À qui le Tour ?
C’est dimanche après midi que le Tour s’achève, « Tour de farce » titrait le JDD, mais point de farce ici : le constat demeure que la lutte contre le dopage et la triche est toujours aussi difficile à mener. Et cela ne concerne pas seulement le Tour de France. Dans le passé il existait une chape de plomb sur les affaires de corruption, il y a aujourd’hui une chape de plomb sur le pluralisme de la presse et l’influence de cette dernière sur la politique.
Quand la triche est acceptée il devient difficile de renverser l’ordre des choses ; pourtant, la force de conviction de quelques-uns fait que l’opinion bascule, et réussit à faire bouger les lignes.
Pour le Tour, d’anciens dopés témoignent et expliquent comment ils ont cru qu’ils ne trichaient pas avant d’être mis en cause, avant de descendre en enfer et de comprendre que, oui, ils avaient triché. Ce genre de témoignage, qui montre à quel point il est difficile de faire reconnaître à quelqu’un ses erreurs, doit être mis en valeur.
Qui, dans la vie politique, a reconnu la triche ?
Je
crois que personne ne l’a fait, sauf pour dénoncer son petit camarade.
On le comprend, dit-on, car avouer c’est se suicider politiquement ! Ce
genre d’axiome entretient donc le mystère autour des affaires.
Ainsi DDV (Dominique de Villepin) est mis en examen dans l’affaire Clearstream, les juges lui reprochant d’avoir utilisé de faux listings à des fins de déstabilisation de l’ex-futur candidat Nicolas Sarkozy. Malheureusement pour lui, cette histoire, qui devrait mettre à bas les derniers fidèles de la Chiraquie, semble véridique, l’ambiance politique de précampagne ayant été à ce point violente entre chiraquiens et sarkozystes que tous les coups semblaient permis. Sarkozy n’a pas besoin d’œuvrer, ses adversaires sont allés seuls à la faute.
Aujourd’hui la presse connaît une forme de trafic d’influence en règle, régie à deux niveaux par le pouvoir actuel.
D’une part, le principal vecteur de communication de nouvelles est TF1, son influence est la plus grande, avec plus de 40 % de part de marché à chaque journal télévisé - le double de son concurrent -, huit millions de téléspectateurs pour les news simultanément... l’autre information touche donc moins de gens. TF1 permet d’asseoir un traitement spectacle de l’information et peu de place est laissée au droit de suite.
D’autre part, il y a les industriels qui prennent le contrôle de la presse et des principaux médias français, ce qui, d’emblée, entraîne consciemment ou non une certaine autocensure des journaux, qui évitent de fait d’enquêter sur certains groupes industriels, par exemple. Menacée par "le droit", qui est voté par les parlementaires, la presse s’inquiète régulièrement des atteintes à la liberté, à sa liberté (le serpent de mer législatif vers une obligation faite aux journalistes de citer leurs sources lors d’enquêtes judiciaires...).
Les journaux d’information vivent une nouvelle mutation : les problèmes de rentabilité sont récurrents pour les quotidiens, Internet bouleverse la donne, information gratuite, rôle économique de la publicité, etc. Le système fonctionne ainsi, où est le problème ? Il n’y en aurait pas si la concurrence était réelle (c’est à dire sans média dominant tel TF1), si l’info ne se contentait pas d’être une succession de brèves et d’images traitant de la forme et pas du fond - un papier de deux colonnes ne peut pas traiter du fond.
Le sensationnalisme est l’autre écueil qui attend le journaliste... le scoop, "l’information qui tue". Et ne pas communiquer ce type d’infos (comme dénoncer le faux couple Royal-Hollande) peut marquer une défiance encore plus forte de l’opinion envers les journalistes.
L’hebdomadaire Marianne, les sites Rue89, Agoravox et d’autres deviendront-ils de vrais trublions, les nouveaux empêcheurs de tourner en rond de l’information ?
Pour le moment, c’est Sarkozy et ses amis qui ont la main, mais demain à qui le tour ?
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