Confusion généralisée. Où sont les clercs ?
Le mois de novembre dira qui sera aux commandes des Etats-Unis, la première puissance qui il y a dix ans, faisait figure de gendarme du monde et qui maintenant, est au banc des accusés. Ce mois d’octobre aura donné lieu à un étrange spectacle de confusion des esprits. Une crise mentale qui en fait, plane sur l’Occident depuis un nombre certain d’années. Et ce n’est pas un mal. C’est juste que notre monde démocratique permet une libre expression des maux, des colères et des opinions. Ce qui permet d’apprendre de la crise et sur la crise. Les sociétés contraintes n’ont pas cette opportunité. L’opinion est contrainte mais quand l’issue du processus s’achève, alors soudainement, un empire implose, comme naguère l’URSS
Confusions ? Oui, et d’ailleurs, une chose à retenir en guise de précepte de sagesse. Douter de tous les propos sur le futur. N’a-t-on pas entendu un éminent spécialiste, habilité à s’exprimer, prédire cet été un baril de pétrole à 200 dollars à la fin 2008 ? Soit trois fois le prix du baril tel qu’il se négocie ces jours-ci. Mais notre intéressé nous dira qu’il n’avait pas prévu la crise financière. Et c’est la même défense que l’autre soir sur Canal Plus, Ted Stanger, a invoqué pour dire qu’il s’était trompé sur la victoire de Mc Cain parce qu’ils n’avait pas prévu l’ampleur de cette crise financière qui domine les élections américaine. L’insécurité économique, un thème dominant, qui en cette période cruciale des élections sera déterminant, bien plus que le thème de l’insécurité qui en 2002, a pourtant créé chez nous le séisme que l’on sait avec Le Pen au second tour. Certains événements du monde suivent un cours régulier, et sont prévisibles. Par exemple les médailles chinoises au JO de Pékin. D’autres phénomènes échappent à la prévision. On ne parle plus grippe aviaire. Ni chez les volatiles, ni chez les humains où les Cassandre nous alertaient sur une pandémie menaçant des dizaines de millions de nos congénères.
A ce compte-là, le catastrophisme climatique mérite d’être mis en doute. Et même si les températures augmentent très lentement, il n’y a aucune raison de lier le réchauffement aux activités humaines. Et encore moins déclencher toute cette procédure hystérique du Grenelle. Relayée du reste par des Verts qui espèrent jouer un coup politique aux européenne. Avez-vous remarqué comme c’est étrange. Dès qu’une menace est brandie on assiste à une union sacrée. C’est sans doute le sort des sociétés. Que la menace soit hypothétique comme le climat qui soude les Verts, ou bien assez plausible, comme la crise financière qui vient de souder les pays européens. Mais pour ce qui est d’une espérance commune, rien ne réunit les hommes, sauf s’il y a un intérêt en jeu. Nul n’ignore tous ceux qui se sont rassemblés derrière Sarkozy dès lors qu’ils ont compris où allait le vent. Comme naguère les ralliés à Mitterrand.
Nous ne sommes pas en période électorale. On retiendra de ce mois d’octobre qu’il a dévoilé une confusion mentale généralisée. Pas seulement au niveau de la crise financière. Avec des avis d’économistes divergents. Bernard Laporte est dans un état de confusion mentale et visiblement, n’a rien à faire dans son poste. Fadela Amara qui en vient en insulter des membres de sa communauté. Ségolène Royal, c’est dramatique. Dans le gouvernement, c’est aussi la confusion mais elle est maîtrisée. Dans la presse, n’en parlons pas. Mais ce n’est pas un drame. Cette confusion sera surmontée.
Dernière remarque pour cet édito de samedi. La question des clercs. Dans son traité sur la notion de politique, Carl Schmitt évoque le type incarnant la production de l’opinion publique. Celui qu’on appelle le clerc. Qui du Moyen Age au 16ème siècle était du Clergé, puis de la science métaphysique au 17ème siècle, puis philosophes, écrivain, romancier, à l’âge romantique, puis savant positiviste ou scientifique de l’Histoire dans les temps modernes. A chaque époque son type central de préoccupation et son clerc caractéristique. Nous comprenons alors qu’en cette période de crise, les clercs que les médias convoquent sont ou bien des historiens de l’économie, Jacques Marseille par exemple, ou bien des professeurs d’économie, Elie Cohen par exemple, ou bien des anciens Ministre de l’Economie, Edouard Balladur ou Laurent Fabius par exemple, ou encore des professionnels de l’économie, directeurs de boîtes de conseil en stratégie financière et investisseurs dans des établissements financiers. Par contre, les philosophes, les intellectuels engagés, on ne les voit plus. Enfin presque, puisque BHL est présent, mais pour parler de sa jeunesse et de son ego face à son alter ego, romancier qui s’intéresse tellement à nos affaire qu’il s’est cassé en Irlande. C’est une farce ! Quant à Alain Badiou, il ressort sa litanie du peuple guidé par les idées. Badiou dont l’égarement est du même ordre que celui de son ennemi idéologique, un certain Nicolas Sarkozy.
Et pendant ce temps, la confusion suit son chemin. Avec une étape à Reims pour le congrès du PS. Heureusement, les gens vont retrouver les fondamentaux qui les ancrent dans l’existence. Les fêtes de fin d’année arrivent, de quoi oublier la crise et toutes les confusions. Au profit d’une fusion avec l’esprit festif, joyeux pour beaucoup et triste pour les autres. Mais impossible d’échapper aux guirlandes de la ville. Le soir.
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