Facebook Connect, flagrant manque d’inspiration

Cette semaine Facebook a annoncé en grande pompe le lancement de son programme d’interopérabilité Facebook Connect. Cette initiative va permettre aux partenaires du programme (Digg, Typepad, Plaxo, Twitter…) d’exploiter le graph social des membres de Facebook : Facebook Connect Launches with 24 Partners Including Digg and Six Apart.

Comment faire du neuf avec du vieux

Le programme Facebook Connect repose sur 5 fonctions majeures :

  • Trusted Authentification, qui va permettre aux membres de se connecter aux services partenaires avec leur compte Facebook (même principe qu’OpenID) ;
  • Real Identity, qui va permettre aux membres d’afficher et de revendiquer leur réel identité (même principe que le Real Name d’Amazon) ;
  • Friend Linking, qui va permettre aux membres d’exporter leur liste d’amis (même principe que Data Availability) ;
  • Dynamic Privacy, qui va permettre aux membres d’exporter leurs options de confidentialité (même principe que Data Portability) ;
  • Social Distribution, qui va permettre aux membres de notifier leurs amis des actions qu’ils effectuent sur les sites partenaires (même principe que le Project Beacon).

Outre ces 5 fonctions majeures, Facebook a également annoncé le lancement d’autres initiatives :

C’est tout ? Oui, c’est tout.

Bon… je sais bien que ces derniers temps j’ai été très critique à l’égare de Facebook (cf. Pourquoi je ne crois plus en Facebook, Facebook cherche encore son modèle publicitaire et Facebook toujours dans la tourmente), mais je pense que l’on peut affirmer qu’ils se foutent carrément de la gueule du monde. Pas une seule idée neuve, rien que du recyclage de fonctionnalités présentes chez les concurrents.

Pénurie d’idée (et de modèle économique)

Outre le fait qu’ils copient ouvertement les idées des autres, les équipes de Facebook nous démontrent surtout qu’ils sont toujours dans l’impasse pour leur modèle économique : pas de nouvelle offre de monétisation ou de nouveaux services à valeur ajoutée, comme un système de paiement en P2P (cf. What Facebook didn’t Announce Today at F8).

Traduction : « nous ne savons pas comment rentabiliser notre plateforme« . Non pas qu’ils ne sont pas capables de générer du chiffre d’affaires, mais plutôt qu’ils sont incapables de trouver un modèle qui soit suffisamment viable pour convenir aux annonceurs et aux membres, mais également pour amortir les très gros frais d’infrastructure.

Ceci est plutôt étrange de la part d’un acteur qui approche de la barre fatidique des 100 millions de membres. Il leur aurait fallu des annonces bien plus alléchantes pour convaincre les annonceurs qu’ils auront la possibilité de conserver l’attention de leurs utilisateurs et ne pas se ringardiser comme MySpace l’à fait. Car oui, MySpace est encore devant Facebook en termes de nombre de membres ou de visiteurs uniques, mais il ne fait plus rêver les annonceurs. D’autant plus que la concurrence est très dynamique : Hi5 Gains 25MM Extra Visitors in 6 Months.

À l’Ouest, rien de nouveau

Maintenant que la grande messe annuelle de Facebook est passée, il ne leur reste plus qu’à travailler dur pour livrer comme prévu ces fonctionnalités et tenir leurs promesses. Quelles promesses déjà ? Ha oui, de faire au moins aussi bien que les autres.

Bien évidement, la possibilité de connecter son profil Facebook a tout un tas d’autres services est alléchante, mais il existe déjà de nombreuses alternatives (comme OpenID) qui sont peut-être moins sexy mais soutenus par des acteurs de taille (MySpace, Yahoo!, Orange…). En tout cas cette initiative commence déjà à en inquiéter certains (cf. Facebook Connect Will Be Game-Changing…and Dangerous et Facebook plans for Web domination).

Force est de constater que Facebook est en pleinne crise de croissance : incapable d’assumer à la fois la pérennité technique de sa plateforme (surtout à l’approche des 100 millions d’utilisateurs), une offre publicitaire viable et un renouvellement de sa proposition de valeur (vont-ils savoir éviter l’exile des profils vers des plateformes plus « hype » ?).

Et pendant ce temps là, d’autres avancent dans l’ombre, à l’image de Google avec ses Social Graph API et Google Friend Connect. Sans compter la concurrence toujours grandissante des autres médias sociaux (notamment des plateformes de social gamimg).

23 commentaires sur “Facebook Connect, flagrant manque d’inspiration

  1. « connecter son profil Facebook a tout un tas d’autres services »
    A quoi servira OpenID si l’on peu se connecter à d’autres service avec son compte Facebook. Tout le monde est déjà sur Facebook, ils vont dominer le secteur de la centralisation des données (voir leur conversion à la FriendFeed) si ils arrivent à ce que chacun n’utilise plus que son compte Facebook partout et tout le temps.

  2. Les exemples de champion mondiaux qui ont gagné leur place en pompant les bonnes idées des concurrents sont plus nombreux que ceux qui se sont imposés avec une idée de génie

    Savoir pomper comme il faut est une qualité qui peut mener au succès (cf les shadoks)

  3. J’ai par contre comme dans l’idée que le Knol de Google, qui ajoute précisément une possibilité de monétisation à un wkipedia-like est une idée qui fera son chemin. Finalement Google, reste créatif et ça c’est une bonne nouvelle pour beaucoup. Au jeu de Go comme au morpion, avoir un coup d’avance et le garder assure du succès final. Ce que je comprends de ton papier c’est que Facebook ne sèche à exploiter son potentiel.

    p.s. Il semble que ton correcteur orthographique soit parti en vacances; ou bien c’est la chaleur (enfin) qui t’a fait te relâcher ? ;-)

  4. Merci pour ce petit coup de gueule rafraîchissant (le week n’a pas du être facile), mais que je trouve un peu injustifié. Quel mal y a-t-il à pomper les idées des autres, surtout si elles sont bonnes ?! ;-)
    Là où Facebook doit vraiment se faire du soucis (et là, je suis assez d’accord), c’est sur son modèle économique.

    De source sûre, la rentabilité de son programme de publicité ciblée est extrêmement mauvaise. C’est presque logique. Qui voudrait bien pouvoir cliquer sur de la pub quand il est en train de s’amuser avec ses amis ? Il serait d’ailleurs intéressant de connaître la rentabilité de la pub ciblée dans Gmail. Elle ne doit pas être très bonne non plus. En fait, la publicité ciblée quand elle pénètre autant la sphère des échanges privés doit avoir de faibles chances de fonctionner. Il serait intéressant d’avoir le retour d’expérience de quelque directeur marketing sur Beacon ou sur d’autres programmes de pub ciblée dans des sphères, qu’on pourrait appeller « privée », du web.

  5. C’est pas compliqué, Facebook est un Web OS qui met les outils en place pour se retrouver sur un paquet de sites et même sur le mobile, incluant le iPhone (le SDK Facebook pour iPhone a aussi été annoncé). Ils ont l’avantage d’avoir plusieurs utilisateurs et une grappe sociale. Ils ciblent les créateurs de contenu et d’application. Avec leur plateforme, pas besoin d’intégrer une dizaine de différentes technologies Open.

    Pour le social gaming, je te prédis que Facebook va devenir une plateforme de choix. Quoi de plus intéressant que de jouer avec de « vrais » amis à un jeu social? Avec le fait que tu pourras continuer ton jeu sur des appareils mobiles où tes amis te suivent, ça devient vite intéressant pour le social gaming.

    J’ai vu quelques exemples très intéressants de social gaming sur Facebook. i.e.: voir MouseHunt un jeu sympa et accrocheur qui se joue mieux quand tes amis y jouent aussi.

  6. @ Jérôme > Non Facebook n’est pas la plateforme idéale pour faire du social gaming (déjà testé Doof ou Kongregate ?) et encore moins pour faire du mobile social gaming (pour cela il faut aller voir du côté de la Corée du Sud).

    A vouloir être sur tous les fronts, Facebook divise ses forces et ne parviendras pas à convaincre. Tout le monde ne peut pas être Google ou Microsoft, il faut une armée de développeurs et des moyens colossaux pour s’attaquer à tous ces chantiers en même temps.

    /Fred

  7. Ce qui a été annoncé va plutôt dans le bon sens (pour FB) même si ce n’est pas innovant. Mais il faut le recouper avec le nouveau design qui change énormément la donne pour les applications.

    Il y a encore quelques jours, n’importe qu’elle application se retrouvait sur le profil et pouvait utiliser abondamment les fonctionnalités de communications pour se viraliser.

    Aujourd’hui les applications sont rejetées dans un onglet séparé qui leur donne moins de visibilité et FB fait la guerre aux applications qui utilisent des méthodes de viralisation un peu trop agressives. Et dans ce sens, ils n’hésitent pas à suspendre certaines des applications les plus populaires comme TopFriends ou Super/FunWall.

    Si cela est une bonne chose pour l’utilisateur qui reprend le contrôle de son profile, c’est un coup dur pour ceux qui voyait dans FB un eldorado du marketing viral car les nouvelles applications vont avoir beaucoup plus de mal à s’imposer et tous l’ecosystème autour de FB va en souffrir.

    Pour autant je ne suis pas inquiet pour l’avenir de FB qui semble aujourd’hui être le seul à pouvoir faire de l’ombre à Google. Quand ils auront terminé leur mutation en WebOs et avec le graph social le plus fourni, ils seront dans une situation de monopole et ne manqueront pas de s’en servir.

  8. Je remarque autour de moi que Facebook s’est très bien implanté auprès des utilisateurs lambdas d’internet. Penses tu Frédéric que ce publique peut assurer un vivier d’utilisateurs stables et moins enclins à changer de plate-forme ?

    En effet ces internautes sont en général très contents du service existant et n’ont finalement que peu de considération pour des questions plus « techniques ». Le fond de ma question est donc, Facebook peut il se reposer sur ses lauriers en ayant réussi à capter un publique important d’utilisateurs très peu exigeants en matière de services et de performances ?

    Mais comme il est dit dans ton billet, un traffic important n’est pas nécessairement synonymes de rentabilité.

  9. rien de neuf ?
    Moi je trouve que l’idée de reprendre les fonctionnalités d’autre sites ou services qui n’ont jamais vraiment percé dans le « populaire » internetest géniale.
    Digg, twitter, openID, PB, etc.. sont principalement utilisés par des blogeurs, professionnel de l’internet, internet addicts mais pas par l’utilisateur lamba comme mes parents, amis, cousins qui eux ne connaissent d’internet que facebook, certains forums et google.
    Le fait de tout regrouper va ouvrir à ce même utilisateur lambda une vision plus large du net et peut-être les intéresser au point de diversifier leur utilisation du net.
    Maintenant, comme le dit Édouard, faudrait-il ne pas avoir peur de cette centralisation de données ?
    Faire du neuf avec du vieux est très malin, c’est ce qui rapporte le plus.
    Je me rappelle de mon prof de techno qui disait toujours : »le pneu n’est pas une invention, c’est une amélioration de la roue! »

  10. Si je ne me trompe, le plus grand « pompeur » en la matière, récemment retraité, est quand même devenu le symbole mondial de l’informatique sans avoir jamais rien inventé, ou presque. J’ai bien sûr nommé Bill Gates.

    Ceci dit, c’est dommage. Mais c’est comme ça. Mais c’est dommage…

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