Le temps des clins d’œil

Les journalistes américains sont-ils réellement moins bons que leurs confrères d’El-Jazeera sur les histoires autour de la Qaïda ?

Le New York Times en arrive ainsi à s’emmêler les pattes dans une teléinterview pas très très catholique avec le chef du GSPC, Abdelmalek Droudkel. Le NYT fait dire à Droudkel que les intérêts américains, voire occidentaux, seront frappés partout où ce sera possible en Algérie et dans le monde. Les Etats-Unis sont accusés de piller les richesses de l’Algérie et d’avoir installé une base militaire dans le sud du pays.

«Nous nous sommes aperçus que l’Amérique construisait des bases militaires dans le sud de notre pays, organisait des manœuvres, s’emparait de notre pétrole et prévoyait de prendre notre gaz», confiait le chef du GSPC. Serait-on mal informé à ce point dans les maquis islamistes ? Ne sait-on pas que les Américains sont plus proches de Hassi Messaoud et de Hassi R’mel depuis que les Français ont déclaré le pétrole algérien «pétrole rouge» au début des années 1970 ?

N’étaient-ce pas les Américains qui brisaient à l’époque l’embargo français ? Que les Américains soient devenus, depuis, notre premier client pétrolier et «s’emparent» de notre pétrole en casquant comme tout le monde plus de 143 dollars pour un baril, la majorité des Algériens ne peut qu’être entièrement d’accord pour un «pillage» aussi fructueux.

Et peut-on parler d’une quelconque soumission algérienne lorsqu’on voit le ministre algérien de l’Energie s’opposer publiquement à une augmentation de la production comme l’aurait voulu l’Amérique et pas seulement elle ? Et concernant le gaz, n’a-t-on jamais entendu dire qu’Alger aurait refusé d’accorder la main de Sonatrach à GDF ?

Quant à accepter l’installation d’une base américaine en Algérie, le premier à vous rigoler au nez si vous l’interrogez là-dessus, ce sera bien le général William Ward, le commandant du fameux Commandement américain pour l’Afrique (Africom). N’est-ce pas l’hostilité affichée au projet par l’Algérie, peuple et Etat, qui a fait que Ward partit en discuter avec Rabat et Tunis mais s’épargna le voyage d’Alger ? L’Algérie ne fait-elle pas son possible pour enterrer les haches de guerre au Sahel ?

N’accueille-t-elle pas nos voisins du Mali pour faciliter les solutions qui en finiraient avec la violence ? L’Algérie ne plaide-t-elle pas à Charm El-Cheikh pour la mise en place d’une Force africaine d’alerte qui éviterait au continent l’ingérence et l’intervention étrangères ? Une ingérence et des interventions qui d’ailleurs pourraient très bien s’inscrire dans le prolongement des interviews du dernier modèle publié par le NYT.

Car il n’est pas du tout incorrect de penser que si le chef du GSPC peut être mal informé au vu des conditions dans lesquelles évolue son organisation, ce ne peut être le cas du journaliste du NYT qui, lui, ne peut se plaindre de manquer de champ téléphonique ou de connexion Internet. Et si on y réfléchit un peu plus, on retrouve que, paradoxalement, la position du GSPC et celle des Etats-Unis se rejoignent involontairement (?) pour faire cause commune contre les décisions jugées frustrantes.

Mohamed Zaâf

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