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Accueil du site > Actualités > Politique > Qu’est-ce qui pousse à la provocation ?

Qu’est-ce qui pousse à la provocation ?

Depuis qu’il est au pouvoir, le président Sarkozy nous a habitués à une forme de provocation. En quoi cette pratique remplit-elle un rôle en politique ?

"Chassez le naturel, il revient au galop", a-t-on coutume de dire.

Décidément, l’humilité dont à fait preuve Nicolas Sarkozy lors de la libération d’Ingrid Betancourt aura été de courte durée. A moins que ce ne soit les remerciements de l’ex-otage qui l’aient regonflé. Toujours est-il que notre président vient de provoquer un tollé avec cette nouvelle phrase à propos des grèves dont soi-disant "personne ne s’aperçoit".

Une déclaration à l’apparence banale qui, dans un contexte apaisé, passerait peut-être inaperçue. Mais une phrase pourtant très provocante sur le fond car elle vient interférer un processus qui requiert du tact : le dialogue sociale. Avait-il conscience de la réaction qu’il engendrerait ainsi ? Sans doute car ce n’est pas la première fois qu’il s’adonne à ce jeu.

Mais cela montre une fois de plus son ignorance totale des fonctions qui régissent toute vie en société et notamment de celle de la grève. Comme si on mesurait uniquement l’importance d’une cause au nombre de personnes qu’elle mobilise. En fait, de l’avis de tous, il ne s’agit sans doute ni plus ni moins que d’une provocation.

Mais qu’apporte la provocation ? Tout d’abord pour soi et ensuite par rapport aux autres.

On connaît la provocation de l’adolescent en mal-être qui cherche à exister en créant une réaction chez l’autre. Mais, en politique, cette pratique assurerait-elle une fonction sociale ?

Sans faire aucun parallèle, le leader du FN est un véritable expert de la provocation à usage politique. On ne compte plus les fois, où, tançant une fausseté, il a pu revenir sur le devant de la scène. En règle générale, l’effet est de courte durée. Et, sur la longueur, la provocation tend à décrédibiliser son auteur. Mais, en attendant, il fait parler de lui et, en politique, c’est déjà important.

Néanmoins, si l’on revient au cas qui nous concerne, à savoir la démocratie sociale, c’est un calcul très mauvais. En effet, s’il y a eu baisse dans la mobilisation de gréviste, c’est bien parce que les syndicats ont trouvé un terrain d’entente avec le gouvernement en utilisant d’autres voies que celle de la rue, comme nous le rappelle Jacques Voisin, président de la CFTC. Par conséquent, que le président se serve aujourd’hui de ce résultat pour minimiser le mouvement est très malvenu.

Le dialogue social est un exercice digne d’un équilibriste car il vise à rassembler pouvoir et contre-pouvoir autour d’un compromis. La négociation relève quant à elle de la cuisine car elle nécessite de la patience et des arguments afin d’aboutir à un mélange composite et équilibré, mais toutefois sans grumeaux. L’identité de chacune des parties doit par ailleurs être conservée. Et quand il y a entente, il faut tout faire pour maintenir la cohésion. Ainsi, le dialogue ne se termine jamais vraiment.

On comprend mieux comment la phrase du président Sarkozy est aujourd’hui malvenue car elle fait fi, d’un seul revers, du fruit d’un travail savamment orchestré.

 

François-Xavier Helbert.


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