Un nouvel élan pour les banlieues
Le président de la République vient d’annoncer une « nouvelle politique » pour les banlieues. Cet article reprend certaines des mesures annoncées. Il apparaît que c’est effectivement quelque chose de très nouveau qui va se mettre en place.
Nicolas Sarkozy a délivré plusieurs messages concernant le nouvel élan qu’il entend donner aux mesures pour les banlieues. Ces mesures concernent la sécurité, le désenclavement, l’accompagnement vers l’emploi. Cet article reprend plus particulièrement certains de ses messages concernant la sécurité.
Tout d’abord, Nicolas Sarkozy (en s’adressant aux policiers et gendarmes de la région parisienne [1]) a fait un constat positif de l’évolution de la situation.
La délinquance recule enfin. En France, depuis le début de l’année la baisse est de l’ordre de 4 % et encore de 3 % au mois d’août. En région parisienne, ce recul atteint 4,1 % pour la délinquance générale et même 9,8 % pour la délinquance de voie publique. (...) Cette réforme est un grand progrès. Elle représente trois fois plus de gendarmes mobiles et 4 500 policiers des Compagnies républicaines de sécurité qui sont engagés quotidiennement dans la lutte contre la délinquance.
Nicolas Sarkozy, dans une interview sur TF1 ([2]), s’est adressé plus particulièrement aux jeunes de La Courneuve.
Au chapitre des idées neuves pour aider les jeunes de milieux difficiles, il a proposé la création d’un "internat urbain", destiné aux enfants de familles monoparentales qui n’ont pas de chambre pour étudier chez eux. Un "internat pilote" serait créé à La Courneuve. Concernant l’emploi, il a rappelé que le taux de chômage pour la seule cité des 4 000 était de 24 %, soit deux fois plus qu’à La Courneuve. Le ministre a demandé à des chefs d’entreprises engagés dans la lutte contre la discrimination, dont Veolia, de proposer 150 contrats d’apprentissage par an aux jeunes du département. Quarante-six postes sont à pourvoir dès à présent. "Nous nous engageons, les jeunes doivent être prêts à s’engager aussi", a-t-il affirmé.
En matière de sécurité, il a promis "un travail de nettoyage profond du trafic et des trafiquants". "Quand on aura fait le travail de nettoyage avec la police spécialisée, on renforcera les effectifs du commissariat de La Courneuve. Je publierai les résultats et je reviendrai", a-t-il dit. Le ministre a enfin annoncé une enveloppe de 150 000 euros pour financer des projets de ville-vie-vacances pour cet été pour les jeunes de la cité, utilisés pour passer un permis de conduire, aller au cinéma, faire des sorties, apprendre des langues...
Un peu plus tard sur TF1 ([3]), Nicolas Sarkozy a fait un point sur l’action de son gouvernement en matière de sécurité.
Depuis trois ans et demi, la délinquance a reculé en France de 8 %, c’est 350 000 victimes en moins chaque année et, quant à la délinquance de voie publique, c’est 17 %. Mais sur les violences urbaines, les plus dures, eh bien je vais m’y attaquer maintenant, car il n’y a aucune raison que nos compatriotes qui vivent dans ces quartiers, qui sont les plus modestes, n’aient pas eux aussi le droit à la sécurité. Alors à ce titre, j’irai chaque semaine dans un de ces quartiers. Il ne s’agit pas de faire de la police de proximité pour regarder ce qui s’y passe, mais pour interpeller. Les GIR vont s’intéresser au patrimoine d’un certain nombre de gens. J’ai demandé que 17 compagnies de CRS et 7 escadrons de gendarmes mobiles, des centaines de gendarmes et de policiers, au lieu de faire de l’ordre public et de l’encadrement de manifestations, vont maintenant être à la disposition des habitants de ces quartiers pour qu’ils aient droit à la paix et au calme. (...) Ce que je veux, c’est être jugé sur les résultats. Les habitants de ces quartiers veulent la paix. À la cité des 4 000 à La Courneuve, tout le monde le dit, la chose aujourd’hui est beaucoup plus calme. Eh bien nous ramènerons le calme dans tous les quartiers concernés, parce que c’est mon devoir, et parce que c’est mon travail, et je me laisserai pas impressionner ni par ceux qui parlent de ces quartiers sans jamais y mettre les pieds, ni par ceux qui veulent mettre ces quartiers sous la coupe réglée. Il y a des trafiquants, eh bien on va les éradiquer.
Cette déclaration reprenait celle qu’il avait faite un peu plus tôt sur France 2 ([4]).
Il y a trois choses qui sont pour moi des priorités. La première, c’est mettre un terme à cette spécificité qui est devenue française des violences urbaines. Je veux obtenir des résultats dans des quartiers où la vie est devenue impossible. Je serai, dès mardi soir, en région parisienne pour vérifier l’application de nouvelles méthodes. Les services de renseignements français, on va leur dire de faire de la lutte contre le terrorisme et de l’implication dans les quartiers, y compris avec de la technologie pour comprendre ce qui s’y passe. Deuxièmement, les GIR, je vais les réorienter complètement... Sur le patrimonial, nous n’allons pas partir des délinquants ou de l’infraction, mais du patrimoine d’un certain nombre de gens qui sont propriétaires de grosses voitures et d’appartements sans travailler. Et, troisièmement, j’ai pris la décision d’affecter dix-sept Compagnies républicaines de sécurité et sept escadrons de gendarmes mobiles pour faire, non pas de l’ordre public dans les manifestations, mais pour s’implanter dans les quartiers pour interpeller des voyous, des petits caïds et des systèmes mafieux.
Interrogé à la fin de cette interview sur le fait de savoir s’il ne regrettait pas d’avoir « médiatisé sa vie personnelle », Nicolas Sarkozy a répondu : « c’est instruit de l’expérience que j’ai décidé que plus jamais. »
Enfin, Nicolas Sarkozy a tenu une conférence de presse à l’Elysée ([5]), dans laquelle il a déclaré en particulier :
Nous allons mettre fin à la loi des bandes, à la loi du silence, à la loi des trafics. J’assumerai pleinement la responsabilité d’une guerre sans merci contre les trafics et les trafiquants. Les Groupes d’intervention régionaux seront mobilisés jour et nuit. En trois ans, 4 000 policiers viendront ainsi renforcer la sécurité dans les banlieues.
Nous voyons donc que les choses vont être désormais très différentes, et que ce nouvel élan ne sera pas vain. Comme nous l’avions noté dans un article précédent, Nicolas Sarkozy est un homme pour qui la parole donnée a son importance.
[2] le 30 juin 2005
[5] le 8 février 2008
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