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Accueil du site > Tribune Libre > Suppression de la carte scolaire ?

Suppression de la carte scolaire ?

La suppression de la carte scolaire va-t-elle rétablir la liberté de chaque famille à choisir l’école de ses enfants ? Une mesure dite libérale ouvre-t-elle véritablement un champ des libertés individuelles ?

La carte scolaire opère une répartition des élèves par secteur d’affectation, obligeant chaque famille à scolariser son enfant dans l’établissement du secteur où elle est domiciliée. Un débat fait rage autour de son maintien ou de sa suppression.

En effet, la carte scolaire répond essentiellement à un souci de planification des ouvertures et des fermetures de classes par le ministère de l’Education nationale. Accusée d’être un frein à l’égalité des chances parce que détournée, contournée par quelques familles favorisées et bien informées, sa suppression répondrait à une volonté de rétablir le libre choix de manière égale pour toutes les familles.

Cette porte ouverte vers une liberté individuelle doit être analysée dans ses conséquences possibles et concrètes.

Il est vrai, à ce jour, que le carte scolaire contraint les familles défavorisées à l’enracinement forcé dans un secteur donné tandis que d’autres fuient la mixité sociale par des moyens détournés connus. Ce constat fait l’unanimité.
Le projet libéral prévoit la suppression de la carte scolaire et le transfert des dépenses en éducation en « chèques éducation » remis à chaque famille. Les familles pourraient ensuite remettre ce chèque à l’établissement de leur choix. Les établissements se livreraient alors une concurrence dite positive pour les usagers afin de cumuler des chèques sur l’adhésion à un projet pédagogique novateur, dans le cadre d’une autonomie totale des EPLE.

L’élève dont le chèque se verrait refusé par l’établissement de son choix serait donc affecté dans l’établissement de son secteur de domiciliation en vertu de l’obligation scolaire. Bien que le "chèque-éducation" ne figure pas dans le programme présidentiel, il faut s’interroger jusqu’au bout sur une logique qui nous y amènera tôt ou tard.

Ce projet répond-il à une exigence de respect de la liberté individuelle et rétablit-il l’égalité des chances qui doit légitimer tout projet libéral ?
Cela revient à se poser la question : cette liberté formelle aboutit-elle pour tous à une liberté réelle ?
La suppression de la carte scolaire favorisera-t-elle une sélection par le mérite et non par l’argent ?

Adhérer comme je le fais à la philosophie libérale n’interdit nullement une réflexion autour de ses questions, quitte à pointer du doigt les contradictions possibles d’un projet libéral : la liberté est d’abord celle de l’esprit, donc le droit à l’esprit critique.

Nous savons qu’il y a des établissements fortement demandés par des familles favorisées et aux capacités d’accueil limitées. Faride Hamana, le président de la Fédération des conseils de parents d’élèves souligne à juste titre, selon moi, qu’un établissement de 500 places ne pourra jamais du jour au lendemain accueillir 2000 à 3000 élèves. Une sélection des chèques éducation s’opèrera donc au profit des « bonnes familles ». Et tous les établissements ne disposent pas de moyens égaux pour monter des projets éducatifs attractifs et concurrentiels : le projet d’Alternative libérale le reconnaît clairement, « la dépense publique par élève dans les ZEP est en effet inférieure de l’ordre de 30% à la moyenne nationale ». Si un élève originaire d’une ZEP se voit refuser son entrée au lycée Henri IV très demandé, il sera contraint de rester dans sa ZEP. Est-il antilibéral de se demander si la suppression va ou non favoriser la concentration des familles populaires et défavorisées dans les mêmes établissements ? Et si cela constitue réellement une liberté possible octroyée à tous ?
Nous parlons du choix des familles : mais dans le cadre d’une autonomie renforcée des établissements, pourquoi ne pas réfléchir sur le choix des élèves par les établissements et ses conséquences ? A qui profitera cette liberté de choix ?
Qui osera dire enfin que le travail des équipes d’enseignants en ZEP n’est pas courageux et admirable ? et que cela ne convaincra pas les familles favorisées de les fuir ?
Pourquoi ? Parce que les familles sont soucieuses d’avoir près de leur domicile un établissement de qualité dans un environnement sain : quelle que soit la qualité du travail des enseignants dans un quartier populaire et difficile, les stratégies familiales viseront à s’évader de ce quartier.

Gabrielle Fack et Julien Grenet, chercheurs à l’EHESS, nous renseignent utilement : "Une étude réalisée par Olivier Gilotte et Pierre Girard en 2003 montre que sur les 109 collèges publics que compte l’académie de Paris, les classes de sixième des 58 établissements les plus favorisés sont composées à 46% d’élèves issus de catégories socioprofessionnelles privilégiées (chefs d’entreprises, cadres supérieurs, professions libérales, professeurs, etc.) contre 18% issus de milieux modestes (ouvriers et chômeurs). A l’autre bout de l’échelle, dans les 17 collèges les moins favorisés, les proportions s’élèvent à 7 et 51% respectivement."
Ils posent aussi la question : "Sur le tiers des élèves parisiens scolarisés dans le secteur privé, combien le sont principalement en raison de son approche éducative ?"


Des expériences d’assouplissement de la carte scolaire ont été tentées au début des années 1980 et abandonnées au début des années1990 : "en effet, on s’est vite aperçu que la liberté de choix n’était effective que pour une minorité de parents, dans la mesure où tous les voeux se portaient sur les mêmes établissements. Ainsi, à Paris, il fut décidé de mettre fin à l’expérience parce qu’un tiers des familles obtenaient le collège de leur choix, suscitant frustrations et protestations parmi les autres".

Ils concluent ainsi : "Dès lors, il s’agit moins de se prononcer pour ou contre la sectorisation que de s’interroger sur les modalités concrètes qui pourraient permettre au système éducatif de garantir réellement la mixité sociale à l’école. Sans elle, l’égalité des chances n’est qu’un vain mot."

Et l’égalité des chances doit être le fondement de toute porte ouverte vers la liberté, de tout projet libéral n’est-ce pas ?

Car la mise en concurrence des établissements scolaires revient à rendre ces derniers directement responsables de la dégradation des banlieues, du chômage, de l’exclusion, de l’insécurité : ces facteurs extérieurs et environnementaux dont sont précisément victimes les établissements scolaires sont le fondement des stratégies de contournement de la carte scolaire, comme le sont également les inégalités de moyens. Le libre choix éducatif mis en avant pour justifier la suppression de la carte scolaire est en réalité secondaire dans les motivations réelles des familles.

Le Credoc tente de pointer les vrais problèmes et les solutions : "réfection des locaux, mise en place de filères d’excellence, renforcement de la sécurisation des abords d’établissements, communication sur les succès des équipes pédagogiques et les résultats obtenus par les élèves, implication des communes sur cette communication... L’étude suggère aussi d’éviter les opérations de réhabilitation "haut de gamme" des quartiers qui amplifient les ségrégations scolaires. Le but visé est de fixer les classes moyennes pour élever le niveau scolaire dans les établissements."

Un projet démocrate, libéral et social, donnant par l’égalité des chances la possibilité pour tous d’accéder à une liberté réelle doit entretenir cette réflexion et faire d’une école républicaine intelligemment réformée le moteur de l’épanouissement individuel contre toutes les ségrégations, avec ou sans carte scolaire. Et mesurons en toute transparence les conséquences immédiates de sa suppression.



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11 réactions à cet article    


  • ZEN ZEN 4 juin 2007 13:37

    « A qui profitera cette liberté de choix » ? Bonne question...

    je suis d’origine agricole trés modeste. Sans l’Ecole, ouverte à tous, je ne serais pas ce que je suis...

    Il est à craindre que la vitesse et l’irréflexion président à ces transformations...Un point de vue pertinent :

    « Dans un sondage IFOP pour Ouest-France, 54 % des personnes interrogées se disent favorables au maintien de la carte scolaire ; deux jours plus tard, un sondage CSA pour Le Parisien nous apprend que 72 % des sondés considèrent comme »plutôt une bonne chose« l’annonce par Xavier Darcos d’un »assouplissement« puis d’une »suppression progressive" de la carte scolaire. Ce paradoxe est significatif du tournis qui a pu s’emparer de l’opinion depuis que cette question a été mise en avant dès le début de la campagne présidentielle, en masquant les véritables problèmes.

    Et ce ne sont pas les annonces ministérielles, prudentes, mais pétries de contradictions, qui peuvent contribuer à éclaircir le débat. Dans le discours gouvernemental, il y a, volontaire ou non, une forme de tromperie sur la marchandise.

    Je ne veux pas faire de procès d’intention et je suis volontiers d’accord avec notre ministre pour dire que la carte scolaire aujourd’hui n’assure pas partout la mixité sociale des établissements, ce que nombre de familles, d’élèves et d’enseignants vivent douloureusement ; il n’est nul besoin d’être spécialiste d’histoire de l’éducation pour rappeler qu’au départ la carte scolaire était un instrument de régulation des flux avant d’être un outil de mixité.

    D’où vient le problème ? Certes du « contournement de la carte scolaire » par les familles les plus aisées, mais d’abord des inégalités territoriales accrues qui gangrènent notre tissu urbain et des inégalités d’offre d’éducation qui recoupent ces fractures territoriales, voire les amplifient. Prétendre améliorer la situation en développant la concurrence entre les établissements et les familles sans traiter les causes véritables n’est qu’un miroir aux alouettes ou, pis, ne peut avoir comme conséquence qu’une accentuation de la ghettoïsation de certains établissements.

    Qui peut ignorer combien certaines familles continueront à voir leurs enfants assignés à résidence par la géographie urbaine, par les problèmes sociaux, par la fracture culturelle, tandis que celles qui aujourd’hui ont les moyens de contourner le système seront encore plus légitimées à le faire ? Qui ne voit que les établissements les plus demandés seront poussés à avoir des politiques scolaires de prestige pour attirer la clientèle qui les intéresse au détriment des autres ?

    Le résultat ? Non pas des familles qui auront le libre choix de leur établissement, mais, d’un côté, des établissements qui pourront choisir leurs élèves parmi ceux-là mêmes qui auront choisi ces établissements, de l’autre des établissements et des élèves qui n’auront ni les uns ni les autres le choix. Avec - et c’est l’enjeu essentiel - des conséquences évidentes sur la capacité du système éducatif à assurer la réussite de tous.

    En fait, d’assouplissement en suppression, on nous propose une démarche très idéologique, véhiculant l’idée que l’organisation du système scolaire doit se fonder sur la libre concurrence. Bref, quoi qu’en dise le ministre, un marché libéral de l’éducation, avec simplement une régulation que les établissements devraient assurer pour éviter les dérives brutales, une sorte de service minimum social garanti plutôt qu’un service public ayant la responsabilité d’assurer partout l’effectivité du droit à l’éducation et à la qualification.

    Le problème de la carte scolaire ne se pose pas partout dans les mêmes termes, pour des raisons géographiques, sociologiques, économiques. Il faut voir ensuite qu’il n’y aura pas de vraie solution sans un traitement volontariste et pérenne de la question des inégalités territoriales, notamment urbaines. Il n’y aura pas plus de solution efficace si la question des inégalités scolaires n’est pas traitée avec autant de volontarisme : la question n’est pas tant de permettre aux « meilleurs » d’avoir le choix de leur école, de leur collège ou de leur lycée, mais de faire en sorte que chaque établissement soit en mesure de proposer à ses élèves une offre d’éducation valorisante et de faire en sorte que chacun s’y sente en capacité de réussir aussi bien qu’ailleurs. Cela renvoie à toute la question de l’éducation prioritaire, à la nécessité de compenser les handicaps de certaines zones et aux moyens mis en oeuvre pour, par exemple, proposer un large éventail d’options dans tous les établissements. Et, dans cette perspective, on ne peut s’interdire de regarder au cas par cas, au plus près du terrain, si le découpage des secteurs, ou l’implantation, ou la taille des établissements sont pertinents et ne contribuent pas à créer ou accentuer des injustices et des inégalités. Tout comme il faut s’interroger sur le rôle que joue l’enseignement privé dans ces phénomènes.

    N’oublions pas ce qui est l’essentiel : l’obligation impérieuse pour notre service public d’assurer effectivement la réussite de tous.

    Gérard Aschieri, secrétaire général de la Fédération syndicale unitaire (FSU)

    Article paru dans l’édition du 02.06.07 LE MONDE


    • Patrick_Boissy 4 juin 2007 17:28

      J’entends dire souvent que le Président est élu et légitime, en effet et cela est incontestable, sans pour autant lui donner les pleins pouvoir. D’autre part cela ne nous dédouane pas de notre responsabilité de veille et d’analyse.

      Le gouvernement n’avance pas masqué, qu’il annonce des réformes et des mesures qu’il va faire, ainsi nous n’avons pas à nous plaindre... Nous savons ou nous allons... Cependant dans la plupart des cas les annonces ne suffisent pas à évaluer les mesures.

      Nous devrions avoir le temps de la réflexion, afin de pouvoir évaluer leur incidence réelle ; mais il nous faudrait savoir ce que recouvre ces différentes mesures...

      Prenons pour exemple l’effacement de la carte scolaire. Voila une mesure pleine de bon sens pour permettre aux familles de sortir des ghettos scolaire, pour donner à chacun « une liberté nouvelle ». En effet donner une liberté nouvelle voila un slogan porteur et difficilement contestable. Mais cette liberté va poser de nombreuses questions :

      Le ministre de l’éducation annonce qu’il n’y aura pas de baisse de moyens pour les écoles désertées. J’approuve l’idée mais cela suppose des moyens humains constants donc des classes moins chargées, encore faut il que le gouvernement inscrive dans le même marbre cette constance des moyens.

      * Comment garantir la constance des moyens annoncées par le ministre pour les écoles abandonnées ?

      Pour les écoles primaires par exemple l’ensemble des moyens autres que le personnel enseignant est issu des mairies, mobiliers, équipement divers, entretien, sorties...

      * Comment forcer une mairie à donner des moyens plus important à certains élèves qu’à d’autre ? * Comment ne pas craindre que des écoles dépeuplées ne soient pas... « moins rentable électoralement » ?

      D’un autre point de vue, certaines écoles vont être plus demandée que d’autres :

      * Comment faire pour que les capacités d’accueil augmentent en proportion ? (locaux, matériel, dotations diverses, personnel enseignant et d’encadrement) * Ces écoles ne vont elles pas à terme voir leur niveau baisser a force de classes surchargées ? (On pourrait en faisant ça arriver à une égalité entre les enfants de la républiques... une égalité par le bas...) * Qui estimera que le nombre maximum est atteint ? * Comment se fera la sélection des élèves admis ? * Comment garantir qu’un élève aura forcément une place dans son école de quartier ?

      Voila une mesure qui me semble être aujourd’hui une déclaration d’intention à minima il conviendrait avant de juger ccette réforme d’avoir la réponse à ces question entre autres.

      Dans le cas contraire ce seront des réformes à crédit... en chargeant d’autres de régler la note...


      • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 4 juin 2007 20:12

        @ Patrick_Boissy

        Pourquoi avoir autant peur de la liberté ? De qui avez-vous peur ?

        Ces écoles ne vont elles pas à terme voir leur niveau baisser a force de classes surchargées ? C’est justement toute la force d’un système de liberté qui permet de s’équilibrer. S’il y a moins d’élèves les enfants sont mieux suivis, donc plus d’élèves viendront ..., jusqu’à un équilibre dynamique.

        Autre chance d’un tel système qui ne peut fonctionner qu’avec un pouvoir accru du chef d’établissement dans le choix des équipes pédagogiques : Pour vous, quelle est la meilleure méthode éducative ? (je réponds à votre place smiley )Il n’existe pas deux enfants identiques. Il n’existe donc pas une méthode parfaite et d’autres mauvaises. Il faut donner plus de liberté aux enseignants pour proposer leurs propres méthodes. Et aux parents de choisir : En fonction de critères géographiques, de choix d’équipes pédagogiques, de choix de méthodes d’enseignement, voire d’options.

        Comme partout, la multiplicité des méthodes permettra une meilleure qualité globale et plus d’innovation.

        Les seules raisons qui vont à l’encontre d’un tel projet sont soit la défiance vis-à-vis des enseignants, soit le mépris vis-à-vis des parents qui ne sont pas capable de choisir.

        Il n’y a pas de bons ou de mauvais critères de choix. Chacun voit midi à sa porte.


      • patrice vezine 4 juin 2007 21:11

        Cher Monsieur,

        Il ne s’agit pas d’être pour ou contre la liberté ou de contester les différences entre les enfants et la nécessité d’une plus grande liberté pédagogique.

        La problématique de mon article est de savoir si une liberté formelle se traduit par une liberté réelle ancrée dans l’égalité des chances et permettant un véritable choix ouvert à tous et à toutes.

        Force m’est de constater que votre commentaire ne rend aucun arbitrage sur ce sujet.

        Ne nous trompons pas de combat, tout le monde veut la liberté et permettre à chaque pied de trouver sa chaussure adaptée : mais que cela ne trahisse pas nos valeurs républicaines en renforçant les inégalités sociales et territoriales.

        L’éducation mérite bien qu’on y réfléchisse à deux fois... et à plusieurs.


      • Patrick_Boissy 4 juin 2007 23:01

        @ l’homme libre

        Vous dites que j’ai peur de la liberté... Il me semble que vous avez du mal lire mon propos.

        J’affirme que ce qui est annoncé comme une liberté PEUT ne pas en être une.

        Sans redévelopper, je vais prendre un exemple simple à fins pédagogiques (sans vous véxer) pour illustrer les questions que je pose (notez au passage que les réponses sont à donner par le législateur (et pas nous, nous ne sommes que force de proposition), et seules ces réponses nous permettrons de savoir si cette décision sera favorable) :

        Une petite commune de ma connaissance possède 2 écoles

        une au coeur d’une cité (terme politiquement correct mais explicite)

        une école un peu meilleure.

        Une dérégulation de la carte scolaire viderai la première de la plupart de ses élèves souhaitant un futur meilleur. Ils réclameront, selon toute vraisemblance, majoritairement aller dans la « bonne » école.

        - Quelles garanties le législateur donnera à la « mauvaise » école que ses moyens sont maintenus, afin comme le ministre l’annonce de lui permettre de mieux servir ?

        Pour mémoire le ministère ne pourrait garantir que ce qui dépend de lui soit les seuls enseignants. Dans ce cas comment garantir que la mairie garantisse les locaux, le personnel d’encadrement, les manuels, les dotations ?

        - Comment adapter les capacités d’accueil de la « bonne » école à cet afflu ?

        - Comment faire que la « bonne » école reste « bonne » pour ne pas finir par niveler par le bas dans le cas d’une surpopulation ?

        - Comment définir un nombre maximal, et à ce moment comment opérer la selection ?

        - Comment une famille emménageant dans le quartier de la « bonne » école peut être sur de pouvoir scolariser ses enfants ?

        Je confirme ce ne sont que des questions mais, pour celles ci il faut une réponse avant de juger de cette « libéralisation » (terme plus réel que « liberté nouvelle »).

        Notez au passage que j’ai beau me relire, je vois dans votre commentaire beaucoup de contre sens, alors j’espère vous avoir simplifié la lecture de mon commentaire.

        ex vous dites :

        Ces écoles ne vont elles pas à terme voir leur niveau baisser a force de classes surchargées ? C’est justement toute la force d’un système de liberté qui permet de s’équilibrer. S’il y a moins d’élèves les enfants sont mieux suivis, donc plus d’élèves viendront ..., jusqu’à un équilibre dynamique.

        Comme je l’ai redis, la baisse de niveau que je crains est pour la « bonne » école.

        D’autre part à aucun moment je ne parle des méthodes éducatives. Méthodes qui mériteraient à elles seules un débat.

        Et il me semble que les questions que je pose sur cette réformes n’interrogent en rien les enseignants, mais bien l’organisation de l’accueil des enfants, afin d’assurer que l’école reste celle de la république.

        République qui, pour mémoire, est sensée assurer une égalité de traitement au niveau national.

        Cher Homme libre je souhaite vous avoir éclairci mon commentaire, dans le cas contraire je me tiens à votre disposition.

        Cordialement...


      • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 5 juin 2007 19:52

        @ Patrice Vezine et @ Patrick Boissy

        Je vous demande par avance de m’excuser de la brièveté de ma réponse qui ne sera pas suffisamment argumentée j’en conviens.

        En reprenant votre exemple des deux écoles : une bonne, et une moins bonne.

        La bonne attirera plus d’élève que la moins bonne. Cela aura deux effets : Donner plus de moyens a celle-ci (à la condition que les établissements perçoivent une dotation par élève) et moins d’élèves à celle là.

        Plus de moyens pourra permettre (jusqu’à un certain point, j’en conviens) à la bonne école d’assurer la qualité de sa prestation. Toutefois, le nombre d’élèves par classe atteindra son maximum.

        L’école de moins bonne qualité aura moins d’élèves. Résultats : moins de moyens, mais en revanche un meilleur encadrement des élèves. L’intérêt du directeur de l’établissement sera de monter au plus vite le niveau.

        Le problème actuelle est l’évaluation. Or, il n’existe pas de meilleure évaluation que l’appréciation des usagers, en l’occurrence, les parents d’élèves. Leur jugement s’appuient sur un mix entre la satisfaction de leurs enfants et sur leurs résultats en termes d’apprentissage et de réussite aux examens.

        En résumé, vos craintes concernant plus ou moins de liberté sont dues au fait que vous n’envisagez qu’une semi-liberté. Et dans ce cadre, vous avez raison. Une liberté de choix sur une école rigide ne fera que déplacer les populations « informées » au détriment des moins informées. L’affectation des moyens devient ingérable comme vous le soulignez.

        En revanche une école gérée par un directeur et son équipe pédagogique, ayant des moyens proportionnels au nombre d’élèves inscrits. La possibilité donné à tout groupe de parents réunissant un nombre suffisant d’élèves de créer une école. Et une administration remplissant sa vrai mission de contrôle (définition des diplômes, contrôle des résultats). Tout ces éléments réunis permettront d’instaurer une vrai liberté tendant vers l’excellence.

        Pour finir mon propos, je vais reprendre cette vieille critique que l’on fait souvent d’un système libéral :

        « Un renard dans un poulailler. »

        Le problème ne vient ni du renard, ni des poules. Le problème vient du poulailler qui, sous prétexte de protéger les poules laisse toute liberté au renard, mais emprisonne les poules en les laissant à la merci de prédateur.

        C’est un exemple clair d’une fausse liberté et d’une fausse protection que beaucoup vont utiliser pour critiquer la liberté.

        Ma réponse est imparfaite et je n’ai pas répondu de façon précise à vos arguments, mais l’idée y est, et je vous laisse le soin d’en tirer des éléments de réponse à vos objections.

        En gros, je vous laisse le boulot, mais la vrai vie m’appelle. smiley

        Cordiales salutations et merci pour la qualité de vos commentaires.


      • llecuyer llecuyer 5 juin 2007 22:21

        A l’homme libre : il y a une faille dans votre raisonnement (qui me semble par ailleurs extrèmement simpliste sur un sujet éminément complexe) : « L’école de moins bonne qualité aura moins d’élèves. Résultats : moins de moyens, mais en revanche un meilleur encadrement des élèves. L’intérêt du directeur de l’établissement sera de monter au plus vite le niveau ». Le meilleur encadrement n’est absolument pas une conséquence nécessaire de moins de moyens (au contraire). Et que cela pousse le directeur à monter le niveau...depuis quand le directeur peut-il monter le niveau ? Le niveau résulte de l’ensemble profs+élèves+parents+moyens+direction.

        J’aimerais être comme vous : avoir un principe magique, ne pas le remettre en question et l’utiliser à toutes les sauces. Tout serait si simple et je crois bien que je serais élu président de la république !


      • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 6 juin 2007 19:32

        Je simplifie pour que les choses soient claires. Vous en revanche, vous objectez avec des lieux communs qui sont absolument faux : Le niveau résulte de l’ensemble profs+élèves+parents+moyens+direction.

        La France est le pays qui dépense le plus par collegien et nous sommes dans les derniers des pays de l’OCDE. Les moyens n’interviennent que très faiblement dans l’équation de la réussite.

        La qualité est liée principalement à l’implication, la responsabilité et l’évaluation.

        Un directeur qui dirige et gère un établissement et qui en assume pécuniairement les risques.

        Des professeurs qui sont évalués et dont la carrière résulte de l’évaluation. Et qui ont donc une double motivation : La satisfaction de réussir ce qu’ils entreprennent et le bénéfice d’avantages liés aux résultats.

        Des parents qui jugent avec leurs pieds.

        Si cela vous parait relevé de la magie, c’est que vous croyez encore qu’au plus une idée est tordue mais brillante, au meilleure elle est !

        Mes recettes magiques fonctionnent dans les pays qui ont justement les meilleurs résultats en terme d’éducation. Par exemple les « vouchers » dans le Wisconsin.

        En plus de 10 ans, ces fameux vouchers ont été adoptés par six Etats américains qui ont complètement libéralisé leur système éducatif. Quarante Etats ont mis en place des Chartes scolaires pour donner plus de liberté aux parents dans l’utilisation des bourses et des réductions d’impôts pour faciliter la scolarisation de leurs enfants. Sur ces 40 Etats, 39 ont mis en place des fondations privées qui accordent des bourses aux élèves scolarisés, au choix, dans le privé ou dans le public.

        Les statistiques sont très claires : le système des vouchers a largement profité aux écoliers américains, et surtout aux plus pauvres d’entre eux. Ceux qui ont pu être scolarisés dans l’école de leur choix ont obtenu des résultats trois fois meilleurs que les autres[...]. De plus ces « chèques éducation » ont déjà percé en Europe. Ils sont bien intégrés en Grande-Bretagne depuis plus de 10 ans, au Danemark, en Suède, en Allemagne, et commencent à se répandre en Italie et en Espagne. Depuis 1996, la Nouvelle-Zélande a introduit les vouchers pour environ 25% des écoles (élémentaires et secondaires). Cinq ans plus tard, 90% des familles interrogées (pour la plupart, avec des revenus inférieurs à la moyenne nationale) se sont déclarées satisfaites du système : leurs enfants avaient sensiblement amélioré leurs connaissances. Suite de l’article sur le site de « Société Civile »

        A force d’être profondes, les idées comme les vôtres atteignent le néant, et ce sont encore et toujours les plus faibles et les plus pauvres qui en pâtissent.


      • moebius 4 juin 2007 17:51

        Concrétement je ne vois pas comment on va pouvoir favoriser la mixité sociale en supprimant la carte scolaire. Ce probléme est particuliérement sensible dans les grands centres urbains, il est tout a fait possible de contourner la carte légalement et illégalement, ces pratiques sont devenues courantes a tel point que « la mixité sociales » est devenue une belle baudruche. Avons nous bessoin d’une nouvelle loi pour mettre un terme à l’hypocrisie ambiante ou pour regonfler la baudruche républicaine de la mixité sans laquelle nos élites ne devraient leur situation qu’a la reproduction sociale. J’ai en effet un sacré doute sur la pureté de nos intentions égalitaires. La paix sociale comme résultante de cette gesticulation...


        • pifo 5 juin 2007 18:48

          « Des expériences d’assouplissement de la carte scolaire ont été tentées au début des années 1980 et abandonnées au début des années1990 : « en effet, on s’est vite aperçu que la liberté de choix n’était effective que pour une minorité de parents, dans la mesure où tous les voeux se portaient sur les mêmes établissements. Ainsi, à Paris, il fut décidé de mettre fin à l’expérience parce qu’un tiers des familles obtenaient le collège de leur choix, suscitant frustrations et protestations parmi les autres ». »

          Tourner en rond ne sert à rien. Je doute que les êtres humains aient évolué depuis ces dernières expériences au point de rêver obtenir des résultats meilleurs suite à ces mêmes expériences.

          Si, sur le plan théorique, la suppression de la carte scolaire semble abordable, elle l’est moins en pratique.

          Peut-être serait-il temps de chercher de véritables solutions pour gérer et améliorer l’existant, plutôt que de faire tourner les gens en rond, en ramenant sur la table des expériences dont les conclusions sont déjà connues.

          « Ils concluent ainsi : « Dès lors, il s’agit moins de se prononcer pour ou contre la sectorisation que de s’interroger sur les modalités concrètes qui pourraient permettre au système éducatif de garantir réellement la mixité sociale à l’école. Sans elle, l’égalité des chances n’est qu’un vain mot. » »

          Cette fichue égalité des chances au nom de laquelle tant et tant de choses sont faites et défaites. Je vous en ficherais moi de l’égalité des chances. Quelqu’un peut me dire ce que c’est exactement ?

          Plutôt que de s’engager dans des réformes dont on connaît déjà la stérilité des résultats (démarche qui, dans le fonds, n’est rien d’autre que de la poudre aux yeux des électeurs pour les prochaines législatives), il serait plus indiqué de mettre les moyens utiles pour élever le niveau des écoles dites « faibles » ou « mauvaises », de manière à permettre aux uns et aux autres d’en sortir en ayant des capacité relativement équivalentes à celle des élèves instruits dans les écoles dites « fortes » ou « bonnes ».

          Par ailleurs, l’obsession de la mixité sociale que les gouvernants rejettent lâchement sur l’école n’a pas lieu d’être ici. En traitant tous les salariés de France de manière convenable (augmentations suivant le mérite, revalorisation des salaires en fonction de l’apport en terme de valeur ajoutée), en mettant un système en place qui permettrait l’accès aux logements dans certains quartiers « distingués » à des personnes qui n’y sont pas désirées pour le moment, on n’a pas besoin de revoir la carte scolaire pour assurer la mixité sociale.

          Il s’agit là d’un travail qui doit se faire en amont dans la hiérarchie de la république, ainsi que dans le monde professionnel. Les différentes formes de discriminations observées ça et là sont seules responsables du manque de mixité sociale que l’on est pressé de rejeter sur le système scolaire.

          C’est justement pour éviter d’avoir à répondre à ces problèmes cruciaux que les gouvernants sont prêts à resservir une mesure déjà expérimentée, dont les résultats stériles sont connus. Vive la rupture.


          • judel.66 4 août 2007 23:00

            est ce qu’il ne faudrait pas commencer par etudier l’opportunité ou non de la création de classes de niveau ?? ...meme avec peu d’elèves par classes , une ecole où les classes seront hetérogènes restera une mauvaise ecole et les parents qui le pourront enleveront leurs enfants ...avant de parler de carte scolaire ne faudrait il pas parler de classes de niveau , de passerelles ??? ...

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