06/01/2008

Vincennes centre de rétention 2 dépèches

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En revenant de Vincennes...
L'EN DEHORS
Lu sur le laboratoire : "Ce jeudi-là, au matin, la radio relatait d’un ton léger que les membres du Saint Gouvernement allaient gaiement recevoir les récompenses pour la besogne accomplie, des mains du Grand Manitou. L’un de ces sinistres personnages, B**** H********, se trouvait passible d’une « mauvaise note » (si si le président note ses élèves - ministres, c’est-y pas mignon ça??) pour n’avoir pas bien fait son devoir. Malgré le zèle des flics en cette fin d’année, les chiffres n’étaient pas suffisants, « le compte n’y était pas ». Pourtant, au micro de la journaliste, le triste sire, revenant d’un « petit déjeuner ministériel » où il s’était assurément pété le bide, se contentait d’une petite boutade et d’un rire de circonstance.
Qu’à cela ne tienne ! Les 25 000 « indésirables » n’ayant pas pu être expulsés cette année, le Pouvoir entend « travailler plus pour expulser plus » l’an prochain, en fixant la barre à 28 000 déportations en 2008. Les bonnes résolutions n’attendent pas chez les hautes sphères de l’Etat.


Une marche vers le centre de rétention de Vincennes était organisée l’après-midi du même jour. Quelques 200 personnes étaient présentes, motivées mais pacifistes pour la plupart.
Après une heure de marche, nous arrivons, en plein milieu des bois, devant cet endroit innommable. Une forte présence des gardes mobiles nous avait précédée.
Pour qui ne s’est jamais retrouvé en face d’un bâtiment pareil, il faut se représenter la chose : un fort énorme avec des murs hauts de dix mètres, sombres et recouverts de barbelés, dominés par des miradors et des projecteurs aveuglants. Depuis notre emplacement, nous pouvons apercevoir les immenses baraquements à l’intérieur de l’enceinte. Là se trouvent enfermés des centaines de personnes, attendant dans l’angoisse qu’on les saisisse et qu’on les déporte vers ce que les autorités appellent « leur pays ».

Nous réussissons à gueuler assez fort pour nous faire entendre des prisonniers, et ceux-ci répondent aux cris de « Liberté ! Liberté ! » et « Murs par murs, pierre par pierre, nous détruirons toutes les prisons ! ».
Un élu inopportun tente de prendre la parole, pour noyer le sujet en évoquant un « soutient à l’amélioration des conditions de détention dans les centres… ». Fort heureusement, nous parvenons à faire taire ce cuistre modérateur et récupérateur professionnel, qui ensuite ne tarda pas à s’éclipser.
Un dialogue par téléphones interposés se met en place avec les détenus, ces derniers décrivant leur calvaire et les violences policières subies par eux à l’intérieur du camp, ainsi que leur récente révolte. Les témoignages furent poignants, très durs parfois, tant ce que ces personnes subissent est difficile à imaginer, pour nous qui sommes en « situation régulière ».

Devant nous, deux rangées de militaires, certains s’échangeant des blagues dont nous ne souhaitons connaître le contenu…Dans leur regard à tous, la même expression vide, l’absence de réaction à nos invectives, symboles de la violence étatique, sourde et muette.
Et toujours le même constat : nous ne sommes pas assez nombreux, désarmés, impuissants devant cette infâme prison, pas assez enragés peut-être.
Pourtant, au fond, nous savons tous qu’aucun gouvernement ne réglera ce versant de la question sociale, étant donné que la « gauche socialiste » aussi a participé largement à la construction de ces camps inhumains, ainsi qu’aux lois anti-immigrés qui en sont la cause.
Alors ?

Alors il faudra bien un jour que toutes celles et tous ceux qui, révolté(e)s par ce drame quotidiennement renouvelé, tirent la conclusion suivante : ces monstruosités carcérales qui détruisent des vies humaines doivent disparaître, et personne ne le fera à notre place.


Non Fides
(Groupe Anarchiste Autonome)

contact: non-fides(at)hotmail.fr
Mis en ligne par libertad, le Samedi 5 Janvier 2008, 22:52 dans la rubrique "Actualité".
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Deuxième marche des sans-papiers du musée de l’immigration au centre de rétention de Vincennes
L'EN DEHORS
Lu sur Samizdat : "La marche a rassemblé environ 2000 personnes, sans-papiers, militants, etc. (Collectif des sans-papiers de Montreuil, 9ème collectif de sans-papiers, CSP 75, CSP 18, CSP 19, CSP 95, CSP 11, et organisations dont l’UJFP, la LDH, le Gisti, l’ATMF, Femmes solidaires, Sierra Maestra, Coordination des Intermittents et Précaires d’IDF, CDSL, le MRAP, ACT-UP, l’UCIJ, la LCR, le PCF, les Verts, la Fédération Anarchiste, CNT, Sud, CGT…).

Arrivant devant le Centre de rétention, les manifestants ont scandé « Ni rafles, ni centres de rétention, régularisation de tous les sans-papiers ». Les sans-papiers ont pris la parole, pour dénoncer la situation actuelle, aussi bien dans les centres de rétention que partout en France où ils sont raflés quotidiennement. Des sans-papiers enfermés à l’intérieur du CRA de Vincennes ont pu s’adresser à la foule par téléphone sur haut-parleur.

Ils ont pu ainsi témoigner de ce que la visite officielle orchestrée pour les médias la veille était une mascarade. Ils ont pu rappeler les violences qu’ils subissent quotidiennement, pour briser leur mouvement. Une manifestation s’est alors déclenchée à l’intérieur du Centre. Et les retenus ont accroché une banderolle marquant leur première revendication : « Liberté ». Des manifestants se sont regroupés dans le parking jouxtant le Centre, entourés par une armada de gardes mobiles. Un militant a été interpelé et mis en garde-à-vue.

Rassemblement demain, dimanche 6 janvier, à 13 heures devant le commissariat du 4ème arrondissement, bd Bourdon, métro Bastille.

Monsieur Malek B. devait être expulsé vers Alger, aujourd’hui à 11 heures. Des militants et sa famille étaient présents à l’aéroport. Il passe demain dimanche à 14 heures au TGI de Bobigny devant la 17ème chambre pour refus d’embarquement.

Issa N. passe à 14 heures au 35bis, au Palais de Justice de Paris, métro Cité.

Nabil G. est passé jeudi dernier au 35 bis, et ce samedi en cour d’appel : sa rétention a été prolongée de quinze jours. Un laissez-passer a été demandé au consulat de Tunisie pour la deuxième fois.

Et d’autres, tous les jours sont raflés, arrivent dans les centres de rétention, passent devant ces tribunaux (35bis, cour d’appel, Tribunal administratif, ou devant les chambres correctionnelles pour refus d’embarquement). Ils sont enfermés, arrachés à leurs vies, expulsés. Malgré la brutalité de la répression, ils se mobilisent, pour protester. De même à l’extérieur, il est urgent de se mobiliser le plus largement possible pour apporter le soutien le plus efficace aux sans-papiers, faire connaître leur situation, et vaincre la machine à expulser et la politique du chiffre.

9ème collectif
Lire aussi : Suite de la manif au cra de vincennes, le militant arrété a été libéré

Mis en ligne par libertad, le Dimanche 6 Janvier 2008, 19:13 dans la rubrique "Actualité".



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