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Boutin, une bigote sous le soleil de Satan

Au perron des ravis de la prêche gouvernementale, on compte une grenouille de bénitier de première ordre. Le genre d’illuminée nourrie dès le biberon à l’élixir du révérend Père Gaucher, le stéréotype de l’exaltée qui a fait ses premières dents sur du pain béni par l’évêché. Enfin bref, trêves de rodomontades et de calembours, vous l’aurez compris, Christine Boutin s’est bâtie à grand coup de catéchèse. Etre formée spirituellement par des artistes à la croix de bois, ça laisse des traces. Pire, ça marque un inconscient !

Son sacerdoce politique débutera plus tard, chez les Centristes. Giscardienne transie, Barriste en rupture de banc et républicaine à ses heures perdues, notre bigote nationale a tout connu ou presque. Faut dire que la matrone de Levroux n’était pas du genre, à garder la langue sous la soutane. Elle se tailla rapidement une réputation par ses prises de positions radicales. En 1986, elle est mise au banc de l’UDF et du Parti Républicain, pour avoir fait perdre la Droite aux élections législatives des Yvelines. Durant les années 80-90, son intégrisme religieux transparait et elle n’hésite d’ailleurs pas à voter plusieurs propositions de lois du Front National.

Faut dire qu’à l’époque, elle était du genre à faire feu de tout bois. Haro sur le PACS quitte à se faire taxer d’homophobie par Act’Up ! Au diable l’avortement et l’euthanasie, quitte à brandir sa bible dans l’Hémicycle ! Elle se paya même le luxe, d’être la seule centriste à voter contre le Traité de Maastricht, en 1992. Elle est l’archétype du produit politique d’un autre temps et d’une autre époque, dont on est en droit de se demander, s’il n’est pas tout droit sortit, des “caves du Vatican”, André Gide me pardonnera. Mais faut dire, qu’en 1995, lorsqu’elle devint consulteur du Conseil pontifical pour la famille créé par Jean-Paul II, ça fit grincer quelques dents. Jean Glavany n’hésite pas à dire, qu’elle a toujours placé la religion avant la destinée de la république.

Mais bon, le parlement s’habitua bon gré, malgré, à ces bondieuseries. Dès qu’ils entendaient la gouaille lancinante d’une nonne sortie de son pré-carré, prendre Dieu à témoin pour réclamer, autodafé et proscription, ils ne prenaient même plus la peine de tourner la tête. Intérieurement, ils se disaient : « Tiens voila du Boutin ! », et ils s’y accoutumèrent. Bon, c’est comme partout, il y a toujours des mecs plus réfractaires que d’autres. Tiens, prenez le cas d’un Gremetz, athée jusqu’au bout des seins, marxiste comme on entre en religion. Il avait beau se boucher les feuilles de choux, verrouiller les clapets du conduit auditif, son sang ne faisait qu’un tour. Progressivement son palpitant commençait à battre la chamade. Ca lui faisait l’effet d’un appel au front, il croyait presque revivre la Veme Internationale.

Quoiqu’il en soit, consciente de son faible poids électoral, elle intègre l’UMP, dès sa création, en 2002. Ce qui ne l’empêchera pas de tenter sa chance aux présidentielles. Elle finira avec la portion congrue, 1,19% des suffrages exprimés (339 112 voix). En 2006, elle ne se présente pas afin « d’éviter un 21 avril à l’envers », lance-t-elle sans ironie. Pour la remercier et pour soigner son électorat catho, Sarko la prend sous son aile et lui confie, le ministère du Logement et de la Ville. Elle fait parti de ses groupies de sansonnet avec Rosy Bachelot et Nana la Murène, qu’affectionne notre président, dans ses moments de narcissisme. 

Pour quelqu’un qui avait présidé l’action pour la dignité humaine et qui avait institué le droit au logement opposable, on était en tout cas, en droit d’attendre beaucoup. Surtout qu’aux présidentielles, Sarko avait annoncé la couleur : « plus de SDF dehors d’ici, deux ans ». Christi s’était fait l’écho de son maitre et avait promis monts et merveilles, notamment « que tous les français seraient logés, grâce à ma loi ». Mais derrière les belles intentions, une bien triste réalité.

Son Plan d’Action à destination des sans abris, PARSA pour les intimes, n’a pas tenu ses promesses. En termes de logement social de longue durée, la crise atteint son paroxysme. Le budget est en baisse de 7%. Pire durant l’été 2008, elle tente de vider la loi SRU de sa substance. Déboutée par des sénateurs de droite comme de gauche, elle réussit l’exploit de fédérer l’ensemble du monde associatif contre elle. Durant l’hiver 2007, même le secours catholique s’attaquait à la mère Boutin, reine du cache misère. Eric Woerth l’a compris à merveille, il affirmait qu’elle « a un esprit ouvert mais que curieusement, ses réponses sont un peu fermées ».

En 2006, elle qui s’était pourtant autoproclamée, grand chantre de la “Droite Humaine”, marche désormais de concert avec Hortefeux. Les expulsions forcées sont en hausse, le grand Brice en a 28 000 au compteur. Aujourd’hui même, l’appareil judiciaire condamnait l’association Droit Au Logement, pour avoir installé des tentes pour les sans-abris. Force est donc de reconnaître, que Christi oscille à merveille, du fusil au missel. 

Dans le fond, elle n’est pas si différente de tous ces culs-bénis qui prennent sans cesse Dieu à témoin mais qui dans les faits, sont bien plus anticléricaux, que le commun des mortels. Et ça nous renvoi inévitablement au choix de son directeur de cabinet, Jean-Paul Bolufer, pour le coup assez symptomatique. Ce bien triste personnage issu de la Cité Catholique (une branche de cathos traditionnalistes, proche de l’Opus Dei), ne tarda pas à faire parler de lui. Le Canard enchainé révéla que depuis 1981, il occupait un appartement à loyer modéré de 190m², dans le Vème arrondissement, au prix de 6 Euros 30, le m². Contraint à la démission, il se défendit en citant l’Evangile, « que celui qui n’a jamais péché me jette la première pierre ». Pour l’exemple, on serait tenté de lui envoyer un pavé soixantuitard en pleine poire, histoire de lui faire digérer la bonne parole.

A défaut d’avoir réglé la crise du logement, Boutin aura au moins tenté de régler celle de ses proches. Jacques Brel avait des mots très durs pour ces bigotes endimanchées qu’il avait compris mieux que quiconque. Il aimait chanter : « Ah, si j’étais diable en les voyant parfois, je crois que je me ferais châtrer. Si j’étais Dieu, en les voyant prier, je crois que je perdrais la foi… »

Mancioday

http://ruminances.unblog.fr/2008/11/25/une-bigote-sous-le-soleil-de-satan/


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