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Accueil du site > Tribune Libre > Ce que veut l’Allemagne (réponse à M. Jean-François Copé)

Ce que veut l’Allemagne (réponse à M. Jean-François Copé)

M. Jean-François Copé, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, a eu la très grande courtoisie de répondre le mois dernier de façon précise et détaillée à notre « Lettre ouverte aux parlementaires », concernant la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne à laquelle renverra le traité fédéral venant bientôt en discussion devant le Parlement. Son argumentation ne nous a toutefois pas convaincus et nous donnons en réponse (pièce jointe) cette seconde - et dernière, bien entendu - « Lettre ouverte ». Si on n’en devait tout d’abord retenir qu’une seule chose, que ce soit (troisième page sur les cinq de la lettre) cette carte, si révélatrice, des codes postaux allemands, dont personne ne parle publiquement à notre connaissance, et pour laquelle notre courrier comporte un lien hypertexte qui permettra à chacun de juger « en quelques clics de souris » du bien-fondé de nos inquiétudes. L’Allemagne envisage bien, un jour, de rectifier ses frontières et a besoin pour cela des dispositions contenues dans le traité et la Charte. Ensuite, sans doute sera-t-on plus disposé à prendre en considération notre mise en perspective, notamment sous l’angle linguistique, du traité et de la Charte, et lira-t-on entièrement et attentivement notre « Lettre ouverte » pour nourrir sa réflexion.

    - Lettre ouverte à M. le député Jean-François Copé -

    Strasbourg, le 20 septembre 2007


Objet : votre réponse à notre « Lettre ouverte aux parlementaires »

Monsieur le député,

Veuillez accepter nos remerciements pour votre réponse argumentée - que nous reproduisons ci-après - à notre « Lettre ouverte aux parlementaires sur la Charte des droits fondamentaux de l’UE » et permettez-nous de reprendre la parole une seconde et dernière fois.

Ce faisant, nous avons la conviction, - tout en respectant la différence de légitimité au débat entre l’élu que vous êtes, de surcroît président du groupe majoritaire de l’Assemblée, et les simples citoyens, militants de mouvements souverainistes, que nous sommes, - de vous apporter, ainsi qu’aux parlementaires qui voudront bien nous lire, des informations inédites sur la question allemande vue d’Alsace, par nous-mêmes et nos amis.

Remarquons que depuis notre « Lettre » en juillet, deux faits confortent notre conviction. Il s’agit d’une part, après l’exemption du Royaume-Uni, des réticences marquées de la Pologne à l’égard de la Charte et à cela il doit y avoir une raison en Silésie et en Poméranie... Il s’agit d’autre part de l’annulation par le tribunal administratif du Bade-Wurtemberg, sur requête de parents d’élèves, d’une ordonnance gouvernementale du Land obligeant les lycées à poursuivre l’enseignement du français comme première langue étrangère dans la bande rhénane. Le français y intéresse donc les familles bien moins que l’anglais.

Vous écrivez tout d’abord : « Je tiens à vous préciser que la Charte ne reconnaît aucun droit collectif aux minorités et ne fait aucune mention à ce sujet. (...) Ces dispositions sont parfaitement conformes à la tradition constitutionnelle française de protection du principe d’égalité et à celle de la Convention européenne des droits de l’homme à laquelle la France est partie. Le respect de la diversité culturelle, religieuse et linguistique est un principe au sens de la Charte, qui n’emporte par conséquent pas d’obligation positive (...) » Pour la lettre des textes, vous avez raison ; mais pour l’esprit, dans la lecture qu’en fera l’Allemagne, principale intéressée au statut des « minorités linguistiques », et qu’en feront les juridictions européennes, il en va tout autrement.

Pour le projet de traité modificatif connu à ce jour, au sommet se trouveraient la personnalité juridique de l’Union (donc sa faculté d’adhérer à tous traités et Conventions comme Haute Partie contractante, sans les réserves d’interprétation que fait traditionnellement la France quant aux droits collectifs) et le principe de supériorité, - déduit des juriprudences de la Cour de Luxembourg, - du droit de l’Union dans les domaines communautarisés, soumis aux décisions majoritaires, notamment pour l’éducation et la culture. Nous y trouvons ensuite : « les droits des personnes appartenant à des minorités », «  la diversité culturelle et linguistique et (...) le patrimoine culturel européen », l’intervention de l’Union dans les domaines de compétence partagée avec les États, la référence explicite à la Charte des droits de l’UE, l’adhésion automatique à la Convention européenne des droits de l’homme et sa réception comme bloc de constitutionnalité de l’Union, le droit de pétition collectif dans l’UE, la compétence interprétative de la Cour de Luxembourg, la saisine de celle-ci par des institutions ou des personnes physiques ou morales, les questions préjudicielles, les compétences exclusives, partagées et incitatives de l’Union et ses interventions pour la culture, l’éducation et la coopération administrative.

Pour la Charte des droits de l’UE, on relèvera : « le droit des parents d’assurer l’éducation et l’enseignement de leurs enfants conformément à leurs convictions (...) pédagogiques », l’interdiction de « toute discrimination fondée notamment sur (...) l’appartenance à une minorité nationale », le respect de « la diversité culturelle (...) et linguistique », le droit de pétition devant le Parlement européen (art.14, 21, 22, 44), le fait pour « toute personne de (pouvoir s’adresser) aux institutions de l’Union dans une des langues des traités et (de devoir) recevoir une réponse dans la même langue » (art. 41). Concernant cet article, on notera que, pour la France, l’Alsace-Moselle est la seule région où la « langue régionale » a été bien à tort désignée par les conventions entre l’Éducation nationale et les collectivités territoriales comme étant une langue des traités : l’allemand. C’est là, n’en doutons pas, que commencerait demain la bataille des langues !

Au total, nous croyons fermement que dans ce foisonnement normatif se cache la disposition qui sera un jour utilisée pour briser l’unité de la République et faire accorder par voie de jurisprudence des droits collectifs. La bataille juridique, derrière laquelle sera l’Allemagne, aura lieu aussi ailleurs en Europe, là où existent de prétendues « minorités allemandes » (Pologne, États baltes, République tchèque, Tyrol italien, Belgique). La Hongrie, du reste, avec ses « minorités » de l’extérieur, entend imiter l’Allemagne en suivant ses conseils.

Le scénario probable pour l’Alsace-Moselle pourrait être le suivant : des parents désirant un enseignement bilingue français/allemand près de chez eux et ne le trouvant pas, saisiront la justice administrative (c’est exactement le cas en ce moment en Alsace (1) ) ; celle-ci, demain, sur un domaine de compétence communautarisé en vertu du futur traité, saisira la Cour de Luxembourg d’une question préjudicielle ; la réponse sera évidemment l’obligation faite à l’État d’assurer partout, comme service public, l’enseignement bilingue. Cette diffusion banalisera ce projet très contestable sur le plan pédagogique et qui, du reste, n’existe pas de l’autre côté du Rhin ce qui démontre que l’objectif poursuivi de ce côté-ci est idéologique et non pédagogique. Le mouvement, à grands frais et vaille que vaille, sera amorcé et se diffusera (13 000 élèves à l’heure actuelle en Alsace) : l’Éducation ne sera plus nationale, mais binationale. Ainsi, nombre d’enseignants en classes bilingues sont-ils allemands ou autrichiens.

L’attaque pourrait aussi venir du droit applicable dans les eurorégions et eurodistricts en Alsace-Moselle ou ailleurs. Par les recours de « citoyens européens » intéressés ou invités à l’être, il sera réclamé un droit public exorbitant du droit national, ne serait-ce d’abord que pour faire droit au bilinguisme dans la vie publique. Ces droits collectifs amorceront la brisure de l’unité nationale avec des citoyennetés de premier et de second rang selon qu’on parlera ou non la « langue régionale », par exemple pour le recrutement dans les fonctions publiques. (En Corse, cela s’appelle « la corsisation des emplois ».) Le processus de détachement se poursuivra dans la durée par la langue, le droit, la culture, les institutions locales, l’éducation, les média régionaux, etc. Il y faudra une génération, mais cela se fera. Écoutons un spécialiste nous l’avouer, J.-M. Woehrling étant à la fois, si l’on peut dire, juge et partie car il fut longtemps président du tribunal administratif de Strasbourg et il est par ailleurs un partisan déclaré du fait linguistique alsacien : « La notion de « statut » de la langue inclut à la fois des droits individuels et collectifs.(2) » La Belgique illustre en ce moment jusqu’où tout cela peut mener.

Vous écrivez ensuite : « En outre, la France partage la position de l’Allemagne en ce qui concerne l’utilité de la Charte des droits fondamentaux. » Nous ne le croyons pas, au moins pour cette notion de « minorité », si par « la France » l’on veut bien entendre la citoyenneté telle que notre pays l’a construite au long de son Histoire. En voici une preuve. La Convention ayant élaboré en 2000 la Charte était présidée par M. Roman Herzog, ancien président fédéral d’Allemagne. Ce dernier, remettant ès-qualités en 1996 le prix Charlemagne à la reine des Pays-Bas, déclarait : « (Charlemagne) voulait, comme nous maintenant, conserver et en même temps réunir la diversité des cultures propres aux groupes ethniques de souche (Stämme)(3). » Ce mot Stamm n’a pas d’équivalent en français. La France est un pays historiquement métissé, jadis par les grandes invasions et plus tard par l’immigration. Nous n’avons pas la conception « ethnique » de la nation, mais celle de la citoyenneté immédiate, où nation et État coïncident, exprimée par notre tradition constitutionnelle depuis 1789.

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    1. Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA), 5.9.2007

    2. Land un sproch, Les cahiers du bilinguisme, 1993, numéro 106 (in : Yvonne Bollmann, La Bataille des langues en Europe, éd. Bartillat, 2001, pp. 58-59.)

    3. Yvonne Bollmann, La Tentation allemande, éd. Michalon, 1998, p. 67.

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    Au contraire, le peuple germanique (ayant envahi l’Europe, mais n’ayant pas été envahi) se perçoit aujourd’hui encore - avec une évidence qui lui rend difficilement compréhensible notre rapport à l’État, - sous l’aspect ethnique. (En allemand, les vocables sont völkisch, Volkstum, Volksgruppen, Deutschtum). Il se décline lui-même en Francs, Alamans (Badois, Wurtembourgeois, Alsaciens, Suisses alémaniques), Bavarois, Thuringiens, Chattes (Hessois), Frisons, Saxons (Bas- et Anglo-Saxons). C’est sur la base de cette conception qu’agira l’Allemagne, à savoir que ce qui a été un jour « allemand » se doit de le demeurer à jamais selon la chaîne causale : ethnie, langue, territoire, État fédéré. Chez elle, l’Allemagne ne reconnaît comme « minorités » titulaires de droits que les Danois et les Sorabes, sans importance numérique, ne revendiquant aucune autonomie et ne menaçant pas son unité. Et, puisqu’il n’y a pas de fédération sans fédérateur, l’Allemagne entend l’être - comme la Prusse le fut pour elle - d’une Europe à son image, une Europe fédérale des régions à base ethno-linguistique, en somme un fédéralisme ethnique. De ce point de vue, l’idéologie du IIIe Reich peut apparaître presque autant comme l’amplification monstrueuse de l’appel obscur du clan, de la tribu, du sang, de la terre, de la nuit des origines, qui gisent dans le mot ethnie, que comme un monstrueux accident historique. Un Français, lui, répondrait plutôt à la question « Race ? » comme le fit Albert Einstein sur son formulaire d’entrée aux États-Unis : « humaine ».

Si l’on se récrie devant notre mise en garde, en voici une preuve édifiante. Sur la carte des codes postaux allemands (1), refondue après la réunification, on remarque que les secteurs 05, 11, 43 et 62 sont absents. Interrogée, la Poste allemande répondit qu’il s’agissait de secteurs manquants dans des agglomérations industrielles recelant un potentiel de croissance (2). Sachant que sur 99 999 codes possibles, moins de 30 000 ont été attribués, cette explication est fantaisiste. On verra en revanche que le secteur 05 s’adapterait parfaitement à la région des « Sudètes » (République tchèque), le 11 à la Silésie (Pologne), le 43 aux cantons d’Eupen(Néau) et Malmédy (Belgique) et le 62... à l’Alsace-Moselle ! Tous ces territoires furent naguère revendiqués par l’Allemagne et annexés par le IIIe Reich, au motif de leur caractère « allemand ». Impensable ? Avec E. Poe et La Lettre volée, nous savons que parfois le plus visible s’avère le mieux caché : l’Allemagne ne s’interdit aucune hypothèse...

Certes, nul ne peut nier les souffrances des « Allemands des Sudètes » (2,6 millions) expulsés de Tchécoslovaquie en 1945 pour faits de collaboration avec les nazis ou ceux de Silésie-Poméranie (12 millions) fuyant le retour à la Pologne de ces régions. Mais ces habitants, par exemple en Bohême-Moravie depuis le XIIIe siècle, n’auraient-ils pas eu le temps de s’assimiler si, au lieu de leur conception ethnique de la nation, ils en avaient eu la nôtre ? La France ne doit pas rougir de sa conception assimilatrice et centralisée car elle lui doit sa paix civile, son sentiment national et son rayonnement universel. Ainsi, le modèle régional ethno-linguistique, inspiré du fédéralisme allemand, que certains lui préparent est un contresens où s’abîmera, dans la violence peut-être, son génie propre.

Vous écrivez encore : « La France a largement contribué à la rédaction de la Charte en 2000, dont le contenu a été jugé conforme à la Constitution française par le Conseil constitutionnel. » Il est exact que s’étant vu soumettre le projet de Constitution européenne où figurait la Charte, le Conseil n’y a pas vu, le 19.11.2004, d’inconstitutionnalité. Mais il est dit dans la décision que cela tient à ce que la Charte ne s’oppose pas aux articles 1 à 3 de la Constitution qui interdisent l’attribution de droits collectifs. Il suffirait que soit modifié, par exemple, l’article 2 (en ajoutant les langues régionales à l’usage du français) pour que la digue cède et qu’apparaissent les droits collectifs. Nous allons y revenir.

Par ailleurs, une jurisprudence relative à la « tradition constitutionnelle » peut toujours être renversée. Or, par sa décision majeure du 10.06.2004, le Conseil constitutionnel a dit que, dans un domaine de compétence communautaire - et, avec le traité modificatif, ce domaine serait considérable - il n’appartient qu’au juge communautaire de connaître de la conformité des actes normatifs aux textes européens, à moins qu’ils n’enfreignent une disposition expresse contraire de la Constitution. Ainsi, tout repose pour la question des langues sur la phrase de l’article 2 : « Le français est la langue de la République », ajoutée en 1992 pour faire pièce, dit-on, à l’anglais envahissant, mais dont on peut aussi penser qu’elle faisait barrage aux exigences de la Charte des langues minoritaires du Conseil de l’Europe.

    1. http://www.mobile.de/suchen/plzmap_fr.html

    2. Yvonne Bollmann, op. cit., p. 100.

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Vous écrivez enfin : « En revanche, la France a refusé de ratifier les conventions internationales qui reconnaissent des droits collectifs à des minorités, telles que la Charte des langues régionales ou minoritaires de 1992 ou la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales de 1995. » Pour nous en tenir à la Charte des langues, le Conseil constitutionnel, appelé à statuer sur la possibilité d’une ratification, a jugé sévèrement, dans sa décision du 15.06.1999, que «  la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, en ce qu’elle confère des droits spécifiques à des « groupes » de locuteurs de langues régionales ou minoritaires, à l’intérieur de « territoires » dans lesquels ces langues sont pratiquées, porte atteinte aux principes constitutionnels d’indivisibilité de la République, d’égalité devant la loi et d’unicité du peuple français » et que d’autre part l’article 2 de la Constitution interdit l’usage dans la vie publique d’une autre langue que le français. Or, la Charte était appelée de ses voeux par une notable partie du Parlement qui l’aurait sans doute ratifiée, le gouvernement de M. Jospin l’ayant signée le 7 mai 1999.

D’autre part, voulant en 1991 donner un nouveau statut à la Corse, le gouvernement de l’époque souhaitait y introduire l’expression « peuple corse, composante du peuple français ». Le Conseil constitutionnel censura l’expression, au motif de l’article 1 de la Constitution. Mais le tentative a existé. De même, en 1999, le représentant du gouvernement alla discuter discrètement de la même question avec des représentants des mouvements autonomistes corses dans le cadre d’une réunion organisée, au nord de l’Europe, par une association fédéraliste et ethniciste, la FUEV (1) et son appendice l’ECMI (2), lesquelles militent pour l’Europe fédérale des régions à base ethno-linguistique.

On voit donc la fragilité - et les débats parlementaires sur ces sujets le confirment (3) - de la digue constitutionnelle. Il suffirait d’une majorité nouvelle favorable à l’ajout, à l’article 2, de la mention des langues régionales, recevant naturellement l’appui de Bruxelles, pour que celles-ci acquièrent un statut de co-officialité et que s’ensuive pour nos régions périphériques de métropole et nos collectivités d’outre-mer, l’enchaînement explicité ci-dessus pour l’allemand.

Il y a à l’évidence dans la conjonction Union européenne/Allemagne/Conseil de l’Europe/ONG ethnicistes, tous les ferments pour la dislocation programmée des États-nations. La France ne semble pas, hélas !, s’en apercevoir et s’en soucier. Pourtant, le préfet Claude Érignac fut la victime emblématique de la dérive extrémiste de ce programme.

Voici encore deux illustrations de l’ubiquité du réseau ethniciste. En 1984, l’Allemand H.-G. Pöttering, actuel président du Parlement européen, était le cosignataire d’une résolution de celui-ci demandant un « droit européen des Volksgruppen (groupes ethniques) (4) ». Cette année, le quotidien de Strasbourg Dernières Nouvelles d’Alsace a ouvert pendant plusieurs semaines ses pages - sans mentionner l’autre face de l’artiste - à la verve du peintre Ben (Benjamin Vautier) (5), chantre déclaré de l’ethnisme, militant du Parti nationaliste occitan et maître d’œuvre à Nice en 1998 d’un atlas sur ce sujet, La Clef . L’ethnisme sort de l’ombre.

Élargissons notre propos. L’amitié franco-allemande, c’est l’amitié entre les personnes, l’estime entre les peuples, les projets communs, les jumelages, la culture, la jeunesse ; c’est beaucoup et c’est précieux. Croit-on pour autant que l’Allemagne et la France échappent à la loi commune des relations internationales laquelle veut que l’on appelle amitié, en réalité, des intérêts communs ? Amitié, le préambule du Bundestag, lourdement atlantiste, au traité de l’Élysée de 1963 ? Amitié, les reconnaissances isolées par l’Allemagne en 1991 de la Slovénie et de la Croatie, lui ouvrant la voie de la Méditerranée (6), mais ouvrant aussi les guerres civiles de l’ex-Yougoslavie notamment contre la Serbie, alliée traditionnelle de la France ? Amitié, l’inauguration en 1993 à Coblence, au confluent du Rhin et de la Moselle, de la copie de la colossale statue équestre, détruite en 1945, de l’empereur Guillaume Ier, justement un 2 septembre, jour anniversaire de la défaite française de Sedan de 1870 (statue dont, soit dit en passant, la croupe du cheval indique - délicate attention - la direction de Paris) (7) ? Amitié, le marché de dupes du consortium EADS, de son origine à ce jour ? Amitié, le discours du 25 mars dernier à Berlin de la Chancelière Merkel, commémorant le cinquantième anniversaire

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    1. http://www.fuen.org/

    2. http://www.ecmi.de/

    3. http://www.assemblee-nationale.fr/ et http://www.senat.fr/ (recherche : langues régionales)

    4. Y. Bollmann, La Bataille des langues en Europe, p. 59.

    5. http://www.ben-vautier.com/

    6. « La politique d’un pays est tout entière contenue dans sa géographie. » (Napoléon Bonaparte)

    7. Y. Bollmann, La Tentation allemande, pp. 167-175.

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du traité de Rome, dans lequel elle dit : «  Nous nous sommes mutuellement persécutés et exterminés. Nous avons dévasté notre patrie  » ? Mutualiser les responsabilités des guerres mondiales en Europe en en faisant des guerres civiles dans une improbable « patrie européenne », où l’on sait que les exactions sont souvent partagées, voilà bien l’écho de la conception « postnationale » du philosophe allemand J. Habermas. Ce dernier voit le dépassement des États-nations dans l’État supranational à créer, mais ceux-là subsisteraient, morcelés, dans celui-ci, sous la forme de nations ethnocentriques. « Il est amusant de voir que Habermas recrée ainsi ce avec quoi il voulait rompre, la vieille conception allemande, particulariste, de l’idée nationale. On ne se défait pas si facilement des vieilles habitudes de penser.1 » Les relations internationales comme une « Europainnenpolitik »...

Au-delà, est-il permis de rappeler aussi le rôle des États-Unis dans le choix fédéraliste fait pour unir l’Europe et leur souhait, crûment exprimé (2), de faire de l’Allemagne leur « tête de pont » dans une Europe vassale, par un partnership in leadership (W. Clinton, Berlin, 1994) ? De dévoiler le tutorat d’outre-Atlantique sur la carrière de la Chancelière depuis 1989 (3) ?

L’amitié franco-américaine... Certes, comment ne pas aimer ce grand peuple, ne pas s’inspirer de lui, qui a fait marcher des hommes sur la Lune, qui fait tant pour la science, pour la culture, pour le progrès, et qui fit tant jadis pour la liberté du monde ? Faut-il rappeler pourtant que les États-Unis choisirent l’accommodant Giraud pour vassaliser la France de l’après-guerre plutôt que l’intraitable de Gaulle ? Rappeler la sortie de l’OTAN et que les États-Unis ont leurs intérêts dans le monde et seulement leurs intérêts ? Citer la sombre confidence de F. Mitterrand, au soir de sa présidence : « La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort. Apparemment.(4) » De fait, le Program for a New American Century trouve, notamment, en Afrique francophone quelques applications...

La France, ayant revêtu la camisole fédérale, réintégré sans « chipotages » l’OTAN et renoncé à son Sonderweg, étant remplacée à l’ONU par l’Union européenne, l’hyperpuissance n’aura plus à subir un D. de Villepin venant dire l’opposition de la France à une guerre d’invasion. Notre France, qui est renvoyée dédaigneusement à ses « illusions de grandeur » par les tenants du Nouvel ordre mondial (5)... Au reste, que notre pays « seul » (deuxième pays le plus écouté à l’ONU pourtant) ne soit plus à la hauteur des « défis de la mondialisation », nos clercs, nos médias n’en sont-ils pas convaincus, ne s’attachent-ils pas à en persuader un peuple rétif, en extirpant de son âme tout « nationalisme » et même tout sentiment national, sauf pour le sport, utile dérivatif ? Qui doute que nos grands médias, si consensuels quant à « l’Europe », si critiques avec ce qui reste du pouvoir d’Etat (mais si pudiques avec celui de l’argent), ne recherchent, là comme ailleurs, la vérité ? Certains (6), tout de même, qui trouvent qu’ils ne se sont pas donné beaucoup de peine pour enquêter sérieusement sur les attentats du « 9/11  »,- quelles que soient ici les opinions de chacun, - et sur cette géopolitique de western (cachant la vraie, celle du pétrole), avec son épouvantail à éclipses et à la barbe fleurie, Ben Laden/al-Qaïda, pareil à un personnage de baromètre sortant pour annoncer le mauvais temps. Dire cela, c’est situer à la fin notre sujet dans sa perspective géopolitique d’ensemble.

Puissent son destinataire et ceux qui liront cette « Lettre ouverte » se dire, avant certain vote, comme Hamlet (7) après que le spectre de son père lui a appris la vérité sur ce qui se passe à Elseneur et qu’il y fut assassiné par un poison versé dans ses oreilles (un vrai poison puisqu’au XIe siècle il n’y avait pas de poison médiatique) :

This time is out of joint : O cursed spite / That ever I was born to set it right !

Vous remerciant, ainsi que toutes celles et tous ceux qui nous auront lus, de votre attention, veuillez croire, Monsieur le député, à l’assurance de notre respectueuse considération.


    J. Kotoujansky, H. Brochart, J. Buchmann

    _________________________________________________________________________

    1. Jean-Pierre Chevènement, La Faute de M. Monnet, Fayard, 2006, p. 80-81.

    2. Z. Brzezinski, Le Grand Echiquier - La Domination américaine et ses impératifs géostratégiques, Bayard, 1997.

    3. http://www.voltairenet.org/article144629.html

    4. Georges-Marc Benamou, Le Dernier Mitterrand, éd. Plon, 1997, p. 51-54.

    5. Zbigniew Brzezinski, op. cit.

    6. DailyMotion

    7. Acte I, scène 5, v. 189-190


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28 réactions à cet article    


  • Antoine Diederick 3 octobre 2007 14:34

    Bonjour Monsieur Kotoujansky,

    Je lirai plus avant votre texte car cela m’intéresse.

    Mais avant, je voudrais livrer ici un lien que j’ai introduit sur le fil de discussion concernant l’avenir de la Belgique suite aux élections.

    Si je le remets ici c’est pour savoir ce que vous en pensez.

    Merci de votre réponse.


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 4 octobre 2007 00:42

      Cher Monsieur,

      Le lien aboutit à un Centre Robert Schuman, évidemment fédéraliste, évidemment favorable à une « eurorégion » Sarre-Lorraine-Luxembourg. Voyez notre précédent article sur Agora :

      http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=27636

      Quant à la Belgique, on peut être inquiet...

      Bien à vous


    • brieli67 3 octobre 2007 14:47

      Dr K.

      Combien de ressortissantes de nationalité ou d’origine turque dans votre clientèle ?

      lA TURQUIE membre de l"UE oui OU oui Mais et quand ?

      Le démantèlement de la Belgique oui non et quand ? NS jure qu il n-y a pas ingérence de la France et vous ?

      Quelle panacée pour la Poudrière des Balkans ? Et vous fin connoisseur : les petits états baltes ?


      • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 4 octobre 2007 00:52

        Dans la maternité où j’exerce, en Alsace (je reste discret) il naît environ 12% d’enfants de deux parents turcs, ou de récente origine turque. Il naît aussi 4% d’enfants de deux parents originaires du Maghreb. Dans cette région de l’Alsace, de 16 à 20% des enfants (à Strasbourg notamment) sont issus de milieux de culture musulmane pour au moins un parent, dans la plupart des cas pour les deux parents. J’ai répondu à votre question, mais ce n’est pas le sujet du débat relatif au traité fédéral européen et à l’implication de l’Allemagne.

        Quant à la Belgique, l’avenir est en question. Les questions linguistiques, souvent attisées depuis Bruxelles (et Berlin !) jouent le rôle néfaste que vous voyez... Ne les introduisons pas en France avec le funeste traité et sa néfaste Charte !


      • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 4 octobre 2007 01:00

        Je n’ai pas répondu pour les Etats baltes. L’Allemagne s’en occupe activement à travers les « minorités » qu’elle dit y avoir ou qu’elle y suscite. Il existe une « Académie de la Baltique » et des « associations de réfugiés » qui travaillent à faire se découvrir « allemands » les Poméraniens (Polonais) et ceux que cela intéresse (descendants des Chevaliers teutoniques !) dans les trois Etats baltes (ex-URSS).

        Quant aux Balkans, plus c’est petit, plus on se rapproche de l’Europe ethnico-fédérale...


      • ZEN ZEN 3 octobre 2007 17:40

        @ L’auteur

        Je vais prendre le temps de relire attentivement ce long article .Tout est à peser.

        Ce qui m’inquiète le plus , outre le risque de balkanisation ethno-linguistique en Europe , réveillant de vieux démons, c’est cette tendance, dont on parle peu, qui s’accomoderait parfaitement de l’éclatement des états-nations :

        http://www.politis.fr/article1746.html


        • Antoine Diederick 3 octobre 2007 21:07

          @ Zen

          cela est encore une autre partie problématique...

          Je disais recemment en rigolant :« Quand allons nous voter directement en Europe pour les présidentielles us, au rythme où cela va ? » smiley


        • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 4 octobre 2007 01:05

          Oui, exactement. J’ai tenu à parler des E.-U. à travers la vérité sur le « 11-septembre » (mes deux amis qui signent avec moi le papier étant plus réticents) car l’Europe fédérale (impuissante) répond aux voeux de Washington.

          Voyez en particulier le lien (Reseau Voltaire) dans notre texte qui explique le « cornaquage » (?) de A. Merkel par Bush and C°.


        • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 4 octobre 2007 01:07

          Oui ! La presse française est outrageusement atlantiste ! C’est normal, c’est l’argent des multinationales et de leurs relais économico-culturels qui la financent, cette presse aux ordres. Et elle est relayée maintenant jusqu’au plus haut niveau de l’Etat (suivez mon regard...)


        • Dan51 3 octobre 2007 21:45

          Ce texte est écrit par un Alsacien souffant du syndrome alsacien... Les élucubrations qu’il contient sont à l’image de ce syndrome... les accusations et sous-entendus qu’il prête á l’Allemagne sont ridicules et montées de toutes pièces. On y sent la peur de l’Allemagne qui lui ôte toute faculté de jugement.


          • Antoine Diederick 3 octobre 2007 23:53

            Ben justement, s’il y a syndrome, il y a questionnement , na !


          • NPM 4 octobre 2007 00:14

            Evidement, tous le monde sais que les allemands, ce sotn des gars sypas !

            comme les autres peuples, c’est connu, tous sympas !

            Allez, embrasser vous les bisounours !


          • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 4 octobre 2007 01:12

            Je n’ai pas peur de l’Allemagne qui ne peut rien si la France sait où elle veut aller, ce qui ne semble plus être le cas dans notre « démocratie de façade ». Mais j’ai peur pour la France qui, si mal gouvernée qu’elle est aujourd’hui, roule au précipice... Notre démonstration est solide, argumentée, « cartes sur table ». Faites-en autant pour argumenter utilement dans le sens qui est le vôtre.


          • Dan51 4 octobre 2007 07:39

            Et savez-vous ce que « tout le monde » pense des Français ?

            Vous êtes-vous renseigné et posé la question honnêtement ?

            Vous seriez horrifiés, tellement l’aveuglement historique et la suffisance, l’arrogance française est manifeste dans le monde entier.

            Voyagez, écoutez, vous serez édifié !!!


          • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 4 octobre 2007 09:25

            La France a sans doute des défauts, son peuple aussi. Qui n’en a pas ? Qui peut nous donner des leçons ? Mais à tous ceux qui nous dénigrent, Français ou étrangers, les patriotes doivent répondre qu’ils les emm...


          • ernst 4 octobre 2007 00:00

            Mais qu’en termes galants !...

            Et petit1, et petit 2 !...

            Le peuple français a voté NON, que cela me plaise ou non. Qu’en est-il de l’exploitation de ce vote ?... Comment un vote populaire peut-il juridiquement, constitutionnellemnt être bafoué par celui-là même qui en est le représentant, de ce peuple, et non pas le propriétaire ?...

            Question simple à Monsieur COPPÉ : vous vous foutez de qui, BAF ???


            • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 4 octobre 2007 01:22

              Ce n’est pas principalement la faute de M. Copé ! C’est la faute du président que les Français ont malheureusement élu (et des députés/sénateurs timides qui semblent suivre) et dont la seule grande affaire est de leur faire avaler ce traité fédéral (assaisonné de sa Charte) et de les inféoder aux USA en les distrayant avec des hochets (paquet fiscal pour riches, réforme constitutionnelle inutile, balivernes sur l’immigration, « rupture » sur yacht, vacances « people », haute tension médiatique, racolage à gauche, os à ronger des municipales, etc.) Mais bien sûr, sans referendum avec un « mini-traité » (de 1000 pages, totalement illisible, même pour un juriste !)


            • mandrier 4 octobre 2007 10:06

              Bonjour monsieur,

              Il est évident que ce futur traité européen comporte -pour ce que j’ai lu- des modalités de « détricotage » du « cher et vieux Pays ».

              CE texte est pratiquement illisible : il expose les éléments de la désintégration de la FRance, et cela tient de la haute trahison : faudra-il que cela finisse dans les fossés de Vincennes ?

              Ce que la Guerre n’aura pas réussi à faire, le sera par la volonté de politiciens sans scrupules...

              DEpuis qu’au dernières élections j’ai vu et entendu en réunion publique le député européen de Quimper déclarer qu’il fallait revenir sur tout ce qui est le fond de la Constitution actuelle, pour mettre en place une technostructure pilotée par une oligarchie étrangère... j’ai compris que si on laissait faire ces gens là , c’en était fini de notre civilisation française....

              Mais que faire ? Puisque légalement ceux qui sont au pouvoir tiennent les manettes, et que juridiquement ils ont raison ?

              Saint-Mandrier


              • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 4 octobre 2007 21:22

                Le député dont vous parlez, c’est le sieur Bernard Poignant, un sectateur de la Charte des langues régionales. Avec leur bavardage culturalo-identitaire, des gens comme lui illustrent l’adage que l’enfer (ethno-linguistique) est pavé des meilleures intentions.

                Que faire ? Je me suis convaincu, moi qui ai longtemps milité dans un parti souverainiste (le MPF) que je viens de quitter depuis quelques mois, que le salut du pays passe par la constitution d’un grand parti populaire, social, souverainiste, exactement ce qu’était le gaullisme en son temps, et ce que ne sont tout seuls ni mon ancien parti, ni le FN bien sûr, et ne parlons pas de l’UMP (lequel est au gaullisme ce que MacDonald est à la gastronomie, un efficace coupe-faim...), ni les sympathiques mais confidentiels gaullistes maintenus, ni les républicains de gauche. Il faut que tout ce monde se rassemble (le gros problème c’est le FN et JMLP) et aille uni, un jour, aux élections. L’électeur ne comprend rien aux questions de souveraineté : il ne comprend que ce qui le touche directement. Peut-être aussi sera-ce le peuple en colère qui fera changer de direction ? Des scandales du genre de celui d’EADS ?


              • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 4 octobre 2007 21:27

                Avis aux internautes : que ceux qui ont lu ce texte et approuvent le fait de s’interroger sur la direction que l’on fait prendre à notre pays, votent « POUR » notre texte, faute de quoi les fédéralistes, les germanophiles béats et tous ceux qui veillent au grain pour que seule s’entende la bonne parole, en votant « contre » le feront disparaître !!


              • moebius 4 octobre 2007 12:45

                « Votre probléme identitaire » est insoluble, face a une menace supposée allemande vous réclamez le secours d’une France « inféodée » aux intérets Nord-Américains.


                • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 4 octobre 2007 21:08

                  La contradiction se résoud facilement. Pour la souveraineté il y a deux aspects : militaire et économique. Sur le plan MILITAIRE, personne ne menace la France et la France ne menace personne ; la dissuasion nucléaire sanctuarise notre pays ; nous n’avons donc besoin d’aucun protecteur (ce qui n’est pas le cas de l’Allemagne) ; or qui protège, commande ; personne donc ne nous commande ; premier aspect de la souveraineté. Sur le plan ECONOMIQUE, l’ouverture des frontières dans un cadre fédéral nous détruit depuis 30 ans ; il n’y a aucun consensus populaire pour le libéralisme intégral en France (d’où le non au referendum de 2005) ; si la France donnait le signal d’un retour aux frontières (et je crois que ce temps viendra bientôt), d’autres pays suivraient ; certes les USA tiennent une partie de notre économie (cf l’origine des fonds de capitalisation qui possèdent 40% de la capitalisation boursière à Paris), d’où notre inféodation dans plus d’un domaine (média, « culture », etc.) mais il suffirait d’une volonté politique forte et les choses se passeraient autrement. En conclusion, si nous le voulons, nous n’avons à craindre ni l’Allemagne ni les USA, mais il faut la souveraineté et l’indépendance. Nous prenons le chemin inverse : par le fédéralisme, nous soumettre et nous défaire. L’alternative est là.

                  P.S. : êtes-vous parent de l’avocat qui a le même nom que vous, et donc de l’homme politique disparu, son père ?


                • marianne 13 octobre 2007 11:32

                  bonjour,

                  J’admire votre lettre pleine de bon sens...

                  ma question est la suivante : vous avez dit quand un de vos commentaires que vous étiez un ancien militant du MPF (Mouvement Pour la France) avez vous une explication concernant ce revirement totale du Mouvement qui préfère soutenir la politique européiste de Monsieur Sarkozy plutot que de voir l’interet de la souveraineté de la france ?

                  n’est ce pas totalement renier ce pourquoi Philippe de Villiers s’est batu durant la campagne des Présidentielles ? pourquoi trahir son éléctorat de la sorte ? Qu’as t il eu en retours ? un seul deputé et une grande ouverture.... à gauche...

                  Les idées souverainistes ne sont pas entendues alors quel est l’interet de jouer la carte du « soutien loyal mais vigilant » ? et comment etre vigilant quand on ne represente pratiquement rien (un seul deputé) et 2% aux presidentielles ?


                  • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 13 octobre 2007 19:02

                    Hélas, chère Marianne (cela me fait souvenir que je viens de m’abonner à cet hebdomadaire au bon nom républicain, l’un des derniers média indépendants !), en vous remerciant de votre intérêt pour notre Lettre, voici ma réponse en toute franchise :

                    Je désapprouve totalement l’attitude du MPF (en réalité celle de son secrétaire G. Peltier à qui Ph. de V. a laissé toutes les initiatives) et j’en ai démissionné (mais ils ne se décident pas à enlever ma photo du site, ce pourquoi je vais les rappeler à l’ordre lundi) après en avoir été en congé depuis le printemps. Pourquoi ce revirement du MPF ? Il y a évidemment la Vendée, dont les élus villiéristes (députés, sénateurs et conseillers généraux) ne concoivent pas d’être réélus sans la bienveillance de l’UMP et celle-ci se monnaye, évidemment, comme tout en politique. Il y a ensuite Ph. de V. lui-même, à qui je garde toute mon estime et mon amitié, mais qui traverse à tous égards une situation difficile et qui est obligé de « ramener de la toile » comme on dit je crois en navigation à voile, en attendant des jours meilleurs. Donc, des élus, des cadres du MPF veulent des mandats et l’UMP en détient la clé, d’où ce piteux ralliement, pauvre « soutien critique ». Ceci étant, vous n’êtes rien en politique si vous n’avez pas de mandat, et de toutes façons, la grande majorité des électeurs, surtout à droite, y compris bien sûr au MPF, ne comprennent pas grand-chose au film, et cautionneront plus ou moins ce soutien « à droite ». Mais moi, et les quelques militants qui comprennent le film, notamment avec l’ami Paul-Marie Coûteaux, nous savons bien que sur la question européenne, c’est l’essentiel qui est en cause, c’est l’idée qu’on se fait de la France et de son avenir. Je ne conçois pas pour ma part de me rallier à qui a fait voter « oui » au referendum constitutionnel de 2005. Je ne méprise personne, mais je ne cède rien. Après, on peut toujours faire des alliances du « fort au fort » mais pas du « faible au fort » car on y perd immanquablement ses raisons d’agir. Voyez-vous, la solution est à mes yeux dans un grand parti républicain, national, populaire, social (quelque chose comme l’UDC suisse) où la majorité des souverainistes se retrouveront, pour la France. A cet égard, il faut suivre avec attention ce qui se passe au Front National où J.-M. Le Pen semble avoir compris qu’il faut pousser en avant une nouvelle génération, non marquée par le « point de détail » et autres outrances. Il y a aussi l’avancée prudente mais résolue de Nicolas Dupont-Aignan, en qui les gaullistes se reconnaissent sans peine. La souveraineté et l’indépendance nationales ont un grand avenir ! Et j’espère que Villiers aussi a un grand avenir (alors pour le momen,t, fermons les yeux et les oreilles pour ne pas voir les petits arrangements) !

                    Voilà ce que je pense, et en attendant, il faut alerter les bonnes volontés comme la vôtre sur les aspects dissimulés de l’européisme et de ses dangers mortels pour la République. Ce qui était l’objet de notre Lettre sur l’Allemagne.

                    Encore merci et courage, on les aura !


                  • Deneb Deneb 14 octobre 2007 11:23

                    « les reconnaissances isolées par l’Allemagne en 1991 de la Slovénie et de la Croatie, lui ouvrant la voie de la Méditerranée (6), mais ouvrant aussi les guerres civiles de l’ex-Yougoslavie notamment contre la Serbie, alliée traditionnelle de la France »

                    Vision erronée de l’histoire. l’Allemagne fautive pour la guerre civile en Yougoslavie ? Vous reprenez l’opinion de Milosevic, accusé de crime contre l’humanité et de l’extrême droite sérbe. On peut trouver bien de défauts à la politique allemande, mais la reconnaissance de la Slovénie et de la Croatie c’était de la clairvoyance, qui a sans doute évité des milliers de morts en cassant l’élan des forces serbes, prêtes, elles, à refideliser les deux republiques par tous les moyens, y compris genocidaires, ce qu’ils firent par la suite en Bosnie.


                    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 14 octobre 2007 23:23

                      Pour discuter en détail d’une question pareille, il faudrait avoir accès aux archives diplomatiques. Ce n’est pas pour demain, ni pour vous, ni pour moi. Il faut donc s’en tenir aux résultats et aux analyses a posteriori. Il y avait sans doute d’autres moyens et d’autrez voies pour faire évoluer l’ex-Yougoslavie. L’Allemagne aurait pu sans doute demander à la France de l’accompagner dans la voie des reconnaissances. Elle ne l’a pas fait, pour les raisons que nous avons dites et que vous avez rappelées. Le Vatican, parce qu’il s’agissait de catholiques, a accompagné la démarche allemande. Toujours la nostalgie du Saint-Empire (romain germanique)... Enfin, s’agissant de la Serbie, les exactions de l’atroce guerre civile yougoslave ont eu lieu dans tous les camps, les Serbes en ayant certes commis en plus grand nombre. Toutefois, voyez aujourd’hui ce qui se passe au Kosovo, avec les mafieux de l’ex-UCK, et élargissez votre réflexion à ce que veulent les USA quand il s’agit d’affaiblir la Russie et ses alliés périphériques du monde slave et orthodoxe. Que personne ne soit naïf !


                    • marianne 14 octobre 2007 12:16

                      Espèrons hô oui espèrons (n’était ce pas la fin glorieuse d’un discours non moins glorieux de Ph de V. ?) que vous aillez raison... et qu’une union Patriotique Républicaine et Souverainiste soit possible...

                      Le Film est en effet en politique plus qu’ailleurs difficile a comprendre, nous, figurants, nous avons tantot peur, tantot confiance, nous rions nous pleurons... nous nous perdons... Sûrment y a t il trop d’acteurs principaux (?) mais quand on veut etre tête d’affiche en politique comme ailleurs laisser sa place et s’unir n’est pas simple !

                      les acteurs justement, si je vous ai bien compris, eux meme ne connaissent pas le film (!) nous nous retrouvons avec des promesses de droite executées par des hommes de gauche... avec une Europe de plus en plus fédérale et une France de moins en moins Française mais néanmoins pas plus Européenne... Puisque le probleme est bien identitaire...

                      je ne suis pas Picarde (l’identité picarde au meme titre que bretonne alsacienne ou corse as t elle seulement deja existée ?) plus vraiment Française (a grand coup de mac do, de donner et de serie americaine nous en perdons tout sens) je ne suis pas Européenne... alors qui suis je ? ou est mon identité ?

                      mes enfants et mes petits enfants seront Européens issue d’un etat féderal appellée France... Ils auront un Hymne mais ce ne sera pas la marseillaise, un drapeau mais il ne sera pas tricolore... et finalement le film ne sera t il pas aussi beau ?

                      mais egoiste que je suis c’est pour moi que je m’inquiete : j’ai besoin de mon hymne, j’ai besoin de mon drapeau, l’ai besoin de ma patrie... celle avec laquelle je suis née pas celle que l’on me propose

                      Le 18 octobre à Paris place de la Victoire il y aura une manifestation demandant un référendum pour « l’acte de décès de la France » le référendum, mon devoir de citoyenne Française m’oblige a y etre pour Mon Pays !

                      Amis Patriotes Amis Republicain, Amis Souverainiste, nous nous devons d’y être nombreux, comme en 2005 ! et nous devons nous battre pour notre Pays !


                      • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 14 octobre 2007 23:10

                        Non, chère Madame, ne vous résignez pas ! (Tout d’abord la manifestation anti-traité et pour un referendum à Paris est bien vendredi 19 et non le 18.)

                        Ensuite, il n’est pas du tout certain que l’Europe fédérale à 27 ou 30 soit l’avenir. Il est même probable que bientôt, nous sourirons de cette ambition absurde et démesurée, de cet Empire délirant qui se sera délité. Gardez le cap et élevez vos enfants dans l’amour de la France, ce qui n’empêche pas d’aimer le monde entier, d’ailleurs.

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