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Du 20 au 25 octobre, semaine surréaliste à l’Assemblée !

L’autruche, la tête dans le sable, le cul en l’air. Nous sommes bien dans un monde de dupes, si le Grenelle de l’environnement n’existait pas il faudrait l’inventer pour conforter les naïfs dans leur béatitude !
 
Pourtant, ils sont légions les crédules, le scrutin n° 219 du 21 octobre sur le projet de loi du Grenelle de l’environnement nous donne ceci : sur 530 exprimés, 526 ont voté pour, 4 contre (Jean-Jacques Candelier, Jacques Dessalangre, Maxime Gremetz, André Guérin) et l’on relèvera 21 abstentions, cependant cette majorité écrasante a été leurrée en toute bonne conscience par un simili discours d’écologie.
 
Remercions d’abord ceux qui ont eu le courage de voter contre, et qu’ils se disent que, parfois, ce sont les minorités qui détiennent la vérité. Quant aux abstentionnistes, il est dommage qu’ils ne soient pas allés jusqu’à une opposition franche. Mais, vu le contexte actuel, où l’on veut faire de l’écologie un show médiatico-politique, il semblait difficile à certains de plonger dans une ferme contradiction que des électeurs mal informés n’auraient pas comprise. Je pense particulièrement à Yves Cochet qui nous a gratifiés d’un discours sur la décroissance à conserver dans les annales ; et qui comme moi pense que le développement durable est une fumisterie ; et qu’il serait mieux dans les circonstances actuelles, au regard des « mesurettes » prisent dans le texte de loi, de parler « d’empreintes écologiques ». Comme cela se confirme, pour les socialos qui ont approuvé massivement, tant qu’ils n’auront pas compris que pour réussir l’écologie de demain il faille se débarrasser du productivisme incontrôlé engendré par le capitalisme ils resteront à la botte du pouvoir en place, avec comme seule ambition celle de servir d’assistance sociale. C’est d’ailleurs là où le bât blesse, ils n’ont qu’une seule ambition, celle d’un bipartisme à l’américaine, où il serait un grand parti d’opposition sur la forme, et non sur le fond. On en revient donc à la pensée unique, sur laquelle ils se reposent et qui toutefois fait tant de mal actuellement à nos sociétés.
 
Bref, déjà les députés auraient dû se méfier car, à la manière dont se sont passés « l’épluchage » des amendements, il y aurait eu beaucoup à dire. En effet, on verra, afin d’accélérer le mouvement, le président de la Commission des affaires économiques, Patrick Ollier (UMP), faire réécrire certains articles dans leur totalité, de manière à y insérer par avance tous les amendements ayant l’aval de la Commission. Fier de son coup de force, sur sa lancée, l’ineffable Ollier a même conçu le principe de la rentabilité de l’amendement en les faisant défiler à une vitesse vertigineuse. Un record du nombre d’amendement/heure a d’ailleurs été établi, avis aux amateurs pour les prochaines séances.

Vite, vite, on est pressé. On sait jamais, des fois qu’un olibrius aurait la malencontreuse idée d’oser parler de nucléaire, bouclons ce dossier sans autre forme de procès avant que quelques contestataires ne s’en mêlent. Ouf, on a évité les sujets qui fâchent ! Il n’est donc pas difficile dans de telles conditions de claironner haut et fort que la France est à l’avant-garde de l’écologie si on fait l’impasse sur l’essentiel, mascarade ! Mascarade aussi le fait d’avoir pondu une loi séparée sur les OGM. Loi qui à l’évidence ne sera pas totalement la garante dans l’avenir d’une non-prolifération de ces organismes, mais qui eut pu être une bonne initiative en incluant directement dans le projet de loi du Grenelle un paragraphe interdisant purement et simplement leurs cultures. Quand on veut protéger les lobbies « influants », tous les moyens sont bons !

Pour compléter la sauce, les normes thermiques de l’habitat ont fait l’objet d’un amendement réducteur de la part du triste Ollier, ce qui va retarder d’autant plus la perspective de la maison allant vers une consommation minimum d’énergie. Au demeurant, tout est dans le même ordre d’idée car c’est aussi le cas de la taxe poids lourd qui à force d’exceptions s’en trouve réduite comme une peau de chagrin, à tel point que complètement décortiquée, vidée de son contenu, elle sera de toute évidence là seulement pour marquer le coup sans pour autant qu’elle devienne un tant soit peu opérante. C’est pareil pour la valorisation énergétique des déchets qui aurait pu ouvrir la porte à l’innovation, eh bien non, une sorte de prépondérance hasardeuse à stigmatiser les attentions en direction de l’incinération, qui aux dires des spécialistes est pourtant la pire des solutions. Là il s’agit véritablement d’inconscience ou plus simplement d’incompétence.

Et ce n’est pas fini, car on atteint le paroxysme de l’hypocrisie avec les agro-carburants. En premier lieu, il avait été question de supprimer l’exonération de la taxe sur les carburants dont bénéficiaient les prétendus « biocarburants », sous prétexte que ceux-ci n’était pas une si bonne idée que cela. Comme beaucoup j’avais applaudi des deux mains à cette initiative qui rabaissait les agro-carburants à ce qu’ils sont : un palliatif à ne pas généraliser (je me suis déjà exprimé longuement sur ce sujet dans : « Agro-carburants, les retombées catastrophiques », « Agro-business, nouvel eldorado du capitalisme »). Mais des voix se sont élevées afin de pérenniser cette exonération qui, de toute façon, va rester en suspens tant que la loi définitive n’aura pas été adoptée. Toutefois, si l’on se souvient, les raisons de ces tergiversations viennent des propos du chef de l’Etat au salon de la bagnole qui, sans complexe, a fait la promotion pour la consommation d’au moins 10 % éthanol dans un avenir proche, et aussi celle de la bagnole mi-figue, mi-raisin en espérant que ses utilisateurs favorisent les fameux agro-carburants. On n’est donc pas près avec ce genre de raisonnement d’aller vers le bien-être de la planète en favorisant des pantalonnades à la mode des agro-carburants, l’on pourra alors faire mirer à la manière d’un miroir aux alouettes tous les Grenelles du monde si l’on n’arrête pas une course désastreuse aux profits, et par le fait nous semble donc parfaitement dérisoire et fantaisiste l’annonce de 23 % d’énergie renouvelable et discutable à l’horizon 2020.

Justement en parlant d’énergie renouvelable, un petit mot en passant sur le parc éolien. Si on ne peut nier la valeur intrinsèque de l’éolienne dans l’espace écologique il n’en est pas de même de la rentabilité de l’éolien terrestre qui est tout à fait discutable. Ceci étant aussi lié à la mainmise du privé sur ce qui devrait être de la responsabilité de la collectivité, laissant ainsi aux investisseurs les coudées franches pour tirer le maximum de bénéfices d’un vent dont nul n’est le propriétaire. Ainsi d’ailleurs que l’eau dont on a volontairement passé aux oubliettes le fait qu’elle pourrait être déclarée « Bien commun de l’humanité ». C’eut sans doute été de trop de prévoir un alinéa allant dans ce sens. Il ne faut pas rêver, tant que les capitalistes auront l’hégémonie d’exploitation des ressources naturelles, on pourra toujours prévoir des gardes-fous à leurs appétits insatiables, ils trouveront toujours des interstices pour contourner, voire passer outre les lois dans la mesure où cela sert leurs intérêts.

S’il y un bon point à donner à l’initiative de Borloo, ce serait dans la primauté donnée à la biodiversité lors de l’aménagement du territoire. Seulement voilà, le texte est un peu général, parfois imprécis, et quand on connaît la duplicité des affairistes en tout genre, je doute que l’on puisse s’appuyer sans retenue sur un tel document pour faire valoir cette priorité écologique. En tout cas, je souhaite bien du plaisir à ceux qui vont devoir se servir de la loi pour empêcher le passage d’une autoroute qui empiéterait sur l’espace privilégié de quelques genettes, par exemple. Tout ceci n’est qu’une tartuferie.
Un autre sujet préoccupait nos députés cette semaine. Des discussions furent donc engagées sur la loi de Finance à venir. Mais laissons la parole à Jean-Claude Sandrier qui dans cet extrait a bien dépeint la situation :
« Ce débat budgétaire a un côté surréaliste car, en pleine crise du capitalisme, vous nous présentez un budget comme si rien ne s’était passé, un budget complètement dans la lignée des précédents et qui ont contribué de fait à alimenter la crise, par la réduction de l’investissement public et des services publics, la poursuite des exonérations de toute nature favorisant l’accumulation du capital sans contreparties exigées en termes de développement économique, d’emplois rémunérés, de progrès social. Bref, vous continuez dans ce qu’il ne fallait pas faire hier et encore moins aujourd’hui !
Vous avez, avec les responsables politiques des grands pays capitalistes, l’entière responsabilité de ce qui se passe.
Il est trop facile de venir dire aux Français, telles des vierges effarouchées, que cette crise est due à quelques banquiers indélicats ou égarés et qu’"on va voir ce qu’on va voir" ils vont être punis alors même que ce système dans lequel nous sommes, le comportement de ce monde financier prédateur non seulement vous l’avez "couvert", mais pire, vous l’avez encouragé et entretenu.
Comment pouvez-vous avoir le culot de dire comme cela se disait à une certaine époque "Nous ne savions pas". Or, vous saviez que des capitaux exigeaient des rendements de 10 – 15 – 20 % alors même que la croissance était à 2 %.
Vous connaissiez l’existence des Fonds spéculatifs ! ».

Pour ma part, j’imagine bien « Fi’on » en vierge effarouchée, j’y peux rien, mais ça m’amuse !
Il a eu aussi un communiqué assez court des communistes sur les propos de Sarkozy lors de sa balade en Haute-Savoie, Ce n’est pas la peine de les copier ici car ils dénoncent ce que nous savons déjà, entre autres qu’avec la suppression de la taxe professionnelle, dans certains cas, seules sont encore favorisées les entreprises aux dépens de l’ouvrier qui ne voit, lui, aucune lueur en direction de l’amélioration de son pouvoir d’achat.

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4 réactions à cet article    


  • anny paule 28 octobre 2008 16:21

    Une question me taraude l’esprit : sommes-nous, nous simples citoyens de la "France d’en bas", plus avisés, clairvoyants et conscients que ceux qui sont sensés nous représenter ? Pourquoi ceux qui sont les élus font-ils systématiquement le contraire de ce qui tombe sous le sens et qui correspond à l’intérêt général ?
    Quand "l’opposition", à quelques détails près, joue "les pompiers de service", en phase avec la majorité, ça sert à quoi de les avoir élus ?
    Piètre démocratie que la nôtre ! J’ai honte pour les générations à venir !


    • norbert gabriel norbert gabriel 28 octobre 2008 16:53

      en fait tous nos élus, au niveau mondial sont incapables d’une vision du futur allant au delà de leurs mandatures ; Après nous le déluge, c’est vrai de tous temps. Sauf que le prochain déluge risque d’avoir des conséquences drastiques pour la majorité de l’humanité. Tant mieux pour la minorité rescapée, s’il en reste une. Et s’il n’en reste pas, ça fera de la place pour les fourmis qui en vu d’autres.


      • Lapa Lapa 28 octobre 2008 18:28

        de toute façon la planète est foutue sauf à imposer à tous les pays développé d’avoir le niveau de vie du Gabon et au pays qui se développent de stopper net.

        A partir de là on met un pansement sur une jambe de bois, pansement qui rapportera du pognon à certains. Y’a rien d’autre à faire que de profiter des queques décennies qui restent.


        • Le Chacal Le Chacal 2 novembre 2008 17:13

          Je me permets de tempérer. La planète est déjà passée par des crises beaucoup plus graves que celle que nous provoquons plus ou moins consciemment. Pour moi la planète n’est pas foutue. C’est l’humanité qui court à sa perte en détruisant les conditions de vie idéales qui nous ont permis de nous développer à ce point depuis la dernière glaciation. La vie s’adaptera à une catastrophe majeure comme elle l’a toujours fait, quitte à repartir d’une forme la plus minime soit-elle (fourmi, protozoaire, bactérie ?), mais je ne suis pas sûr que nous puissions en faire autant.

          Notre développement actuel ne peut mener nulle part tant que nous nous cantonnerons à notre planète. Elle ne peut subvenir à une demande croissante et potentiellement infinie de matières premières et d’énergie. Surtout d’énergie. La seconde loi de la thermodynamique est très claire : toute travail, toute énergie finit dissipée en chaleur. Continuer à produire de l’énergie, même en passant par l’éolien, même en passant par l’hypothétique fusion nucléaire, c’est produire davantage de chaleur. Nous avons dépassé les limites autorisées d’un point de vue consommation et population. Notre seule échappatoire, si on ne veut pas subir une extinction massive, c’est se tourner vers ce qu’il y a au-delà de l’atmosphère. Mais qui peut se permettre de dire ça, sans passer (comme moi par exemple) pour un rêveur ou un illuminé ?

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