Retraites : unifier est idiot, l’égalitarisme est crétin
Cette querelle sur les régimes spéciaux est aussi intéressante que la détermination du sexe des anges. A travail égal, salaire égal, dit-on. Comment soupeser le travail ? En séparant les cotisations « humaines » de la quantité d’argent nécessaire pour vivre décemment les années de repos bien mérité. Les vieux ne sont pas des malades qu’on soigne avec des retraites concédées par les générations suivantes. D’où la nécéssité d’asseoir les « cotisations » sur la richesse produite en tous lieux et en tous temps de travail.
En admirant sur Thalassa les journées de quinze heures sous les paquets de mer des marins-pêcheurs, et en le rapportant avec mon ex-travail de journaliste-localier (aujourd’hui retraité), je me disais : "comparer leur ’chagrin’ (comme disaient les mineurs à Alès) à mes heures même non comptées de modeste reporter, ne supportait aucune comparaison. Ces gens de la mer sont des héros qui rapportent dans nos assiettes des produits de la pêche, que nous trouvons toujours trop cher... Et ces salariés devraient faire 40 ans comme moi, le râleur en pantoufles ?"
On voit bien que le pseudo-égalitarisme des régimes spéciaux qui devraient rentrer dans le cadre du régime général est plutôt idiot, et indigne des intellos qui viennent prêcher sur les étranges lucarnes, type Marseille ou Baverez (qui d’ailleurs mangent à plusieurs râteliers sans vergogne) et qu’il faudra bien un jour sortir de ce syllogisme : plus j’ai cotisé, plus je touche...". Pourquoi ne parle-t-on jamais des régimes spéciaux des agriculteurs, des artisans-commerçants et même des professions libérales qui, déficitaires, font appel au régime général pour renflouer leur navire. Et que dit-on du "régime spécial" dont profite l’Etat qui, très mauvais payeur, ne paie pas ses dettes de milliards d’euros dus aux organismes sociaux, en dispensant les employeurs, sans reverser de sa poche, ces fameuses charges sociales.
Si l’on pouvait peser le travail en kilocalories, on verrait bien qu’aucun humain ne travaille selon des normes uniques fixées une fois pour toutes. Quelques exemples pour voir, comme on dit au poker. Les militaires, les gendarmes et même les fonctionnaires qui sont mutés dans des lieux lointains, pour des périodes précises, et compte tenu de la "gravité" de leur intervention, perçoivent des bonifications en annuités. On voit d’ailleurs des officiers, bien jeunes, quitter l’armée, toucher une pension et reprendre du service comme DRH : remplacer leurs anciens subordonnés par des caissières d’hypermarchés. D’autres métiers : un plongeur, un souffleur de verre, voire les danseuses de l’Opéra, sans parler des infirmières urgentistes ; la liste est immense.
Tout ceci pour en arriver à une nouvelle approche de la répartition. Jusqu’à présent, l’Homo sapiens sapiens, quel qu’il soit, produisait des richesses, car le travail n’est pas une charge, mais producteur de bénéfices (sinon il faut fermer la boutique) et d’une façon horizontale, selon un calcul de certificat d’études, on lui accordait une certaine somme d’argent payée à une caisse anonyme et lointaine (sa propre cotisation et celle de l’employeur que les patrons appellent charges sociales et qui ne sont que du salaire différé).
Entre 1945 et nos jours, sont arrivés toutes sortes de robots et de machines intelligentes qui, certes, allégeaient le turbin des salariés, mais pouvaient produire 24/24 heures, sans rechigner, sans avoir des enfants malades à la maison. Mais aussi sans payer la moindre cotisation. Donc, dans tous les domaines, les robots, les ordinateurs ont accumulé de la richesse nationale, dont à aucun moment, le salarié n’a "profité", si ce n’est en alourdissant ses "objectifs", comme ils disent.
Il est donc temps de demander la quantité d’argent, nécessaire à la répartition, à ces robots et autres "machines" qui, en plus, ont mangé du travail à l’armée des travailleurs. En d’autres termes, si la France productive (tout actif est productif, fût-il gardien de musée) travaille mieux et plus, elle doit payer plus à ses enfants qui ont participé à l’ accroissement de cette richesse. Remplacer les cotisations "humaines" par des cotisations de la richesse nationale (et pas sur le PNB, notion nulle et fausse). Ce n’est pas si difficile à imaginer.
Et ces chamailleries de collégiens, se disputant les billes, et jaloux de celui qui a les agates en verre, et l’autre des billes en glaise, deviennent ridicules.
Clakounet
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