23/11/2007

Paris 8 en grève active contre la loi LRU

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LABORATOIRE DES LUTTES. En réaction à la loi LRU, le département de science politique de l’université Paris 8 a mis en place une "grève active", avec des ateliers de critique sociale autogérés. Paris 8 en grève active contre la loi LRU


Par Le collectif enseignant du département de science politique de Paris 8 – Saint-Denis.
MOUVEMENTS
14 novembre 2007.

Le mardi 6 novembre 2007, le département de science politique de l’université Paris 8 – Saint-Denis réuni en AG (enseignant- e-s, étudiant-e-s, IATOSS) a voté la « grève active », rejoint par d’autres départements. Les cours habituels sont depuis lors remplacés par des ateliers alternatifs ouverts à tou-te-s sur différents thèmes liés à la mobilisation. Autogérés par les étudiant-e-s et les enseignant-e- s, ces ateliers visent à créer des espaces ouverts à l’analyse critique des politiques et des mobilisations, autour de thèmes tels que l’histoire des mouvements sociaux et notamment étudiants, la désobéissance civile, les liens avec les autres mobilisations (régimes spéciaux, sans-papiers, précarité) etc. Ces ateliers reposent sur la conviction que les sciences humaines et sociales dans leur diversité peuvent être utiles à la compréhension des « réformes » actuelles, à l’élaboration de dispositifs démocratiques et efficaces de lutte, ainsi qu’à la construction de liens avec des enjeux qui dépassent la question de la loi LRU. Loin des caricatures de facs « bloquées par une minorité », une fac en grève n’est pas une fac morte ! Le succès du mouvement passe aussi par le maintien du lien entre étudiant-e-s et enseignante s.

Outre notre participation sans réserve à la mobilisation étudiante, il nous paraît nécessaire de rappeler que les enseignant-e- s – chercheur-e- s sont concerné-e-s au premier chef par la loi LRU. Votée sans concertation pendant l’été, cette loi détruit les fondements d’une université démocratique reposant sur une formation des étudiant-e-s sans discrimination d’origines ou de ressources et sur la protection de la liberté scientifique des enseignant-e- s – chercheur-e- s.

La loi prévoit que les présidents d’université détiennent des pouvoirs exorbitants au mépris de la tradition démocratique de l’université. Ils pourront notamment décider seuls de certains recrutements de personnels contractuels administratifs, enseignant-e- s et chercheur-e- s, ils auront la possibilité de distribuer des primes à discrétion ; tout cela encourageant des pratiques clientélistes. La part de la recherche dans le service des « enseignant-e-s-chercheur-e-s » pourra être amoindrie, voire supprimée. L’effet destructeur en terme de contenu des enseignements et finalement de valeur des diplômes ne se fera pas attendre.

Quant à l’autonomie financière des Universités, elle constitue un danger pour l’existence même de celles qui sont le moins dotées , notamment sur le plan patrimonial, comme c’est le cas de Paris 8. Les établissements les plus pauvres devront amputer leur masse salariale pour faire face aux dépenses de fonctionnement et d’entretien. La nécessité de financer cette université déshéritée se traduira immanquablement par une hausse à moyen terme des droits d’inscription. La menace à Paris 8, comme dans d’autres établissements en « banlieue », est bien plus radicale : la loi fait courir un risque très réel de disparition de notre université. Dans le meilleur des cas se profile un enseignement « d’abattage » associé à une professionnalisation au rabais en premier cycle, sans réels débouchés, tandis que les cursus valorisés appuyés sur la recherche seront réservés aux universités « d’élite ».

Il est temps de prendre collectivement nos responsabilité s et d’utiliser tous les moyens de pression à notre disposition pour obtenir l’abrogation de la loi LRU dans les plus brefs délais. Nous ne pouvons pas, alors que la loi a déjà été votée et commence à être mise en application, nous contenter d’un engagement partiel et de soutiens verbaux : seule la participation à la construction d’un rapport de force avec le gouvernement a une chance d’aboutir.

Nous exigeons donc l’abrogation immédiate de cette loi et la mise en place d’une concertation pour une modernisation démocratique des universités, articulée à la promotion de la recherche, dans l’intérêt de tou-te-s les étudiant-e-s.



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