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Le divorce sans juge, sans avocat

L’annonce d’un projet de réforme de la procédure de divorce par consentement mutuel fait vivement réagir la profession d’avocats, mais aussi certains magistrats concernés que l’on entend décharger de leurs fonctions au profit du notaire.

Les 47 000 avocats français sont ainsi en grève aujourd’hui.

Afin de comprendre cette réaction, il est d’abord nécessaire de saisir ce qu’est une procédure de divorce par consentement mutuel pour s’apercevoir qu’elle recoupe des situations multiples et parfois radicalement différentes.

Pour être synthétique, la procédure de divorce par consentement mutuel consiste pour les époux à s’entendre d’une part sur le principe même du divorce, mais également sur l’ensemble de ses conséquences (familiales, fiscales, patrimoniales...).

Une fois qu’un accord sur les différents points à traiter est trouvé, les avocats des époux (ou leur avocat commun) rédigent une requête et une convention reprenant l’accord dans les moindres détails afin de la présenter au juge aux affaires familiales.

Le juge a pour mission, d’une part, de s’assurer du caractère éclairé du consentement des époux et du respect des droits de chacun dans le cadre de la convention signée.

Le juge doit donc vérifier que le divorce n’est pas imposé par l’un des époux à l’autre et que les termes de l’accord ont été clairement discutés et compris par chacun.

Le juge doit également s’assurer d’un certain équilibre de la convention et du respect de l’intérêt des enfants du couple.

Le juge, s’il estime que l’un des époux n’apparaît pas clairement disposé à divorcer ou si la convention lui paraît déséquilibrée, peut refuser l’homologation de la convention qui lui est soumise.

Il joue donc un véritable rôle de garde-fou pour protéger les intérêts du plus faible des époux et des enfants.

Mon expérience personnelle démontre qu’il n’est pas rare que la décision de divorcer soit surtout celle de l’un des époux qui tente avec plus ou moins de finesse d’imposer cette décision à l’autre.

L’intervention du juge est donc une véritable nécessité car quoi qu’on en pense le divorce n’est pas un acte anodin tant sur le plan humain que sur le plan juridique.

L’intervention de l’avocat est elle aussi pleine de sens.

Le rôle de l’avocat contrairement à ce qui peut être écrit ici ou là n’est pas seulement d’encaisser des honoraires. L’honoraire n’est que la rétribution du service rendu.

L’avocat est d’abord aussi tenu de vérifier que la personne qui se présente à lui est bien décidée à divorcer et à user de la voie du consentement mutuel.

Pour certaines personnes qui estiment que leur conjoint a trahi son engagement marital, le recours au consentement mutuel n’est pas adapté. Il est tout à fait concevable qu’une épouse battue pendant des années ne souhaite pas recourir à un divorce à l’amiable tant elle aura besoin de « crever l’abcès » au travers de la reconnaissance des torts de son mari.

L’avocat se doit donc d’expliquer les tenants et les aboutissants de la procédure par consentement mutuel, mais également de ses alternatives afin que le client fasse un choix éclairé.

Si le client est décidé à recourir à une procédure par consentement mutuel, l’avocat doit encore expliquer dans le détail les implications d’une telle décision avec ses avantages et ses inconvénients.

Sur ce point, la réforme annoncée est basée sur une conception erronée du divorce par consentement mutuel.

Car si le consentement mutuel est la voie de prédilection pour permettre à des personnes n’ayant ni enfant ni patrimoine commun de divorcer « en douceur », la pratique démontre que les choses ne sont pas aussi simples.

D’une part, il arrive fréquemment que les clients n’aient pas balayé l’ensemble des questions à traiter même en l’absence d’enfant ou de patrimoine.

Il entre alors dans le devoir de conseil de l’avocat d’attirer leur attention sur les points oubliés et de les traiter dans le moindre détail.

D’autre part, il est également courant que les époux, s’ils s’entendent sur le principe même du divorce, puissent être en contradiction sur ses conséquences :

• Monsieur refuse de verser une prestation compensatoire à Madame qui s’estime en droit de la réclamer parce qu’elle a sacrifié sa vie professionnelle pour s’occuper des enfants ;
• désaccord sur le montant d’une pension alimentaire pour les enfants ;
• désaccord ou difficultés quant à la répartition du patrimoine commun.

Les difficultés peuvent être multiples.

Dans de tels cas, l’intervention des avocats prend tout son sens.

Comment imaginer que les époux qui n’ont pas de connaissances juridiques sont à même d’appréhender les conditions et critères de fixation du montant d’une prestation compensatoire ?

L’avocat a donc un rôle important d’assistance à jouer tout au long de la phase de négociation des conditions du divorce.

Ce rôle est loin d’être négligeable car l’avocat a nécessairement le recul que les époux, eux-mêmes, n’ont plus si tant est qu’ils arrivent encore à dialoguer.

L’avocat est donc non seulement le défenseur des intérêts de son client, mais également celui qui pourra ramener le client aux réalités afin que ses prétentions soient le plus conformes à ce qu’il peut obtenir.

C’est ainsi que grâce au travail des avocats des deux époux, il est possible de trouver un terrain d’entente la ou peut-être les époux n’y seraient pas parvenus seuls (il est possible aussi qu’au final aucun accord global ne soit possible et que les époux soient alors contraints de recourir à un autre type de procédure).

Je pourrais prendre l’exemple d’un dossier que je traite actuellement. Les époux sont séparés depuis plusieurs années, il n’y a donc aucune difficulté sur le principe du divorce. En revanche, ils étaient au départ en total opposition notamment sur les modalités relatives aux enfants et à l’attribution d’un bien commun. Après cinq mois de discussion avec les époux et entre avocats, un accord a pu être trouvé sur les enfants. Reste encore à régler le sort du bien commun.

Cela démontre d’une part que l’intervention de deux avocats a été utile et que surtout la conception que notre gouvernement a du consentement mutuel n’est que partiellement conforme à la réalité du terrain.

Il ne s’agit pas simplement de signer une convention pour ensuite la faire homologuer.

Enfin, la réforme envisagée pose d’autres questions.

• Qui choisira le notaire chargé du divorce ?

Sera-t-il choisi par l’un des époux seulement ? Par les deux ? Désigné par une autorité quelconque ?

Aujourd’hui, les époux ont le choix de leur avocat. Mais l’un des époux ne peut imposer à l’autre d’avoir recours à son propre avocat. Chacun des époux peut avoir son propre avocat pour éviter toute difficulté.

Surtout, les époux ne choisissent pas leur juge ce qui permet de s’assurer de son impartialité.

Le notaire sera rémunéré par les époux, le juge ne l’est pas.

• Le notaire sera à la fois le conseil des époux, le rédacteur de la convention de divorce et celui chargé de son homologation :

Comment une seule et même personne peut-elle cumuler autant de « casquettes » ?

Actuellement, la convention de divorce est négociée entre les époux assistés de leur avocat, rédigée par eux, mais soumise à l’homologation d’un tiers en l’espèce le juge aux affaires familiales.

La réforme envisagée ferait du notaire le conseil des deux parties, le rédacteur de l’acte et celui censé en assurer le contrôle.

On demandera donc au notaire de s’autocontrôler. Il est peu probable que le notaire refuse d’homologuer une convention qu’il aura lui-même rédigée et ça n’est pas mettre en doute le sérieux des notaires que de dire cela.

• Quelle est la compétence du notaire pour traiter des questions relatives aux enfants, à la prestation compensatoire, à l’usage du nom marital... ?

Il apparaît donc inenvisageable de faire disparaitre de ce processus l’avocat, mais également le juge qui seul pourra déterminer si une convention est équilibrée ou pas et ce en toute impartialité. Le notaire n’a jamais été un arbitre.

Il n’est pas par ailleurs anodin de relever que le projet aurait été suggéré par le ministère des Finances et non par la Chancellerie. De la à penser que l’objectif est avant tout de soulager les finances publiques, il n’y a qu’un pas, mais un pas franchit au détriment du justiciable, mais également de la profession d’avocat.

Enfin, il faut aussi comprendre le mouvement des avocats sur le plan financier.

Le droit de la famille est une spécialité de nombre d’avocats en France et fait partie du cœur de métier depuis de nombreuses années. Ceux qui ont choisi cette voie seront donc fortement impactés par la réforme envisagée et ce d’autant plus que la réforme intervenue en 2004 tendait à une dédramatisation des procédures pour favoriser les voies négociées.

Il n’y a rien de choquant dès lors de les voir réagir.

Que diraient les notaires si on leur annonçait la perte de leur monopole sur les ventes immobilières au profit des avocats (certains spécialistes de droit immobilier en sont très certainement capables) ? Nul doute qu’ils protesteraient vigoureusement. Les taxerait-on de corporatistes ? Leur demanderait-on eux aussi de se recycler ?

Il est bien évidemment malheureux que certains confrères, par des pratiques peu conformes aux règles déontologiques, ne soient pas transparents sur le coût de leur intervention et/ou excessif dans leur montant et, sur ce point, la profession se doit de balayer devant sa porte.

Mais il faut aussi comprendre que l’avocat offre une prestation de service réelle qui a un coût sans compter qu’aujourd’hui un cabinet d’avocats est une entreprise presque comme les autres avec des salariés, des charges de fonctionnement (le taux de charges moyen en 2004 pour un cabinet d’avocats était de 56-57 %, soit sur 100 € encaissés 57 € partant en charges avant impôt).

Cette prestation renvoie à ce qui a été exposé ci-dessus quant à l’assistance et au conseil prodigué au client dans le cadre de la négociation des conditions du divorce.

L’image encore ancrée dans l’opinion publique de l’avocat nanti est aujourd’hui bien loin de la réalité que vivent les avocats. Il est incontestable que certains vivent extrêmement bien de leur activité, ce qui n’a d’ailleurs rien de choquant pour autant qu’ils soient rémunérés à hauteur de leur compétence, d’autres vivent correctement, d’autres enfin vivent mal.

Il ne faut pas oublier à ce stade que la profession d’avocat participe activement à une mission de service public, la justice, notamment dans le cadre de l’aide juridictionnelle ce que ne font pas les notaires. Or, l’aide juridictionnelle est plutôt source de déficit pour un cabinet que source de bénéfices mirifiques (je vous renvoie au barème de rétribution de l’AJ pour vous en convaincre).

Espérons donc que grâce à la mobilisation qui se met en place, nos gouvernants réfléchissent à nouveau sur l’idée même de cette réforme.

NB : je tiens à préciser pour anticiper d’éventuels commentaires enflammés sur le corporatisme que mon activité dominante n’est pas le droit de la famille et que ce ne sont donc pas des raisons financières qui m’ont amenées à écrire ce texte.

Mise à jour :

Pour compléter mon propos sur l’utilité du juge, je vous invite à prendre connaissance de ce billet sur le site Paroles de juges


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22 réactions à cet article    


  • tvargentine.com lerma 20 décembre 2007 09:44

    Oui ,c’est une bonne chose que de divorcer sans avocat car cela coûte trop d’argent et que nous pouvons comprendre que cette corporation cherche à défendre un bon matelas d’euros qui rapporte gros en France.

    Mais maintenant il semble préférable pour les couples de se passer de ces vautours qui n’apportent que des problèmes dans les rapports entre personnes et bien souvent pénalisent les enfants


    • JCP 20 décembre 2007 12:12

      Quelle belle contribution... Bravo pour votre sens de la mesure, avec vous on sait qu’il est vain de discuter ! Je vous souhaite, le jour où vous en aurez besoin, de tomber sur un avocat qui aura un sens un peu plus critique.


    • Jocrisse Jacques 20 décembre 2007 11:06

      Maître, Votre article est très instructif,néanmoins vous posez quelques questions dont vous connaissez la réponse, par ex :

      - choix du notaire ? comment cela se passe en cas de transaction immobilière, chacun peut utiliser son propre notaire pour le même cout.

      - le notaire sera rémunéré, pas le juge . Et aujourd’hui qui paye l’avocat (hors aide juridictionnelle).

      - les époux ne choisissent pas leur juge, mais ils sont presque assurés que ce sera une femme.... et vous savez que ça pèse dans la décision.

      Et maintenant, comment cela se passe-t-il pour ceux qui se « dépacse » ? Je l’ignore. Merci et encore bravo pour la clarté de votre billet.


      • Cris Wilkinson Cris Wilkinson 20 décembre 2007 11:18

        On a pas besoin d’avocat pour se marier avec un consentement mutuel, pourquoi devrait-on en avoir pour divorcer avec un consentement mutuel ?

        Sérieusement, votre article est complètement orienter, vous venez juste pleurer car vous risquez de perdre une vache à lait.

        Pourquoi donc n’avez-vous pas cité le pourcentage de divorce par consentement mutuel, ni la somme que cela coûte aux divorceurs, ni le temps à passer sur un dossier ???


        • JCP 20 décembre 2007 12:18

          Sachez que le divorce par consentement mutuel est en constante progression alors que le divorce pour faute est en net recul. Ne pourriez-vous y voir, aussi, l’intervention des avocats au lieu de les mettre tous dans le même sac ? Quant à votre parallèle mariage/divorce, le raccourci que vous prenez démontre une grande réflexion de votre part. Il paraît évident que le divorce pose des problèmes que l’on ignore au moment de se marier !


        • damius 20 décembre 2007 13:09

          c’est ce qu’on appelle une privatisation pure et simple de la justice.et bientôt des clerc de notaire dans les tribunaux d’instance.....allons y gaiement !


          • Jean-Louis Lascoux Prosope 20 décembre 2007 13:59

            Bonjour, voici quelques jours, j’ai présenté sur Agoravox l’idée que le mariage devait être considéré comme tous les contrats passés entre des personnes libres et capables de décider pour elles-mêmes. Pourquoi devrait-on considérer que le mariage serait un accord différent des autres ? Parce que les parties choisissent de passer devant un maire ? Il convient de faire évoluer les choses ici comme la culture a évolué. La motivation à se marier ne porte pas sur les critères défendus par cet article. Il devrait être considéré a priori comme normal que les personnes puissent rompre librement leurs liens contractuels et de les y encourager par la médiation (médiation obligatoire dans toutes les affaires civiles et commerciales).

            L’exemple que vous citez sur le dossier qui ne trouve pas un règlement depuis plusieurs années témoigne du fait que la médiation devrait être imposée. La lenteur est le fait de l’environnement, je veux dire par là le fait du soutien apporté à la dynamique confictuelle.

            En effet, lorsque vous évoquez les enfants, vous constatez, en fait, la difficulté, voire l’incapacité des conseils, d’aider les parents pour prendre une décision de garde. Un jour, la solution affective sera trouvée, n’en doutons pas et ce indépendamment de l’élément juridique. Là où vous faites valoir des enjeux financiers et matériels, vous ne faites pas le lien avec le reste, or il s’agit des mêmes personnes et de la même situation. Tout est lié. Etroitement par l’histoire commune de ces personnes endeuillées, l’une plus que l’autre certainement, par la fin de l’histoire. La ’’négociation’’ dépend de la relation affective.

            Je l’ai indiqué à plusieurs reprises, les médiateurs de la chambre professionnelle de la médiation et de la négociation ont identifié trois éléments d’un conflit judiciarisé : l’élément affectif, l’élément juridique, l’élément technique. Dans un divorce de parents, les trois éléments sont inévitablement réunis. Cependant, la judiciarisation n’est pas automatique lorsque les parents s’entendent au préalable sur l’élément affectif (entente préalable sur la rupture) qui entraîne l’entente sur les autres éléments. La question d’équité est une affaire personnelle dans une rupture. C’est le prix de la liberté retrouvée qui vaut alors plus que tout.

            Dans le cas où l’affaire est judiciarisée, admettons, par delà l’entente affective, alors il y a tout lieu de faire intervenir le juriste (avocat et juge - éventuellement l’un ou l’autre). Mais dans tous les cas, si vous y regardez de prêt, en pensant non pas en tant que juriste, mais dans l’intérêt des personnes, vous en viendrez à vous dire qu’il est préférable d’engager une discussion directe avec l’autre partie (non par intermédiaires de conseils), discussion pénible parfois (donc chargée d’affect), plutôt que de porter le différend pendant des années. Et cette discussion, parce qu’elle paraît inimaginable, doit être accompagnée d’un médiateur, pas d’un moralisateur, ni d’un psychologue, ni d’un conciliateur, mais d’un professionnel de l’entretien et de la réunion en situation conflictuelle.

            Quant au débat sur les montant des honoraires, il me semble déplacé par rapport aux enjeux réels du débat qui portent sur l’exercice d’une liberté fondamentale : celle d’établir et de rompre des relations.

            En tout état de cause, il est évident que les avocats sont mieux placés que les notaires pour apporter l’information juridique nécessaire à la formation d’un contrat, à sa modification et à sa rupture.

            Voir articles sur le wikimediation à ce sujet


            • Jean-Louis Lascoux Prosope 21 décembre 2007 01:12

              Tout contrat a un objet différent. Ca ne retire rien au fait qu’il s’agit d’un contrat.


            • drzz drzz 20 décembre 2007 16:34

              Le cri d’alarme d’un policier français des banlieues

              http://leblogdrzz.over-blog.com/article-14811353.html


              • Laurent Binet 20 décembre 2007 16:47

                Je me garderais de répondre à ceux qui n’ont rien à dire et se contentent d’agression et d’affirmations gratuites.

                "L’exemple que vous citez sur le dossier qui ne trouve pas un règlement depuis plusieurs années témoigne du fait que la médiation devrait être imposée. La lenteur est le fait de l’environnement, je veux dire par là le fait du soutien apporté à la dynamique conflictuelle.

                En effet, lorsque vous évoquez les enfants, vous constatez, en fait, la difficulté, voire l’incapacité des conseils, d’aider les parents pour prendre une décision de garde."

                Au contraire, le rôle d’un avocat contrairement à ce qu’on peut penser n’est pas d’envenimer un conflit. Dans le cadre d’une négociation c’est bien évidement d’arriver à un accord.

                Dans ce cadre la, les avocats jouent un rôle de conciliation. Vous indiquez que les époux arriveront bien à se mettre d’accord un jour. C’est précisément quand le dialogue n’est pas suffisant entre eux que l’avocat sert de « tampon ».


                • Jason Jason 20 décembre 2007 20:09

                  Beau discours « pro domo », mais qui ne convainc guère. Si les époux ne s’entendent pas sur la division de leur patrimoine, sur la garde des enfants, la pension alimentaire, et d’autres choses, comment peut-on parler honnêtement de consentement mutuel ? La velléité de vouloir divorcer peut tout aussi bien s’exprimer devant n’importe qui, par exemple chez un notaire ou le garde-champêtre.

                  D’autant plus que ni l’avocat, ni le juge pourront rendre infailliblement les décisions prises exécutoires. Il existe des montagnes de promesses avant de passer chez le juge, promesses évoquées par l’avocat, qui sait très bien que nombre de décisions prises et écrites par le juge ne mèneront à rien. Mais cela, l’avocat se garde bien d’expliquer le déroulement des suites du divorce à ses clients. A moins de continuer le litige, pour le plus grand bien des professionnels de la chose.

                  En quoi les conseils d’un avocat concernant la garde des enfants seraient-ils meilleurs que ceux d’un bon conseil en psychiatrie ou affaires familiales ? Les licences en droit n’incluent pas de passage en psychologie infantile, que je sache !

                  Faisons simple, allons voir le notaire ; à défaut d’autre chose les honoraires seront connus à l’avance, et il y aura peut-être moins d’illusions.


                  • Antoine 20 décembre 2007 23:36

                    Amusant cet avocat qui évoque une compétence (très) limitée des notaires en droit de la famille, des contrats, etc... et leurs insuffisances dans le conseil, alors que ces derniers ont une formation au moins équivalente à celle des avocats et que ce conseil est majeur dans leur activité ! D’ailleurs dans le cadre des divorces, ils interviennent lors des partages, moment souvent encore plus délicat dans beaucoup de séparations. Cela dit, il n’est pas certain que les notaires considèrent cette éventuelle nouvelle attribution comme du pain béni...


                    • Laurent Binet 21 décembre 2007 01:28

                      Les notaires n’ont aucune formation en matière de droit de la famille quant on évoque les enfants, la pension alimentaire ou la prestation compensatoire.

                      Chez les avocats, il existe un certificat de spécialisation.

                      Mais contrairement à ce que vous dites, je n’ai jamais dit que les notaires n’étaient pas compétents. Ils le sont dans des matières qui sont propres à leur profession : le patrimoine, sa transmission, sa fiscalité.

                      Et puis vous oubliez quand meme le cumul de casquettes qu’on veut leur imposer : conseil des parties, redacteur de l’acte et homologateur de cet acte ...

                      Allez donc demander à votre plombier de vous monter un mur en parpaing.


                    • Antoine 23 décembre 2007 00:38

                      Décidément en très grande forme notre cher avocat : il explique que les notaires n’y entendent rien en matière d’enfants et de prestation compensatoire alors qu’il n’hésite pas à présenter les avocats en virtuoses de la publicité foncière ! Pourtant les conventions établies par les notaires aménagent souvent la prestation compensatoire et pourraient très bien y ajouter les dispositions concernant les enfants. Quant à trouver un accord entre les parties, les notaires le font toute la journée ! Reste que les notaires n’ont rien demandé, qu’ils n’ont aucune hostilité à l’égard des avocats avec lesquels ils collaborent, d’ailleurs fréquemment lors de divorces, et qu’ils ne pourront que se soumettre aux décisions du législateur...


                    • Laurent Binet 21 décembre 2007 01:24

                      « Si les époux ne s’entendent pas sur la division de leur patrimoine, sur la garde des enfants, la pension alimentaire, et d’autres choses, comment peut-on parler honnêtement de consentement mutuel ? La velléité de vouloir divorcer peut tout aussi bien s’exprimer devant n’importe qui, par exemple chez un notaire ou le garde-champêtre »

                      Etes vous sur d’avoir bien lu l’article et d’avoir relu votre commentaire ?

                      N’avez vous pas compris qu’un consentement mutuel c’est un accord global qui peut parfois nécessiter des négociations sans pour autant que les époux soient d’accord sur tout dès le début ?

                      Les époux qui ne seraient pas d’accord sur les conséquences du divorce pourront toujours se présenter chez le notaire. Il ne pourra pas les divorcer ....

                      L’intervention d’avocats permet justement d’arriver à un accord avant d’aller devant le juge.

                      « D’autant plus que ni l’avocat, ni le juge pourront rendre infailliblement les décisions prises exécutoires »

                      Parce que le notaire le pourra lui ? Vous pensez que le fait que le divorce soit prononcé par le Notaire empechera des conflits ultérieurs sur la garde des enfants, la pension ? Et encore je parle de conflit mais sans aller jusque la on peut simplement parler de la modification de la situation des parents qui nécessite une révision d’une pension ou du lieu de résidence des enfants

                      « Il existe des montagnes de promesses avant de passer chez le juge, promesses évoquées par l’avocat, qui sait très bien que nombre de décisions prises et écrites par le juge ne mèneront à rien. Mais cela, l’avocat se garde bien d’expliquer le déroulement des suites du divorce à ses clients. »

                      Si vous pouvez m’expliquer ca parce que j’avoue que je ne saisis pas. La seule décision que prend le juge dans le cadre d’un consentement mutuel c’est d’homokoguer (ou de refuser d’homologuer) l’accord trouvé entre les époux.

                      ....


                      • ben ben 21 décembre 2007 08:24

                        Les avocats, tradition républicaine francaise oblige, manifestent pour défendre leur bout de gras en se foutant complètement de l’intéret général ou même de l’intéret de leurs client.


                        • JCP 21 décembre 2007 15:26

                          décidément, j’adore quand on ramène tout au pognon ! Alors puisqu’il faut en passer par là, il y a un bel article de l’express sur le sujet :

                          http://www.lexpress.fr/reussir/dossier/salaires/dossier.asp?ida=436562

                          vous verrez ainsi que, parmi les revendications des avocats concernant l’administration de la Justice, il y a également une réclamation purement égoïste concernant leurs revenus.

                          Mais dites moi, alors que j’entends que l’on légitime des revendications touchant à une augmentation de salaire, comment pouvez-vous trouver anormal une revendication qui vise à empêcher que l’on enlève 10 à 40 % de l’activité d’une profession (effectivement, le Droit est si vaste que l’on ne peut que se spécialiser pour être compétent, ce qui a obligé de nombreux cabinets à se spécialiser, notamment en droit de la famille) ?

                          Et puis, au-delà de ça, prenant appui sur l’article de l’express, reconnaissez qu’enlever cette activité à une profession pour la refiler (au même coût pour le justiciable !) à une autre qui gagne en moyenne cinq fois plus, il y a de quoi râler !

                          Mais le fond du problème n’est pas là, on constate depuis plusieurs années la déjudiciarisation. Certains peuvent la trouver légitime et vous en trouverez même qui croiront à un progrès. Personnellement, je trouve malsain que l’on imagine payer ses « juges »...

                          Concernant le consentement mutuel, je comprends nombre de réactions mais pensez-y : ne voyez pas les choses par le petit bout de la lorgnette, un consentement mutuel est dans 80 % des cas le fruit d’une longue négociation, vous ne pouvez pas le résumer aux 20% qui, effectivement, ne posent pas de problèmes.

                          pour info :

                          http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=33360

                          J’ajoute que pour ces derniers, le passage devant le magistrat est tout assi rapide qu’il le serait devant un autre, fût-il notaire !

                          Pour finir, j’aimerais citer citer Me IWEINS, Président du CNB : « Vous avez aimé le divorce devant notaire, demain vous aimerez le licenciement devant notaire et après-demain, vous aimerez les tutelles devant notaire ».

                          Moi, j’imagine que Notre Gouvernement a à coeur de défendre le petit commerce de proximité...


                        • non666 non666 22 décembre 2007 12:52

                          Trop super cet article !

                          Je remarque que le lobby des avocats peut venir defendre sa soupe, comme la première CGT d’EDF venu, mais que tout commentaire contradictoire est supprimé.

                          Vive le monde libre, qui n’est malheureusement, plus le notre


                          • Esprit Destricteur 22 décembre 2007 20:09

                            Vous avez parfaitement raison : chacun (sauf s’il est avocat...) a besoin de conseils avisés pour défendre ses intérêts dans un maquis de lois toujours complexe, parfois contraire à la justice en tant que vertu et sentiment.

                            Malheureusement... l’accès à de tels conseils est des plus problématique et n’est nullement garanti dans la situation présente. Vous le dites vous-même :

                            >> certains confrères [...] ne soient pas transparents sur le coût de leur intervention et/ou excessifs

                            Ceci n’est pas une imperfection dans un « bilan globalement positif ». C’est une réalité profonde. Il est très difficile au justiciable ordinaire de comparer réellement les prix et, pire, presque impossible de se faire une opinion sur la qualité du service acheté.

                            Non seulement votre profession ne « balaye » pas devant sa porte (pour reprendre votre expression) mais l’obscurite est au contraire organisée (avec le soutien des pouvoirs publics), un exemple étant l’interdiction de la publicité

                            Plus globalement, l’administration de la justice dans notre pays est entachée de tant de défauts (lenteur, coût, arbitraire, imprévisibilité, contradiction avec le sens commun) qu’il ne faut pas s’étonner si tant de justiciables potentiels n’éprouvent que soulagement à l’idée d’échapper à de telles fourches caudines.

                            On peut d’ailleurs penser que la perte de protection causée par la réforme Sarkozy pourrait être plus que compensée pour peu qu’elle débouche sur une réduction des coûts et délais, voire sur une réduction du contentieux en séparant encore davantage la voie « normale » du consentement mutuel de celle du contentieux.


                            • Crapulox 23 décembre 2007 14:21

                              Celui qui s’est donné autant de peine pour rédiger un si long article est tout simplement un âne !

                              C’est un Principal Clerc de Notaire qui le dit !

                              Ne savons nous pas procéder aux partages de communautés ? N’avons nous pas autant de compétences juridiques (surtout en droit privé !) qu’un avocat qui serait selon vous omniscients ?

                              Pauvre mec !


                              • castor (---.---.176.7) 2 janvier 2008 12:03

                                énorme le nombre de conneries qui peuvent être dites sur les avocats !

                                La palme revient quand même à ce cher crapulox, premier clerc de notaire qui sait modérer ses propos !!

                                Sachez qu’il est obligatoire de passer par un notaire lorsqu’il existe un immeuble dans la communauté à liquider. La plupart du temps, ce sont pourtant les avocats qui se farcissent le boulot et donnent au notaire le résultat de leurs discussions et accords pour qu’il rédige son acte.

                                en bout de course, les époux paieront le notaire plus cher que leur avocat mais ne râleront que sur ce dernier !

                                J’ai lu l’article de l’express sur les salaires des uns et des autres, et franchement, je comprends les avocats !

                                ils gagnent en moyenne 5000 € par mois tandis que les notaires en gagnent 20.000 € (4 fois plus !!!) et on vient leur dire qu’ils ne servent à rien et que ce sont des voleurs... Moi, j’y regarderais à deux fois avant d’avoir des opinions aussi tranchées.

                                à part ça, allez-y, testez votre justice privée, vous m’en donnerez des nouvelles.


                                • Antoine 2 janvier 2008 23:45

                                  Le clerc de notaire a été un peu hard dans ses propos mais, pour le contredire, affirmer que les notaires, intervenant en général dans la liquidation des régimes matrimoniaux, retranscrivent les instructions des avocats, c’est peut être vrai dans les cas très simples où il suffit de constater de simples évidences, et totalement faux dans les cas plus complexes où au contraire les avocats s’en remettent au métier des notaires. Par ailleurs tirer des conclusions au sujet du coût à partir des revenus est d’une parfaite absurdité puisque la différence tient aux méthodes et organisations de travail différentes : c’est comme si on disait qu’un yaourt de Danone (en l’occurence hors frais de publicité) était nécessairement beaucoup plus cher que celui d’un artisan local !

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