entre l’Etat d’Israël et le peuple palestinien se poursuit et s’accentue, ou, c’est selon, se radicalise avec la montée en force du Hamas qui fait pièce à l’intransigeance israélienne. Là aussi, l’avenir semble être à la violence, et non à la concorde et à la paix.

Les pays du Golfe arabo-persique sont en apparence des Etats stables, mais aucun observateur ou analyste politique sérieux n’ignore que, sous la dure loi des monarchies archaïques, la situation est explosive dans les profondeurs des sociétés en question. Ces Etats peuvent être comparés, pour ce qui est de leur statut politique, à des "grenades dégoupillées" dont on ne sait pas quand elles éclateront, mais dont on est sûr qu’elles vont exploser, avec des conséquences mondiales incalculables à cette heure sur tous les plans.

En Iran, la dictature théocratique est toujours divisée et instable, sous des apparences de dureté renforcée. La corruption gangrène le pays, la répression entrave tout développement réel de l’économie, et la pression internationale y développe une situation matérielle quotidienne de plus en plus difficile, le tout dans un pays qui sort d’une longue et épuisante guerre avec l’Irak. En un mot, l’Iran est un Etat tout sauf stable !

Plus à l’Est, l’Afghanistan est en guerre : forces liées aux talibans, chefs de guerre locaux connectés aux trafics en tout genre, corruption massive, occupation militaire étrangère, affrontements interethniques ou tribaux, la situation y est confuse, la population vit dans des conditions de pauvreté accrue et l’avenir a la couleur du sang quotoidien versé par les bombes des uns et des autres.

Le Pakistan vit, notamment depuis 2003 - date de l’appui du gouvernement Musharraf à l’attaque américaine contre l’Irak - à l’heure des émeutes, des manifestations, des grèves et des crises politiques qui nen finissent plus. A l’évidence, cet Etat est dans la tourmente de violence qui embrase l’ensemble de l’Asie occidentale.

L’Asie Centrale et l’Inde : entre instabilité et croissance

En Asie centrale, la situation peut sembler, au moins en apparence, un peu plus sereine qu’à l’Ouest du continent.

C’est oublier que le conflit en Tchétchénie n’est pas encore terminé, que les Républiques caucasiennes et d’Asie centrale, issues de l’effondrement de l’URSS, sont pour leur quasi-majorité, au pire des dictatures, au mieux des Etats instables et volatiles, victimes de tensions internes et externes dont le caractère inflammable ne peut échapper à aucun observateur sérieux. Cette définition est surtout applicable aux pays de la région riches en pétrole et en gaz naturel. Chacun de leur côté, Moscou et Washington y poussent les pions de leurs intérêts respectifs, pas toujours contradictoires d’ailleurs entre eux, au détriment des peuples de la région et de leur développement économique pérenne. Au-delà de cette "compétition", les autorités de Pékin commencent aussi à tisser leurs liens, patiemment, mais solidement...

L’Inde est un de ces géants asiatiques, dont le développement récent, largement passé inaperçu pendant la dernière décennie - tous les yeux des observateurs étaient alors exclusivement tournés vers la Chine -, est aujourd’hui une donnée incontournable. Le pays est toujours traversé de crises politiques rampantes, de mouvements séparatistes et interconfessionnels violents, jusqu’ici contenus par les autorités centrales, lesquelles se sont appuyées pour atteindre cet objectif sur la croissance rapide de l’économie du pays et des réformes modestes, mais réelles, créant une classe moyenne nationale. La question qui peut se poser ici est la suivante : que se passera-t-il si l’économie indienne subit un krach destructeur ou si le pouvoir central se disloque ? D’un certain point de vue, l’Inde est à la croisée des chemins : tout va se jouer sur l’usage social, donc politique, que les autorités vont faire de leurs moyens financiers nouveaux en faveur des populations défavorisées, de toutes les Etats, de tous les groupes ethniques ou religieux du pays.

Bien évidemment, un survol de cette région ne peut éviter la situation de guerre larvée qui existe et se développe au Sri-Lanka entre le pouvoir central et les rebelles tamouls. Là aussi, la situation est hautement inflammable.

L’Asie du Sud-Est : corruption, incompétence, guerres civiles

Au Népal, le situation est celle d’une quasi-guerre civile entre les rebelles maoïstes et la monarchie au pouvoir. Au Bhoutan, la pauvreté est telle que le gouvernement est aussi instable. Au Bangladesh, un pouvoir militaire a déstabilisé en profondeur le pays qui est menacé d’éclatement. La Birmanie ou Myanmar est une dictature incapable de s’ouvrir et de se démocratiser, où le pouvoir militaire en place semble largement soumis à la seule défense de ses propres intérêts matériels, et refuse de même s’intéresser aux problèmes urgents de la société et de la population. Ce pays est en ébullition.

La Thaïlande est aussi en crise et la corruption des responsables politiques est son plus grand problème car il est intrinsèquement relié à leur profonde incapacité à donner une impulsion véritable au développement du pays, occupés qu’ils sont à profiter des mannes financières qui ont plu sur ce pays, notamment via le tourisme, ces dernières années. Incompétence et corruption sont les deux maux de la Thaïlande. Le pays est, de plus, maintenant menacé par des mouvements islamistes séparatistes qui utilisent la violence afin d’atteindre leurs buts politiques. Le pays peut s’embraser à tout moment.

Le Laos végète dans sa pauvreté sous son actuel régime, proche de celui de Pékin. Le Vietnam a connu ces dernières années, en confluence avec son puissant voisin chinois, une expansion économique certaine, bien que là aussi, la corruption manifeste au sein du régime dictatorial n’ait pas permis que les investissements étrangers dans le pays profitent à la quasi-majorité de la population. Les révoltes sociales et les grèves s’y multiplient, comme en Chine.

Le Cambodge semble stagner depuis sa "démocratisation", là aussi, la question de la responsabilité profonde des dirigeants dans cette situation d’immobilisme est posée.

La Malaisie est un cas d’exception : elle a maîtrisé jusqu’ici les menaces de séparatisme de partis islamistes et a, en parallèle, développé une économie dynamique. Sa stabilité future repose, comme pour l’Inde, sur la pérennité de cette expansion et sur la distribution égale des profits que celle-ci génère, dans la population, particulièrement en direction des couches défavorisées et dans toutes les régions du pays.

L’Indonésie est dans une situation permanente d’instabilité politique, embrasée avec régularité par des violences religieuses et/ou ethniques. Son avenir, dans le contexte actuel, paraît très incertain.

Asie orientale : sous la surface paisible, le volcan bouillonne

Il nous reste à examiner les cas de la Chine, du Japon, des deux Corées, de Taïwan et des Philippines.

C’est en Chine à coup sûr que la situation générale, sociale, économique et politique est, sous une apparence trompeuse de calme, la plus grosse de dangers potentiels. Tous les observateurs sérieux connaissent les faiblesses du régime qui a assis sa politique économique et sa gestion de celle-ci sur le massacre du 4 juin 1989, fait patent que la fille de Deng Xiao Ping vient encore de souligner récemment dans la presse chinoise.

La dictature de Pékin est en effet d’une terrifiante et menaçante instabilité pour le monde entier : elle jugule de moins en moins des situations explosives croissantes dans tous les domaines. Elle est gangrenée par une corruption dont la presse fournit chaque jour des exemples multiples, et ce à tous les niveaux. Le pays vit dans le mensonge permanent, la dissimulation ou la négation des réalités, d’où une incapacité totale à apprécier, anticiper et gérer les menaces qui se multiplient. La Chine est au bord d’une immense explosion sociale et politique inévitable dont les effets seront très dévastateurs pour l’ensemble de la planète.

La Corée du Nord est toujours sous domination aussi d’une dictature de même nature, mais avec une capacité d’influence sur la situation mondiale bien moindre. Elle recherche, par la pression militaire, des capitaux étrangers pour sortir l’économie du pays de son bourbier ancien. De ce point de vue, elle semble obtenir quelques succès dans cette voie avec 2 milliards de dollars contre la fermeture de sa centrale nucléaire de Yongbyon.

La Corée du Sud souffre aussi de la corruption, y compris au sein de ses dirigeants économiques comme l’a démontré le très médiatique scandale Samsung voici peu. Sa vitalité économique a fortement décru en proportion ces dernières années, et le mécontentement social y croît fortement. C’est un pays aussi en grande effervescence sociale.

Taïwan continue toujours, mais à vitesse ralentie depuis quelques années, son développement économique, mais la société doit faire face aux problèmes dits "ethniques" et surtout à la création d’un vrai système social permettant de redistribuer les richesses de manière plus égale, garantie de sa pérennité et de l’unité du pays.

Aux Philippines, si la rébellion séparatiste islamiste semble bien en déclin, suite à des mesures qui ont lié l’assistance économique, le développement de l’ïle de Jolo et l’action militaire, le pays souffre toujours de sa pauvreté massive et de l’incapacité de ses dirigeants à assurer un vrai décollage économique, en partenariat avec ses voisins plus aisés. Faute de cela, le pays va droit à des crises plus profondes et violentes.

Enfin, au Japon, là aussi, sous les apparences de la stabilité et de la prospérité, les signes d’une crise profonde de la société se multiplient : les différenciations sociales s’accentuent, l’instabilité politique, en partie générée par une large corruption des dirigeants politiques, s’aiguise, le rejet encore silencieux du système social actuel est en phase de mûrissement actif. Le Japon semble ausi à la veille de possibles fortes secousses sociales et politiques.

Une situation d’ensemble que personne ne peut plus ignorer

Cette étude en survol rapide de la situation générale en Asie n’est pas, à l’évdence, source d’optimisme. Il semble que là, comme ailleurs, notamment pour la Russie, la situation ouverte en 1991 par l’effondrement de l’URSS, marquée par une politique internationale fixée ou déterminée en rapport exclusif avec les seuls intérêts américains, a amené nombre d’observateurs et d’analystes internationaux à sous-estimer les processus en cours ou à en diminuer les risques induits, voire à carrément s’aveugler eux-mêmes.

En Asie, manifestement, les impacts négatifs continentaux et mondiaux, de l’éclatement de l’URSS en août 1991 d’un côté et du maintien d’une dictature corrompue de plus en plus impuissante à Pékin de l’autre avec le massacre du 4 juin 1989, n’ont pas été compris, ni surtout anticipés dans toute leur ampleur réelle.

Si l’on excepte la situation aux Proche et Moyen-Orient, qui relève en majeure partie de la seule responsabilité de la politique américaine, les processus à l’oeuvre en Asie, ces guerres et ces crises, ces menaces de conflits ou de renversements violents des régimes en place, sont le fruit des deux événements majeurs vus ci-dessus, accentués par la politique américaine, marquée par la courte vue et l’incapacité à comprendre les réalités des terrains régionaux, surtout depuis 1989-1991.

Pesronne ne peut plus ignorer la gravité de ce qui se passe et se prépare en Asie. Personne ne pourra dire qu’il ignorait ce qui se prépare et mûrit en profondeur dans ce continent.

Philippe


Moyenne des avis sur cet article :  3.59/5   (17 votes)




Réagissez à l'article

21 réactions à cet article    


  • Philippe Vassé Philippe Vassé 26 juin 2007 14:42

    Parkway,

    Je comprends tout à fait votre commentaire et son sens. Cependant, vous aurez compris que l’article ne se centre pas sur la France, la situation que vous abordez étant par ailleurs largement traitée sur AGORAVOX dans de nombreux articles.

    Ceci dit, des tensions dangereuses dans un pays ou un continent n’excluent pas des tensions de même nature et gravité similaire dans d’autres pays ou continents.

    Je me suis volontairement cantonné dans cette contribution à l’Asie, mais des constats semblables pourraient être faits en Amérique latine et centrale, pour plusieurs pays d’Europe orientale ou centrale. Quant à l’Afrique, la situation y est déjà plus que désastreuse, entre conflits internes et menaces d’implosion-explosion de plusieurs Etats.

    Bien cordialement vôtre,


  • Philippe Vassé Philippe Vassé 27 juin 2007 09:14

    Parkway,

    Je ne sais pas si l’ironie est appropriée dans une situation qui voit plusieurs continents- à savoir des populations de plusieurs centaines de millions de personnes- basculer dans les guerres et les violences quotidiennes, avec leur cortège de pauvreté et de malheurs.

    Il me semble plutôt que certains citoyens, en Europe et en Amérique du Nord, ont de la réalité une vue si déformée, ou plutôt reçoivent une information si lointaine par rapport aux réalités du terrain, qu’ils sont en quelque sorte « déconnectés » des processus qui sont en cours sur la planète et les menacent directement à plus ou moins long terme, d’une manière ou d’une autre.

    C’est cette absence de réalisme, cette inexistence de regard sur ce qui est, ce refus de regarder en face les faits et de les comprendre que je vise dans cet article.

    Je ne fais qu’énumérer des faits connus en les rassemblant en un seul tableau. On peut le juger catastrophique ou pessimiste. Là n’est pas la question de fond.

    La question de fond est que ces événements sont vrais. Et qu’ils sont la réalité exacte.

    A chacun ensuite d’en tirer ses propres conclusions...

    Bien cordialement vôtre,


  • miaou miaou 26 juin 2007 14:13

    Cyniquement, on peut de demander si l’Occident n’a pas intérêt à attiser le feu et à diviser pour règner (notamment au sein des pays producteurs de pétrole et de la Chine), sous peine de se retrouver écraser numériquement.


    • Philippe Vassé Philippe Vassé 26 juin 2007 15:01

      Miaou,

      Le questionnement que vous avancez est en effet intéressant. En Asie, dans les zones riches en pétrole et gaz naturel, voire en d’autres matières premières, les intérêts des grandes entreprises privées du secteur concerné (presque toujours américaines) sont « promus » de la même manière qu’en Afrique ou en Amérique du Sud, et cette « promotion » est loin, très loin des principes de la démocratie, des on=bligations de la transparence et de la paix entre peuples, ethnies, religions et Etats.

      Le cas de l’Irak et du Moyen-Orient est de ce point de vue instructif, mais ce qui se passe dans les anciennes républiques de l’ex-URSS en Asie Centrale est moins connu du grand public et semble moins intéresser les grands médias.

      Votre remarque pourrait être le point de départ d’une réflexion intéressante sur les conséquences politiques désastreuses pour de nombreux peuples de la « gestion » de ces grandes entreprises afin de s’assurer la « propriété » (le contrôle en clair) des sites de production, la sécurité du transport des produits bruts, et donc en définitive, leurs « parts du marché mondial ».

      C’est un débat qui nécessite d’autres études et la collecte de faits afin de les mettre en lumière et d’en démontrer les connexions, les méthodes et les objectifs.

      A chaque jour suffit sa tâche. Mais, je continue à travailler sur ces sujets brûlants.

      Bien cordialement vôtre,


    • baobab 26 juin 2007 14:57

      merci pour cette article mais j’aurais un petit commentaire a faire, bien que l’article soit assez long il est assez peu argumenté, par exemple pour le cas de la chine vous affirmer que « La Chine est au bord d’une immense explosion sociale ».

      Pourtant les conditions actuels non pas si différentes d’il y a 10 ans , il est certain que le modèle de croissance par augmentation des exportations est voué a s’arrêter un jour, mais pour l’instant la chine a encore une grande réserve de travailleurs pauvres exploitables et de nombreux marchés a conquérir (pays en voie de développement).

      De plus rien ne dit que la chine n’a pas la capacité a assuré la transition , les réserves de changes et son poids économique lui assure une aide inconditionnel du G8 pour sa transition ( on ferme les yeux sur les transgression des droits de l’homme et une politique monétaire souple, ...)

      Je ne remet en cause le faite que cela puisse mal se passer mais a l’heure actuel ce n’est qu’une option parmi d’autre.

      bonne journée


      • Philippe Vassé Philippe Vassé 26 juin 2007 17:04

        Baobab,

        Vous avez parfaitement raison sur le manque de faits venant appuyer les arguments donnés dans l’article. Les produire aurait conduit à allonger l’article de manière excessive et dommageable pour les lecteurs.

        Ceci dit, les échanges via les commentaires apportés peuvent un peu pallier cette carence que vous avez justement relevée à juste titre.

        Je crois que nous parlons de choses totalement différentes. Personne ne met en cause le fait même, qu’au-delà des mensonges permanents et sur tous les sujets de la dictature de Pékin, la Chine dispose de réserves monétaires de change importantes et puisse présenter au monde, toujours en « apparence », des résultats économiques spectaculaires. Ceci dit, il convient de regarder en profondeur les faits et les processus en cours afin de les comprendre mieux et les apprécier en perspective.

        Le déclin accéléré de la qualité des produits chinois aboutit au fait que, de plus en plus de ces produits sont interdits de vente et/ou retirés des marchés étrangers. De fait, une méfiance générale des consommateurs se fait jour quant à la qualité déficiente ou la non-dangerosité des produits « made in China », et ce malgré les réactions indignées des autorités chinoises. Pour l’heure, le phénomène est surtout « asiatique », mais il vient de gagner les Etats-Unis récemment avec une affaire de pate de dentifrice considérée comme nuisible à la santé publique.....

        A l’origine de ce déclin de la qualité des produits et donc de la perte rapide de marchés étrangers, ou du moins, de méventes importantes, la corruption généralisée qui désorganise toujours plus les entreprises tant privées que publiques, et ce à tous les échelons. Autant dire que le mal va s’aggraver, avec ses conséquences prévisibles.

        Il y a d’autres aspects qui étayent plus fortement mon argumentation : en 2006, on a dénombré, et ce n’est que la partie émergée de la réalité sociale du pays, plus de 400.000 « incidents sociaux », selon le langage officiel en cours. A côté de cela, les émeutes locales, urbaines comme rurales, se multiplient (une a eu lieu à Pékin cette semaine avec des milliers de participants), la criminalité et la violence ont envahi le pays et conduisent à des assassinats croissants d’hommes d’affaires, de cadres et d’investisseurs étrangers. L’insécutité gagne partout du terrain, ce qui concourt aussi à un processus en cours de désengagement de certaines entreprises et à des annonces de « délocalisations » vers le Vietnam ou la Thaïlande.

        La presse quotidienne démontre, tek un film en négatif, la perte de contrôle croissante du pouvoir et la dislocation de l’Etat à travers ses annonces de dénonciations incessantes, d’arrestations, de procès, voire d’exécutions des fameux « éléments corrompus », et ce à tous les niveaux hiérarchiques, tant la corruption est devenue un fléau national qui détruit le pays et paralyse l’Etat et son fonctionnement stabilisateur potentiel.

        Le mécontentement est général dans la majorité écrasante de la population, et il est visible et palpable pour peu que l’on aille chercher les informations à la source, sur le terrain. Et malgré les diverses formes de censure....

        Cette situation est aussi attestée par les mouvements « aléatoires », formule polie pour dire en forme de yoyo, de la bourse et de la monnaie chinoise, qui reflètent les incertitudes croissantes des investisseurs face à une situation de plus en plus chaotique.

        Bref, tous les ingédients majeurs d’une crise de dislocation de l’Etat chinois se mettent en place alors même que les indicateurs économiques commencent à donner des signes d’alerte pour l’avenir.

        Si le krach économique reste effectivement une « option », pour reprendre votre mot, la dislocation de l’Etat chinois, elle, est un processus vivant dynamique que chaque jour accélère. Et rien ne semble devoir l’arrêter...

        Bien cordialement vôtre,


      • renard argenté 26 juin 2007 21:47

        Bonsoir,

        Un constat bien éclairant pour moi, merci. D’un autre côté, il me semble que le pire n’est pas certain, on pourrait imaginer que des pays ’en ébullition continuent à ’bouillir’ sans plus pendant un certain temps. Malheureusement pour ceux qui y vivent mais pas forcément source d’explosion systématique.

        Concernant la désagrégation de l’état chinois. La désagrégation d’un état se traduit souvent par des conflits ethniques. Quels genres de conflits ethniques peut-on imaginer en Chine ? Ou au contraire, peut-on imaginer un changement radical du régime, sans conflits ethniques ?


        • Philippe Vassé Philippe Vassé 27 juin 2007 03:02

          Renard Argenté,

          La Chine est un pays immense, mais aucun problème « ethnique » significatif n’est détectable pour le moment.

          Le cas des pays africains ou moyen-orientaux est ici sans objet. D’autant plus que l’ethnie Han est plus que quasi-majoritaire (95% de la population), ce qui exclut le risque que vous citez et la crainte que vous exprimez derrière.

          La désagrégation de l’Etat chinois s’exprime de la même façon, si on peut comparer les deux situations dans deux moments historiques bien différents, que l’effondrement progressif de l’Empire entre la fin du XIXème siècle et 1911. L’Etat chinois tend littéralement vers l’explosion et il ne tient encore en un seul morceau que par une répression impitoyable quotidienne contre les tendances qui le morcellent, répression qui ne peut durer bien longtemps tant les forces dislocatrices à l’oeuvre sont puissantes et sans cesse plus fortes.

          Le Parti unique est lui-même totalement disloqué comme tel. Ce n’est plus, pour reprendre une image parlante, qu’un Conseil d’Administration de la corruption, qui tend plus ou moins à éviter que ce fléau porté par lui ne tarisse la source collective d’enrichissement indû. Le Parti reste uni, en apparence, par le seul « ciment » très friable de la corruption massive et parce que que le pouvoir central dictatorial qu’il soutient est le garant de cette corruption générale à tous les niveaux.

          L’affaire du « dentifrice » dangereux a exprimé ce rôle « arbitral » du pouvoir central, comme la loi sur les medias et les informations avec son texte de compromis manifeste entre factions opposées.

          L’Etat chinois affaibli et impuissant ne peut plus qu’agir ponctuellement et seulement sur tel ou tel plan tant il est incapable dorénavant de jouer son rôle d’Etat pleinement et de façon pérenne.

          En résumé, pour répondre à votre interrogation fort légitime, l’explosion de l’Etat chinois risque bien de produire une situation « balkanique » où le pays éclaterait en zones livrées à de véritables maffias régionales issues du Parti et de l’Etat disloqués, des sortes de « Seigneurs de la Guerre », mais économique plus que militaire.

          C’est là la pire des hypothèses, la meilleure étant un processus de dislocation -reconstruction de l’Etat autour de forces politiques nouvelles implantées au niveau de tout le pays.

          Mais, justement, la répression féroce contre les forces démocratiques tend, entre autres buts, à empêcher physiquement cette solution de paix et de stabilité futures pour le pays. Dans ce sens, le refus externe de soutenir avec détermination une opposition politique unifiée au plan national met en péril l’avenir de la Chine, et donc de son économie.

          Bien cordialement vôtre,


        • Nicolas Proix 5 juillet 2007 11:02

          Sans revenir sur l’ensemble de l’article, que je trouve comme plusieurs commentateurs très intéressant mais beaucoup trop général (trop ambitieux peut-être ?), je me permets de parler ici des « conflits ethniques » évoqués dans le cas de la Chine.

          C’est exact qu’il y a environ 95 % de Han, et donc « seulement » 5 % de minorités. Mais voilà, sur 1300 millions d’habitants, 5% représentent 65 millions d’habitants, ce qui est loin d’être négligeable, et se répartissant « traditionnellement » sur 6 millions de km², ce qui est encore moins négligeable.

          Les conflits ethniques sont à mon sens au contraire un des défis majeurs de ce pays. Sans même parler du cas du Tibet, qui fait déjà l’objet de nombreux articles et commentaires, la Chine a un problème ethnique crucial avec les Ouïghours du Xinjiang, à l’Ouest. Ces frictions ethniques se doublent d’un problème religieux, les Ouïghours étant musulmans, et d’un problème politique, car la proximité de l’Afghanistan (en particulier) a avivé les revendications de cette minorité.

          En Mongolie Intérieure, au Yunnan, sur l’île de Hai-Nan, les problèmes, pour être moins médiatisés, n’en sont pas moins importants.

          La politique de migration intérieure, ou de « front pionnier », que la Chine a menée à l’instar de tous les Etats-continents (USA, Brésil, Russie), a contribué à une assimilation culturelle de ces minorités. Remarquons au passage qu’elle n’a jamais été aussi critiquée que dans le cas chinois. On a fait beaucoup moins de cas de la russification des Sibériens ou de l’intégration peu réussie des Amérindiens aux sociétés des Etats-Unis, du Brésil ou du Canada.

          Aujourd’hui, les tensions sont à leur comble, car la Chine n’a jamais investi autant d’argent dans ces régions (chemin de fer tibétain, aides à la mécanisation de l’agriculture du Xinjiang, aides aux immigrants Han, etc.) et les minorités passent dans ces régions en-dessous du seuil de 50% de la population.


        • Philippe Vassé Philippe Vassé 5 juillet 2007 12:19

          Nicolas,

          Votre commentaire est intéressant, mais je crains que vous ne confondiez, comme un autre commentateur, problèmes politiques entre le pouvoir central et certains groupes (ethniques ou religieux) et...conflits ethniques.

          Pour l’heure, que je sache, il n’existe pas de « conflit ethnique » en Chine ! Ce serait plus le cas en Thaïlande.....

          Le pouvoir central, certes, évoque des menaces « séparatistes » ici ou là, pour tenter de faire diversion aux menaces et tensions sociales, afin de justifier précisément ses actes de répression qui obéissent à des buts strictement politiques.

          Quant aux Ouïghours, je ne dispose pas d’informations fiables pour me prononcer sur ce que vous affirmez- notamment leurs « revendications avivées »- mais j’observe que, s’ils sont de confession musulmane, ils sont pour le moment considérés comme « calmes » par le régime.

          Probablement, cela est dû au fait, que vous soulignez avec pertinence, de l’effort d’investissement en infrastructures matérielles et à l’expansion économique qui améliore sensiblement leur situation quotidienne.

          Quoi qu’il en soit, les problèmes cruciaux actuels de la Chine ne sont pas « ethniques »- quoique le pouvoir central en dise pour valider sa politique répressive- ils sont avant tout sociaux et économiques.

          Bien cordialement vôtre,


        • Djanel 28 juin 2007 08:03

          C’est un tableau extrêmement pessimiste sur l’état du continent asiatique. Une paranoïa qui pourrait satisfaire les militaires américains qui ont besoin de ce genre de phobie pour justifier leur politique d’agression. Il faudrait cher monsieur abandonner de temps en temps vos certitudes et dogmes pour étudier à la loupe ces pays émergeant qui ont souvent derrière eux une longue histoire trois fois millénaires comme pour la Chine et l’Inde. Ils trouverons dans leur culture respective des ressources intellectuelles que nous ne soupçonnons même pas et qui leur permettraient de s’adapter a la modernités à la condition qu’on ne viennent pas fausser leurs décisions politiques avec nos intérêts mercantiles. Ces pays que vous n’avez pas l’air de connaitre plus que moi, s’en sortiront plus facilement quant ils cesseront de nous imiter en reniant leur culture.


          • Philippe Vassé Philippe Vassé 28 juin 2007 09:08

            Djanel,

            Un tableau de faits objectifs bruts n’est ni pessimiste, ni optimiste, ni au service de qui que ce soit en particulier, il est ce qu’il est.

            Voir des dogmes et des certitudes dans le descriptif neutre des réalités existantes est un non-sens. D’autant que je ne prétends pas apporter les solutions, mais seulement établir un constat factuel de la réalité asiatique telle qu’elle est, sans parti-pris, comme un simple observateur « extérieur » qui est à « l’intérieur ».

            Parcourant l’Asie et vivant avec les populations du continent depuis bientôt 16 ans, je pense avoir à la fois une certaine compétence sur les sujets abordés et un accès assuré aux sources de l’information brute sur le terrain, que justement beaucoup n’ont pas.

            Quant à votre estimation que ce travail servirait les « intérêts des militaires américains », je vous invite à relire avec attention l’article, notamment ses considérants sur l’Irak, le Pakistan et le Proche-Orient.

            Bien cordialement vôtre,


          • Vo Trung 28 juin 2007 21:11

            Votre article n’est pas argumenté. Beaucoup de généralité. C’est bien dommage car il aurait pu éclairer mieux les lecteurs. Quant au passage sur la Chine et le Vietnam, je me permets de vous dire que la situation « explosive » n’a rien de commun, tant sur l’ampleur que la racine du « mal ». Cordialement. Dung Vo Trung


            • Philippe Vassé Philippe Vassé 29 juin 2007 03:41

              Vo Trung,

              Votre remarque sur les arguments factuels dans un tel article de survol continental est juste. J’ai souhaité développer les sujets abordés, si la rédaction d’AGORAVOX en est d’accord, dans d’autres articles à venir.

              Concernant les parallèles entre Vitenam et Chine, ils sont manifestes : croissance économique annuelle annoncée à deux chiffres, main d’oeuvre bon marché et sans aucun droit social ou syndical, dictature féroce et corrompue sur la population, urbanisation incohérente, approfondisseemnt des fossés sociaux accéléré.

              Les traits communs sont tels que l’on distingue mal les différences notables de maux entre les deux pays, sinon dans le degré atteint : l’Etat vietnamien est pour l’heure plus stable et moins disloqué qu’en Chine, mais il n’échappe à aucun observateur que le Vietnam suit le chemin de sa grande soeur du Nord, et à grands vitesse.

              Cette remarque faite, je la relativiserai en observant que les entreprises qui quittent la Chine à cause des problèmes croissants que j’y ai décrits vont souvent s’installer au Vietnam. Mais, ce processus n’aura qu’un temps : le Vietnam connaît déjà des grèves et des conflits sociaux....

              J’ai en réserve sur AGORAVOX un article sur le rapport officiel de la BDA (Banque de Développpement Asiatique) et le discours de son Directeur au FSA de Singapour le 25 juin qui arrivent, mais venant d’une voix officielle, aux mêmes conclusions que moi, chiffres à l’appui.

              Bien cordialement vôtre,


            • gokyo 30 juin 2007 23:33

              Votre discours est peu argumenté et parfois erroné. Par exemple, le roi du Népal n’a plus voix au chapitre depuis des mois, les maoïstes sont entrés au parlement et collaborent avec la coalition au pouvoir : situation fragile, mais en amélioration et loin de celle que vous citez. Vous citez aussi le Bhoutan, les personnes capables d’écrire quelque chose d’intelligent sur ce pays sont très rares. Si vous en faites partie, c’est intéressant, développez.

              Vous écrivez dans une de vos réponses « La Chine est un pays immense, mais aucun problème « ethnique » significatif n’est détectable pour le moment ». Les 2 millions de morts et disparus dans la région « autonome » du Tibet depuis 1949 sont à mon sens assez significatifs. Sans parler des exactions et de l’assimilation dont ont été et sont encore victimes les autres ethnies du grand ouest chinois. Et d’ailleurs... A la base la Chine EST un problème ethnique et cela depuis des siècles (ou des millénaires ? Question à l’historien).

              Votre article annonce l’explosion du monde par l’Asie, mais l’Afrique et l’Amérique latine sont aussi dans la course... Entre nous, rien de nouveau sous le soleil : l’humanité continue de se déchirer gentiment comme elle le fait depuis 3.000 ans. Ce qui a changé, c’est la vitesse de l’information et la puissance des armes. Enfin, pour revenir à votre discours, les quelques informations fausses qu’il contient donnent envie de jeter tout le reste avec et c’est peut être dommage. Cordialement.


              • Philippe Vassé Philippe Vassé 1er juillet 2007 06:11

                Gokyo,

                Je vous remercie d’abord de votre message qui est intéressant et constructif.

                Vous abordez les éléments donnés sur 3 pays : le Népal, le Bhoutan et la Chine. Il est vrai que je n’ai fait que rapidement « passer » sur les deux premiers, eu égard à leur influence très réduite sur la situation d’ensemble du continent et afin de ne pas allonger trop l’article.

                Sur le Népal, je pense que nous n’avons visiblement pas les mêmes sources d’information. Je vous invite donc à lire la presse asiatique sur le sujet.... quand elle l’aborde. La guérilla maoïste continue à s’y implanter en profondeur dans le pays tout entier et les jeux officiels d’alliance apparente au niveau du pouvoir actuel ne sont à l’évidence que des manoeuvres tactiques transitoires afin de renverser définitivement la monarchie et instaurer une république. Elles ne peuvent cacher, en tout cas aux yeux des observateurs locaux avertis, la réalité profonde qui existe dans le pays.

                Au Bhoutan, nul n’ignore la situation réelle -même la Banque du Développement Asiatique l’a établie publiquement fin 2006 dans un rapport officiel- et je ne vais pas développer plus ici ce que vous devez aussi connaître.

                Pour la Chine, je répondais à un lecteur qui craignait une explosion de l’Etat chinois qui aurait comme conséquence des conflits ethniques et je précisais que la Chine ne connaît pas de questions « ethniques », ce qui est un fait avéré.

                La question tibétaine n’est pas une question « ethnique », mais comme chacun le sait, une question éminemment politique et nationale. Le problème tibétain n’est pas une source potentielle de « conflits ethniques » pour la Chine.

                Le Tibet est tout au plus, dans la situation actuelle, un fardeau financier supplémentaire inutile dans le budget militaire d’un Etat qui est en phase de dislocation, au pire, une région qui est traitée comme un « Far West » par les autorités de Pékin (cf : la voie ferroviiaire d’altitude construite récemment) et comme une « remise » pour les déchets nucléaires.

                C’est aussi, mais là, nous touchons à la politique étrangère chinoise au sens large, un « pont » que les autorités de Pékin utilisent pour assurer leurs relations vers le sous-continent indien et les républiques de l’Asie Centrale de l’ex-URSS.

                Considérer comme un « conflit ethnique » ou un « problème ethnique » l’occupation violente et la répression incessante de la dictature de Pékin contre le peuple tibétain serait donc une aberration.

                Votre rappel des faits sur le Tibet est utile et nécessaire, mais il me semble qu’aujourd’hui, les Tibétains les plus soucieux de leur pays et de son peuple ont compris le caractère politique de la situation. C’est du fait de cette compréhension qu’ils sont dorénavant en contact étroit avec le mouvement démocratique chinois et son Président fédérateur, Wei Jinsheng.

                L’avenit libre et démocratique du Tibet est lié indissolublement à l’avenir libre et démocratique de la Chine et de son peuple. Telle est l’hypothèse la plus sensée que l’on puisse poser pour l’avenir du Tibet et de son peuple.

                Bien cordialement vôtre,


              • Philippe Vassé Philippe Vassé 1er juillet 2007 06:58

                Gokyo,

                J’ai oublié dans ma précédente réponse de manifester mon accord avec ce que vous dites sur l’Afrique et l’Amérique du Sud, mais aussi de préciser que, concernant la Chine, il me semble nécessaire de ne pas confondre ethnies,nationalités diverses et questions des minorités religieuses, cultures et langues régionales au sein d’un même peuple se rattachant à une même culture et même langue.

                Comme il me paraît souhaitable, pour la Chine, de ne pas confondre « répression ethnique » avec répression politique, actuelle ou passée, qui visait et vise exclusivement à maintenir et promouvoir un pouvoir central stable et les privilèges propres de ses membres. Concernant la Chine, des historiens passés ont parfois qualifié, à tort, « d’ethnies » des populations Han ou assimilées qui avaient des caractéristiques culturelles distinctes.

                Il s’agit là d’une attitude que je qualifie « d’europocentriste » car elle tend à vouloir appliquer, à coller les mêmes schémas européens de pensée, de lecture et d’analyse pour tous les pays, peuples et continents,sans essayer de comprendre les réalités specifiques diversifiées étudiées.

                Un exemple concret vient aussitôt à l’esprit : les Hakkas. Ce sont des Han sur le plan « ethnique », avec une langue et une culture spécifiques dérivées de la langue et de la culture chinoises « générales ».

                En Chine, il est naturel, depuis fort longtemps, pour les habitants de se différencier culturellement dans le contexte « chinois », notamment par les parlers régionaux- cantonais-fujianais, etc....- sans conflit et sans remettre en cause le cadre national commun. D’où l’absence de conflits « ethniques » et inter-religieux impliquant la population dans sa grande masse.

                C’est toujours le pouvoir central, comme dans la lutte entre le confucianisme et le bouddhisme, qui a généré une répression ponctuelle contre un groupe ou une croyance, en fonction de ses craintes, besoins et/ou objectifs politiques propres. La population est restée extérieure à ces actes répressifs.

                Il importe, à mon sens, de ne pas transposer en Asie, comme en Afrique et en Amérique du Sud, des modes de réflexion et des instruments d’analyse préconçus inadaptés ou, en tout cas, inadéquats.

                Bien cordialement vôtre,


              • Phil 3 juillet 2007 11:35

                Philippe,

                Vivant à Taiwan, vous vous postez en spécialiste et analyste de l’Asie, cette position devrait être revue d’un peu d’humilité... « asiatique ».

                Certaines questions que vous posez sont tout à fait valables et intéressantes, mais : 1/ Pourquoi défendre la même thèse pour tous les pays d’un immense continent ? Ce découpage en continents n’est qu’un concept de géographes, un libanais ou un turc est infiniment plus proche d’un européen qu’un coréen du nord, non ? 2/ Trop d’avis personnels non motivés, presque à chaque paragraphe on pourrait vous reprendre, ce qui nuit considérablement à votre propos.

                Tous les commentaires postés vont finalement dans le même sens : trop de généralités, pas assez d’arguments. Pour reprendre votre réponse à Djanel, non, vous n’exposez pas de « faits objectifs bruts », vous défendez une thèse qui reste opaque.

                Il serait plus intéressant de lire votre avis sur Taiwan, ses relations avec la Chine, les scénarios possibles, les implications pour le Japon et les autres voisins, ou même la société taiwanaise en général.


                • Philippe Vassé Philippe Vassé 3 juillet 2007 13:10

                  Phil,

                  Merci de votre commentaire intéressant et clair, même si je n’ai pas bien compris son sens général, le début et la conclusion pouvant à première vue sembler contradictoires.

                  Simple citoyen, je ne prétends à rien d’autre qu’à mettre « humblement » en relief des informations générales ou particulières qui me paraisssent d’intérêt public et/ou collectif, informations que ma situation géographique et personnelle me permettent de recevoir...et donc d’utiliser publiquement.

                  Je ne présente pas dans l’article en lien une thèse, opaque ou limpide, voire personnelle, mais des faits vérifiés et vérifiables, confirmés par les organismes régionaux et internationaux les plus officiels, les chiffres et les faits - je les ai cités en partie dans les articles qui sont parus depuis sur AGORAVOX en rapport avec les dossiers asiatiques, notamment dans l’article : « Asie : sous la prospérité, la rage ou une journée bien ordinaire », apprécié par les commentateurs.

                  Je travaille aussi sur Taiwan tant sur www.naturavox.fr, que sur Agoravox, un article déjà ancien en termes de date étant en ligne sur ce pays depuis quelques heures sur Agoravox : http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=25694.

                  Il me semble que j’ai ainsi anticipé vos souhaits légitimes, bien que je ne considère pas Taiwan comme le centre du monde. Les sujets que je traite sont divers, aussi bien asiatiques que « russes », ou encore du domaine historique : http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=26445.

                  Ceci étant, les critiques « argumentaires », justes en elles-mêmes, ont fécondé un riche travail de commentaires et d’autres articles qui ont permis de combler cette lacune dont j’avais expliqué à Baobab les causes matérielles.

                  De fait, en reliant mes réponses en commentaires aux autres articles publiés depuis lors, vous aurez une réponse concrète à vos attentes tout à fait naturelles en matière argumentaire sur la crise ou les crises en Asie.

                  Encore merci de votre attention.

                  Bien cordialement vôtre,


                • ZeusIrae 4 juillet 2007 22:42

                  Article qui resume rapidement les grands problemes en Asie qui souffre d’une approche trop social.

                  Ce sont des aspect importants qu’on ne peut pas négliger(encore que dans le cas de la Corée du Sud et du Japon je vous trouve exagerement alarmiste) mais vous négligez les problèmes internationaux.

                  Pour un résident à Taïwan,il est tout de même extra-ordinaire que vous passiez si rapidement sur la question « ethnique » et ses ramifications internationales. De même vous n’accordez que peu d’attention aux divers problèmes territoriaux en Asie oriental et leurs liens avec un nationalisme asiatique en pleine ascension(et l’épineux probleme de la memoire).

                  Pas d’allusion à l’enorme soif de matieres premieres des trois géants que sont la Chine,l’Inde et le Japon ainsi(car c’est lié)qu’à la modernisation acceleré des forces militaires(principalement navale) dans la région.

                  Je ne nie pas que les aspect sociaux auront une influence capital sur tout ces problèmes(gardons en mémoire le crise de 29 et ses effets en Allemagne)mais il me semble que les problèmes internationaux sont très négligés. Or c’est pas ce bien qu’une crise social pourrait avoir le plus d’impact à mon humble avis.

                  Pour faire court,l’article ne donne pas assez d’elements pour justifier le ton alarmiste(notamment en ce qui concerne la Thaïlande).Cela déjà été dit mais je me permet d’appuyer sur ce point.


                  • Philippe Vassé Philippe Vassé 5 juillet 2007 02:57

                    Zeusirae ou Colère de Zeus,

                    Je vous remercie pour votre commentaire sur un article de survol rapide visant les questions sociales en Asie, donc ne pouvant pas, par nature, être exhaustif, surtout sur des thèmes extérieurs au sujet abordé.

                    Comme vous pouvez le constater à droite de l’article lu, d’autres articles en ligne sur Agoravox, que vous pourrez lire et dont les informations proviennent de sources très « officielles » ont, depuis, permis de développer d’autres thèmes sur la situation en Asie et d’expliciter ce premier article généraliste.

                    Vous aurez compris que je m’attache à donner de l’information « brute », quitte à la décortiquer pour les lecteurs peu au fait des réalités profondes de l’Asie. Ceci suppose une méthode qui parte de l’aperçu général pour aller vers les sujets plus particuliers.

                    Sur la Thaïlande qui est entrée dans une crise profonde (crise politique violente et problèmes de sécession des minorités musulmanes), je pense y revenir bientôt.

                    Quant au Japon et à la Corée du Sud, images de stabilité symboliques d’une Asie « calme », au moins aux yeux des « experts » du FMI aujourd’hui disqualifiés en Asie et des « spécialistes » qui ne voient rien arriver (voir mon article sur le 10ème anniversaire de la cris de 1997), je vous invite à regarder plus en profondeur sous les apparences que, même l’ancien Ministre sud-coréen du Commerce, Chung, ne nie pas et reconnaît.....

                    Bien cordialement vôtre,

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès