Parti de classe et Alzheimer politique
Malgré la nouvelle déclaration de principes qui concilie le social, la liberté et l’écologie, de nombreux camarades cherchent à comprendre le monde d’aujourd’hui par les représentations du passé. Aimant à se gaver de figures rhétoriques obsolètes, ils en oublient d’assumer ce que nous sommes devenus. L’instrumentalisation démagogique que semblent en faire certains socialistes risque de nous éloigner encore un peu plus d’une victoire en 2012. La France pourra-t-elle encore nous attendre ? Le voudra-t-elle ?
Dans l’histoire du Parti socialiste, le congrès de Tours de 1920 fut l’une des plus grandes dates de son histoire qui vit la naissance du PCF et l’abandon par la SFIO de la révolution comme outil de conquête du pouvoir et du concept de parti de classe. L’action du Parti socialiste vise de fait à la recherche de l’intérêt général et non pas à opposer les uns contre les autres au sein de la société française.
Notre identité, dans ce XXIe siècle, inscrite dans notre déclaration de principes, s’appuie sur trois socles distincts :
- l’exigence sociale, la correction des inégalités, la recherche de l’égalité,
- la liberté, l’autonomie, la responsabilité, l’éducation, la culture,
- l’écologie politique.
Lors de nos débats de jeudi et de vendredi à Evreux, certains d’entre nous continuent de se gargariser de mots comme des enfants aiment à se gaver de bonbons. Le sucre a ce côté rassurant qui fait qu’il nous replonge en enfance. Il n’y a bien sûr aucun mal à se faire plaisir. Mais, dans le champ politique, compte tenu de la manière dont notre pays est dirigé, a-t-on encore le droit de se réfugier derrière ces petits plaisirs ?
A toujours peindre la réalité en noir, à toujours verser dans le misérabilisme, dans le catastrophisme, à toujours utiliser des épouvantails à moineaux (Bush, Sarkozy, le marché transatlantique…) et des expressions fumeuses telles que la lutte des classes, nous en oublions l’essentiel, à savoir que nous devenons inaudibles par la répétition de slogans qui, à défaut de mobiliser la population française, mobilisent quelques-uns d’entre nous. Nous nous éloignons de ce que nous sommes refusant d’assumer ce que nous sommes devenus.
Il y a deux ans, j’ai entendu dire de la part d’une secrétaire nationale du Parti socialiste que les artisans, commerçants, indépendants ne faisaient pas partie de la clientèle électorale du Parti socialiste. Dans la même filiation, j’ai pu lire dans une des contributions que “notre base électorale doit correspondre à notre base sociale“. Certains d’entre nous sont en train de confondre socialisme et électoralisme. Autrement dit, ils ont fait le choix du JE contre le NOUS.
NB : hier à Evreux, pour répondre à l’un de mes interlocuteurs concernant la lutte des classes, je lui ai fait part d’une anecdote. J’avais une voisine un peu sourde - pour ne pas dire plus - qui aimait écouter Edith Piaf. Sa musique était si forte qu’elle n’entendait même plus que l’on frappait à sa porte. J’ai parfois l’impression que certains de nos camarades deviennent sourds.
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