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Accueil du site > Tribune Libre > C’était en 2001, déjà la crise

C’était en 2001, déjà la crise

En 2001, juste avant les attentats du WTC, les Etats-Unis ont connu une récession vite surmontée. Pour 2009, nul ne peut prédire la capacité de rebond et l’issue de la crise financière actuelle. Cet été 2001, j’écrivais ceci. Un billet casé sur un forum confidentiel. C’est étrange, j’ai comme l’impression de parler pour 2008 alors que nous étions en 2001.

Comme le futur est illisible lisons le passé. Récession, la grande peur de 1929 hante les esprits. Pas mal de dégâts, des millions de gens errant, les actionnaires qui se suicident. Ca c’est de l’historique, du carré, du clair et net. Ya pas photo ! Les causes de cette crise ? Spéculation ? Régulation ? Distribution ? Production ? Un mélange de tous des facteurs, sans doute, mais en arrière-fond la thèse centrale d’une économique qui avança trop rapidement, plus vite que les mécanismes étatiques de régulation et les mécanismes du marché. Et si on s’enfonce d’un cran, on trouve comme cause la nature humaine, ses limites et ses fascinations portées sur l’étrange pouvoir (fétichiste, ensorceleur) de la technique, des objets, de la bourse, le tout relayé par un système radiophonique qui, s’il a servi à la propagande outre-rhin, a été utilisé aux USA à des fins économiques avant la grande crise, amplifiant les phénomènes de spéculation, mettant à mal la stabilité de l’édifice. La radio, d’un côté les cours de la bourse en direct de Wall Street et de l’autre, un peu plus tard, la prose de Goebbels. Deux moyens pour se servir d’une technique, deux emblèmes du dévoilement (Heidegger) de ce qu’il peut y avoir dans l’âme humaine. La radio, ça servait aussi à diffuser du jazz. Autre projet, plus joyeux, mais l’homme aime-t-il la joie. Ne préfère-t-il pas les grands frissons du jeu spéculatif, ou bien du jeu politique, on joue à qui, de la race aryenne ou des autres, va dominer. L’histoire, ça aurait pu…être autrement…ah, s’il n’y avait pas l’homme…le problème, c’est qu’il n’y aurait pas la technique…et les dieux s’ennuieraient ferme sur notre terre, plus de spectacle…les dieux ont livré les secrets de la technique à l’homme parce qu’ils s’emmerdaient. Ils se sont lassés de voir toujours la même pièce, lassé de se voir dans les grecs, ces contempteurs de la sculpture du soi, laudateurs de Sophocle et Homère. Antigone, ça lasse au bout de la centième fois…

Maintenant les dieux se marrent lorsqu’ils lisent le Financial Time, le Corriere della Serra ou bien Le Monde. Les dirigeants inquiets de la récession, le moral des ménages en baisse. Je suis triste, je suis morose, soyons moroses, à la bourse, à Wall Street, dans les cénacles d’intellectuels, faut chercher l’homme. Dans les cercles financiers on cherche le pognon, les métaphysiciens ont détecté quelques âmes et sont prêts à exploiter le filon, une bonne Révolution. Les règles du jeu sont différentes. Les chercheurs d’or s’enrichissent lorsqu’ils ont trouvé le filon, mais les intellectuels, il ne faut surtout pas qu’ils trouvent l’homme sinon c’est le fiasco (déjà Carrel, l’homme cet inconnu). Il faut dire qu’il n’y a plus d’homme, plus d’humanité, plus rien, la nostalgie de la Renaissance. C’est comme ça qu’il fait Guillebaud, il dit qu’il n’y a plus de Lumières, qu’il n’y a que du plaisir, qu’il faut tout refonder et maintenant, qu’on a perdu l’humanisme. C’est ça le talent, faire du pognon en affirmant qu’on a rien trouvé et que tout a été perdu. La récession, c’est aussi le moyen pour quelques-uns d’engranger les dividendes. La charpente s’écroule mais peu parviennent à le voir. Il y a un créneau pour ceux qui vous montrent que la charpente s’écroule. Le guide du routard pour vous faire voir le monde et les intellectuels pour vous faire voir le monde qui s’écroule. Je m’arrête là, pour ne pas lasser les quelques-uns qui sont arrivés jusqu’ici.

Revenons à la récession ? Un problème ? Non, et deux fois non. En 1968, il y avait 5 points de croissance. On sait ce que l’Histoire nous a servi sur le plateau. Dans les années 1930, il y eut, malgré la récession, le grand élan de 1936, éphémère, faute d’une consolidation sociologique et de toute façon, bien dérisoire car l’Histoire allait se jouer ailleurs. Que retenir ? Un seule chose, le reste est sans importance. La croissance n’est pas l’essentiel. Chaque étape du développement technologique recèle des possibilités nouvelles pour la société. En 36, les congés payés, en 45 la Sécu, mais cher payée, une guerre, une guerre pour que l’humanité comprenne que le progrès doit être partagé. C’est dire si l’homme est parti de bas. Kant dit d’un état de minorité. Il est bien indulgent. L’homme est parti de plus bas, de son état de connerie, et en plus, cet état, ce n’est pas un état de nature puisque l’état de connerie est corrélé au Procès des civilisations.

Maintenant, cette récession, une de plus depuis le choc pétrolier de 1974, acte mythique fondateur de l’économie contemporaine, comme 1789 fut l’acte fondateur de la politique moderne. Et personne pour dire qu’il est temps, enfin temps, de songer à inventer un autre système. Il existe mais pour le voir, il faut de la pédagogie. D’où viendra le signal. En 36, ce fut le peuple, en 45, le peuple était laminé et ce sont les légataires sans testament de la deuxième guerre qui s’en sont chargé (Les gaullistes et les communistes), qui ont institué les progrès sociaux nécessaires. Mais quand l’initiative vient d’en haut, le bas se plaint car au bout d’un moment, le pouvoir devient fatigué, les uns sont las, les autres ont envie d’autres choses et c’est la lutte des hommes et des partis. Alors qu’en bas, les consciences se réveillent et veulent prendre part à l’Histoire.

Tout est à peu près clair. Quelques fluctuations à Gênes et Seattle, une récupération institutionnelle par les politiques. Ce Jospin éclairé par des cons pour croire qu’il faut débattre de la taxe Tobin et le vide pour l’instant, pas encore le feu intellectuel pour consumer le présent et donner un élan au futur en imaginant un autre monde. Comme entre 36 et 45. Un monde où enfin, on respire, on possède un peu d’air pour vivre, échanger, créer, profiter intelligemment de la technique ensemble…

Oui, pas besoin de lire dans les astres, il y a une récession, et ce n’est pas là le problème. Le problème est dans l’incapacité des élites et des intellectuels à inventer un autre monde. Ces gens là doivent quitter lentement la scène. On paye trop cher les incapables et on laisse crever les créateurs. L’autre monde, il germe peu à peu. Et c’est sans doute une décennie décisive que la première du 21ème siècle qui verra s’il faut en passer par un état de transition (déperdition d’énergie, entropie, pseudo-guerre civile, misère) ou bien si on parvient à franchir un pas et orienter la technique dans un projet de Civilisation. Pour l’instant, on n’en prend pas le chemin. Mais on sait qu’il y a des fantassins à Gênes et on a identifié quelques cibles, Messiers, promis à une exécution littéraire par les Rouillan de la plume et les Baader du concept. Enfin, en France, il y a du boulot. Je viens de tomber sur un bouquin de Lentin. Il dit qu’en France, la thérapie électromagnétique est inexistante, et qu’en Allemagne en Italie et partout ailleurs il y des dizaines de labo, alors qu’ici rien et en plus, le pouvoir et l’ordre des médecins qui foncent dès qu’un thérapeute utilise ce type d’appareil. Elle est là la récession, dans un monde corporatiste, étatique, bureaucratique, économique qu’il faut liquider ! Pour quelques avantages sociaux et financiers, ces gens deviennent des assassins par procuration.


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6 réactions à cet article    


  • herbe herbe 27 septembre 2008 12:24

    A l’auteur , c’est une confirmation que vous continuez même en cas de crise à garder votre esprit critique.

    c’est malheureusement l’inverse en général, les crises semblent d’ailleurs servir à faire perdre l’esprit critique à une majorité.

    Mais bon même pas la peine de détailler , cela a déjà été fait par d’autres.
    Je remets ici pas mal de liens :
    http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=44461
    http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=41492
    http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=40416
    http://www.agoravox.tv/article.php3?id_article=20403




    • Bernard Dugué Bernard Dugué 27 septembre 2008 12:32

      Ce texte avait été écrit pendant que les alters se faisaient massacrer à Gênes.

      C’était une période de colère et d’ailleurs, cette colère ressort dans ce billet écrit en 2001 où en fait, je voyais bien les impasses du système. C’est à cette époque que j’inventais le concept de monéthique, seul idée apte à créer une nouvelle donne financière pour une économie équitable. Je n’ai pas changé d’avis.


    • Francis, agnotologue JL 27 septembre 2008 19:17

      honoré sachez qu’en tant qu’habitué de ce site je suis ravi de vous voir traiter Agoravx de chaîne d’intox, vu que la seule stratégie des larbins qui se ridiculisent pour le compte des parasites nantis c’est le recours tous azimuts aux oxymores les plus osés. Et depuis Audouard ont sait qui sont ceux osent tout.


    • herbe herbe 27 septembre 2008 20:42

      Encore un article tout chaud ( et choc !) sur agoravox :

      http://www.agoravox.tv/article.php3?id_article=20937

      Poids des mots et choc des .... aie ! zut... c’est déjà pris ça comme slogan ...


    • La Taverne des Poètes 27 septembre 2008 15:34

      Et oui déjà en 2001, l’odyssée des espèces.. .Attention au retour du Jedi noir...


      • deejay 27 septembre 2008 17:12

        En 2001, oui c’était déjà la crise

        Divers économiste d’organisations internationales écrivaient ironiquement que ces attentats ont sauvé l’économie mondiale...temporairement.

        Si vous souhaitez en savoir plus, je vous invite à chercher du côté des compagnies suivantes :


        - Cantor Fitzgerald


        - Goldman Sachs


        - AIG


        - Kroll


        - Marsh and McLellan Companies

        Etudiez leurs liens, leurs activités et leurs dossiers importants durant les années 2000 et 2001. Les observateurs de l’économie et de la finance apprécieront.

        @+

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